Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local – Communiqué de CGLU Afrique
«Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local».
Le thème retenu cette année 2016 par l’Union Africaine pour la célébration de la Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local le 10 août prochain est : «l’équité, la promotion du genre et l’autonomisation des femmes pour une meilleure réalisation de l’Agenda 2063 et l’atteinte des objectifs de développement durable» ; avec pour sous-thèmes :
– «Quelles stratégies pour améliorer la représentation des femmes dans les différents organes de leurs collectivités locales ?»
– «Autonomisation des femmes rurales, un atout pour éradiquer la pauvreté et la faim».
Comment assurer l’autonomisation des femmes rurales si elles ne prennent pas une part active dans la gestion de leur collectivité ? Comment prendre part si elles ne sont pas représentées dans les organes délibérants ou exécutifs ? Et plus fondamentalement comment espérer leur contribution significative si elles n’ont aucun contrôle sur les éléments de base de l’activité agricole que sont l’accès à la terre, aux intrants et au crédit ?
La représentation des femmes dans les organes politiques et administratifs des collectivités territoriales a été au centre des préoccupations de CGLU-A depuis plus de 5 ans. C’est en effet au cours du Sommet Africités de 2009 à Marrakech au Maroc que les membres de notre organisation ont instruit le Secrétariat général de promouvoir le réseau des femmes élues locales d’Afrique dont le forum fondateur s’est tenu du 8 au 11 mars 2011 à Tanger au Maroc.
Depuis cette date, REFELA s’est confirmé comme la voix représentative des femmes élues dans les collectivités territoriales, qui est de plus en plus entendue au niveau du continent à mesure que se mettent en place ses chapitres nationaux ; mais aussi au niveau international, REFELA assurant la représentation de l’Afrique au sein de la commission Égalité des Sexes de l’organisation mondiale des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU). CGLU-A en appelle aux associations nationales d’élus ainsi qu’aux ministères en charge des collectivités territoriales pour que se mette en place dans chaque pays, une section REFELA nationale.
CGLU-A soutient l’idée de tendre vers la parité dans la représentation des genres au sein des organes politiques et administratifs des collectivités territoriales d’Afrique. CGLU-A en appelle également aux partis politiques et aux parlements afin qu’une action volontaire soit entreprise pour que la part des femmes en position éligible sur les listes de candidatures aux élections locales soit au minimum de 30%, pour tendre vers la parité dans les deux prochains mandats. L’exemple du Sénégal qui a légiféré en faveur de la parité devrait être médité et imité.
Mais CGLU-A souhaite que l’on aille plus loin. Il n’y a pas de véritable libération des femmes sans leur autonomisation économique. CGLU-A est d’avis que les collectivités territoriales ont un rôle important à jouer de ce point de vue. A cet égard les codes des marchés publics devraient intégrer des règles de préférence dans les appels d’offres des collectivités territoriales en faveur des entreprises dirigées par les femmes. Des actions délibérées (affirmative actions) devraient également être entreprises pour l’embauche d’un plus grand nombre de femmes en position de cadres dans les administrations des collectivités territoriales. CGLU-A souhaite vivement que ces objectifs soient intégrés parmi les priorités d’action des associations nationales des collectivités territoriales ainsi que des gouvernements nationaux soucieux de voir réussir leurs politiques publiques de décentralisation.
C’est aussi le lieu de rappeler qu’en juin 2014, les Chefs d’Etat et de Gouvernements de l’Union Africaine ont adopté une Charte Africaine des valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local. Cette Charte contient des lignes directrices utiles pour la conception comme pour la mise en œuvre des politiques de décentralisation. Son application par les différents pays africains pose les bases de la convergence des politiques de décentralisation au sein du continent.
Malgré son intérêt et sa portée pour l’enracinement de la démocratie au sein des sociétés africaines et pour l’amélioration des conditions et du cadre de vie des populations, jusqu’ici, un peu plus de deux années après son adoption, la Charte n’a été ratifiée et signée que par une poignée de pays alors qu’il en faut au minimum 15 pour qu’elle devienne un instrument de l’Union. CGLU-A adresse ses félicitations aux États qui ont signé et ratifié la Charte, et les encourage à compléter la démarche en déposant les instruments signés et ratifiés à la Commission de l’Union Africaine par les voies diplomatiques. CGLU-A ne saurait assez encourager les associations nationales des collectivités territoriales des pays qui ne l’ont pas encore ratifié à mener un plaidoyer auprès de leurs gouvernements nationaux et leurs parlements respectifs afin que soit accéléré le processus de signature et de ratification de la Charte, s’ils sont réellement soucieux de «l’équité, de la promotion du genre et de l’autonomisation des femmes pour une meilleure réalisation de l’Agenda 2063 et l’atteinte des objectifs de développement durable ».
Rabat, 1er août 2016
Jean Pierre Elong Mbassi
Secrétaire Général, CGLU-A