Recommandations de la Conférence Internationale sur : «Protéger le Patrimoine Culturel par une Gouvernance Participative et Inclusive pour la Réalisation des Objectifs du Développement Durable »

A l’occasion de la célébration le 18 Avril de chaque année par le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) de la Journée Internationale des Monuments et des Sites du Patrimoine Culturel Mondial, dont l’institution a été approuvée par la 22ème Conférence Générale de l’UNESCO en 1983, dans le cadre du Partenariat Stratégique entre Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique) et l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) et de l’offre de formation du Collège de l’Académie Africaine des Collectivités Territoriales (ALGA) de CGLU-Afrique dédié à « Promouvoir la Culture et le Patrimoine des Collectivités Territoriales Africaines »,  une Conférence Internationale a été organisée le Mercredi 18 avril 2018 au Siège de l’ISESCO à Rabat (Maroc), ayant pour thème : «Protéger le Patrimoine Culturel par une Gouvernance Participative et Inclusive pour la Réalisation des Objectifs du Développement Durable ».

La rencontre s’est tenue en partenariat et avec l’appui du Ministère de la Culture et de la Communication du Maroc, l’ISESCO, le Bureau de l’UNESCO à Rabat et l’ICOMOS, l’Association des Régions du Maroc (ARM), l’Association Marocaine des Présidents des Conseils des Communaux (AMPCC), le Réseau Méditerranéen des Médinas et du Développement du Patrimoine (RMM&DP), de CGLU et de la Commission européenne.

Il faut rappeler que sur les 1052 Sites classés sur la liste du Patrimoine Mondial par l’UNESCO jusqu’en 2016, à peine 90 se situent en Afrique au moment où on en compte presque 500 pour le seul Continent Européen. Cela s’explique notamment par plusieurs faiblesses au niveau de la promotion du Patrimoine culturel au sein de nombreux Etats africains, se traduisant par des formes de gouvernance et de gestion ne permettant pas d’assurer une réelle protection, valorisation et promotion du riche Patrimoine qui caractérise ce Continent.  La fragilité des politiques et des stratégies culturelles en Afrique, est même une sérieuse menace contre la protection de cette richesse.

Partant des rôles et responsabilités des Collectivités Territoriales en matière de gouvernance publique et de développement territorial et local, CGLU Afrique considère que ces entités ont un rôle crucial à jouer dans la gouvernance et la gestion du Patrimoine Culturel en Afrique. Non seulement elles abritent ce Patrimoine, mais elles bénéficient surtout de la proximité avec les Sites ainsi qu’avec les populations qui contribuent à la production ou à l’animation directe de ce Patrimoine.

Bien plus, dans le Nouvel Agenda mondial 2030 sur les Objectifs du Développement Durable (les ODD), la culture occupe une place transversale selon l’UNESCO. La protection et la promotion du Patrimoine Culturel participent et contribuent à la réalisation et à la mise en œuvre de pratiquement l’ensemble des ODD, en particulier l’ODD 8 : « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous », notamment la Cible 8.9 «D’ici à 2030, élaborer et mettre en œuvre des politiques visant à développer un Tourisme Durable qui crée des emplois et mettre en valeur la Culture et les Produits Locaux »  et  l’ODD 11 : « Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, résilients et durables », notamment la cible 11.4 « Renforcer les efforts de protection et de préservation du patrimoine culturel et naturel mondial».

Ainsi, cette Conférence a pour objectif principal certes d’être un Moment de célébration de la Journée Internationale des Monuments et des Sites, mais également pour sensibiliser les différents Acteurs et Parties Prenantes concernés par la problématique du Patrimoine Culturel, sur la nécessité de s’orienter vers des approches participatives et inclusives en matière de gouvernance et de gestion du Patrimoine Culturel en Afrique, tout en impliquant davantage, dans un esprit de subsidiarité, les Collectivités Territoriales africaines en vue d’une meilleure Protection, Valorisation et Promotion, de proximité, du Patrimoine Culturel en Afrique.

La conférence a eu comme objectifs spécifiques de :

  • Sensibiliser les différents Acteurs et Parties Prenantes (Organisations internationales, Gouvernements, Collectivités Territoriales, Secteur Privé, Composantes de la Société Civile…) sur l’importance du Patrimoine Culturel de l’Afrique au niveau local et sur les défis et menaces auxquels il est confronté ;
  • Susciter un cadre d’échange entre les différents Acteurs et Parties Prenantes impliqués dans la Gouvernance et la Gestion du Patrimoine Culturel africain ;
  • Réfléchir et échanger sur une feuille de route africaine pour une meilleure Protection, Valorisation et Promotion du Patrimoine Culturel en Afrique.

L’ouverture de la conférence a été caractérisée par des discours de :

  • Discours de Bienvenue de Son Excellence Dr. Amina Al Hajri, Directrice Générale Adjointe de l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) ;
  • Son Excellence Monsieur Mohamed El AARAJ, Ministre de la Culture et de la Communication du Royaume du Maroc, représenté par l’Inspecteur Général de ce Département ;
  • Monsieur Mohamed Saddiki, Président du Conseil Communal de la Ville de Rabat ;
  • Monsieur Abdelati Lahlou, Président du Conseil International des Monuments et des Sites – Maroc (ICOMOS- Maroc) ;
  • Monsieur Karim Hendili, Spécialiste de Programme pour la Culture, Bureau de l’UNESCO à Rabat.

Ont pris part à la Conférence une centaine de participant(e)s représentant les Organisations Internationales concernées (ISESCO, UNESCO, ICOMOS, CGLU), les Départements Ministériels chargés et/ou impliqués dans la Gouvernance et la Gestion du Patrimoine Culturel, les Associations des Collectivités Territoriales, des Villes abritant des Sites Historiques en Afrique classés par l’UNESCO, des Villes africaines Capitales de la Culture Islamique classées par l’ISESCO, des Villes Marocaines abritant des Sites historiques, le Réseau Méditerranéen des Médinas et du Développement du Patrimoine (RMM&DP), des Elus Locaux/Elues Locales, les différentes Composantes de la Société civile engagées et/ou impliquées dans la thématique, des Architectes, des Universités et Instituts de Formation, des étudiants et des Partenaires.

La manifestation a été caractérisée, en particulier par la présence et la participation très active des Maires et Représentants de Collectivités Territoriales du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Mali, de la Guinée Conakry, du Niger, de la Côté d’Ivoire et du Sénégal, outre les Maires et Représentants des Collectivités Territoriales du Maroc.

Les travaux de la Conférence ont donné lieu à l’élaboration et validation des recommandations suivantes.

PRINCIPALES RECOMMANDATIONS

  1. Œuvrer pour la mise en place d’un environnement favorable pour une meilleure gouvernance participative et inclusive de la gestion, la protection et la valorisation du patrimoine culturel, des monuments et des sites, notamment sur les plans institutionnel, politique, organisationnel, managérial et technique.
  2. Renforcer la prise en compte et intégrer la dimension culture et patrimoine, de manière transversale et intégrée, dans les politiques publiques, les stratégies nationales et les programmes de développement durable, particulièrement au niveau local.
  3. Appeler les Etats africains à se référer aux contenus et orientations de la Déclaration Islamique sur la protection du patrimoine culturel dans le monde islamique, issue de la 10ème Conférence islamique des Ministres de la Culture (CIMC), tenue le 21 novembre 2017 à Khartoum, en tant que document d’orientation pour le développement des politiques et lois nationales et régionales en vue de protéger et sauvegarder le patrimoine culturel.
  4. Poursuivre le travail de plaidoyer envers les Etats et les gouvernements pour accompagner, et appuyer les collectivités territoriales en matière de gouvernance, d’organisation et de gestion de leur patrimoine culturel, de leurs monuments et sites, y compris par des possibilités d’appui financier et technique.
  5. Appuyer les collectivités territoriales africaines en documents, outils et informations pour leur permettre de mieux protéger, promouvoir et valoriser leur culture et patrimoine.
  6. Vulgariser et renforcer les capacités sur les conventions et instruments juridiques en matière de protection et de valorisation du patrimoine et de la culture.
  7. Mettre la protection et la préservation du patrimoine et des mémoires culturelles au centre des politiques de développement durable et des politiques sectorielles.
  8. Prendre en compte les spécificités culturelles dans la planification des villes et espaces urbains.
  9. Encourager la mise en réseau des acteurs pour une meilleure promotion et valorisation du patrimoine culturel partant des documents de bonnes pratiques qui existent en Afrique ou ailleurs.
  • Mener des études et des diagnostics, et faire un état des lieux de la participation des communautés dans la gestion du patrimoine culturel en Afrique.
  • Elaborer ou renouveler les plans de gestion des sites avec l’implication des communautés locales.
  • Intégrer les pratiques culturelles dans la gestion et la réhabilitation des sites et monuments.
  • Encourager les gouvernements des villes africaines à investir dans le patrimoine, et à créer des musées pour protéger le patrimoine culturel africain, exposé à de multiples risques dont le trafic illicite.
  • Encourager les collectivités territoriales abritant un patrimoine à renforcer les capacités de leurs représentants et gestionnaires pour une meilleure approche du concept de patrimoine en synergie avec les ODD.
  • Sous l’égide de CGLU-Afrique, recenser les villes ayant un plan de sauvegarde et de valorisation de leur Patrimoine afin de les accompagner à mieux structurer, financer et organiser les actions de promotion.
  1. Informer, sensibiliser et renforcer les capacités des élus locaux sur la place et l’importance du patrimoine culturel en tant que richesse socio-culturelle et vecteur de développement durable aux échelles locales, régionales et nationales./.