DECLARATION DU CONSEIL PANAFRICAIN DE CITES ET GOUVERNEMENTS LOCAUX UNIS D’AFRIQUE SUR LA PRATIQUE DE L’ESCLAVAGE EN LIBYE

1. Les membres du Conseil Panafricain des Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique réunis le 25 novembre 2017 à Grand Bassam, Côte d’Ivoire, ont été choqués par le reportage de média montrant l’existence de marchés en Libye où se pratique le commerce de migrants sub-sahariens vendus comme esclaves.

2. Comme toutes les personnes éprises de justice et convaincues de l’égale dignité des êtres humains, les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique condamnent de la façon la plus solennelle ces pratiques qui rappellent un passé qu’ils croyaient à jamais révolu.

3. Les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique demandent aux autorités libyennes de faire cesser ces pratiques sans délais,  et à l’Union Africaine d’élever une protestation ferme à l’encontre desdites autorités et de prononcer leur suspension de toute activité de l’Union Africaine jusqu’à ce qu’elles apportent la preuve de la cessation de la pratique de l’esclavage en Libye.

4. Les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique rappellent toutefois que ce qui est à l’origine de ces situations malheureuses c’est d’une part, la décision de l’Union européenne de restreindre de manière drastique les flux migratoires en provenance d’Afrique; et d’autre part l’incapacité des États africains à proposer un futur viable sur le continent africain pour leurs jeunes.

5. Les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique demandent à l’Union Européenne de réviser son discours sur la migration et sa politique migratoire restrictive, qui favorise l’explosion des filières de migration clandestines  dans les pays de la rive méditerranéenne de l’Afrique. Le financement par l’Union européenne de l’installation des camps de confinement des migrants dans ces pays créent les conditions objectives d’abus et de violation des droits de l’homme dont l’Union européenne ne peut se disculper. Par ailleurs la politique de refoulement des migrants que l’Union européenne mène y compris en utilisant des incitations financières (more for more) et la restriction des mouvements des migrants rapatriés dans les pays d’accueil, va à l’encontre de la libre circulation des personnes prônée par l’Union Africaine et les Communautés Économiques Régionales d’Afrique.

6. Pour leur part, les États africains se sont révélés incapables de réfréner ou de gérer les flux de migration sur le continent parce que les politiques économiques mises en œuvre se sont révélées incapables de générer suffisamment d’emplois pour le nombre des arrivées de jeunes sur le marché du travail. Il n’est donc pas étonnant que ces jeunes cherchent à émigrer pour améliorer leurs conditions de vie. Sans interrogation des modèles de développement suivis jusqu’ici, il est peu vraisemblable que les États africains puissent redonner de l’espoir à leurs jeunes. Le changement climatique offre une opportunité pour ces États de s’engager sur la voie de la transition énergétique, écologique, politique et sociale, qui offre de nombreuses possibilités en termes de création d’activités économiques et d’emplois. Le recours aux nouvelles technologies un des domaines d’excellence des jeunes, offre des perspectives intéressantes de relance des investissements et des activités économiques sur le continent, à la condition expresse que les jeunes et les femmes soient encouragés et soutenus dans leurs initiatives et qu’ils soient désormais mieux impliqués dans la gestion des affaires publiques.

7. Une des causes de l’inefficacité observée dans la gestion des migrations vient de ce que les États et la communauté internationale, y compris l’Union européenne, ont une appréciation erronée des acteurs à impliquer dans la gestion des migrations.. La plupart des migrants quittent une collectivité territoriale pour s’établir dans une autre collectivité territoriale en Afrique ou hors d’Afrique. En d’autres termes les collectivités territoriales sont en première ligne pour l’accueil des migrants comme pour la gestion des tensions et conflits liés à la migration. Elles sont aussi l’espace de développement de la diaspora dont les transferts de fonds participent au développement économique et social dans les pays d’origine, transferts dont le niveau dépasse désormais le montant annuel de l’aide publique au développement.

8. Les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique demandent aux protagonistes de la gestion de la migration, notamment en Europe, d’impliquer systématiquement les responsables des gouvernements locaux et régionaux du continent dans tout programme et projet concernant ou impliquant les migrants d’Afrique. Ils recommandent que le thème de la migration soit abordée suivant une perspective développementaliste et non plus exclusivement sécuritaire comme c’est le cas jusqu’ici. Ils insistent pour que le droit d’aller et venir, qui est une disposition de la déclaration universelle des droits, de l’homme soit effectivement respectée par tous les États.

9. Les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique demandent aux collectivités territoriales du continent d’adhérer  à la Charte sur les Migrants adoptée par les Maires et Élus locaux d’Afrique lors de la 7eme édition du Sommet Africités tenue à Johannesburg, Afrique du Sud, en décembre 2015.

10. Les membres du Conseil Panafricain demandent à toutes les forces vives du continent de se joindre à eux pour faire pression pour que les Autorités publiques en Afrique comme en Europe et ailleurs dans le monde, ne gardent pas un silence coupable sur la situation inacceptable faite  aux migrants sub-sahariens en Libye mais aussi dans certains pays européens.

Grand-Bassam, Côte d’Ivoire, 25 novembre 2017

Les membres du Conseil Panafricain de CGLU Afrique