Contexte et objectifs – Journées d’Africités
Les Sommets Africités ont lieu tous les trois ans depuis 1998, date de la première réunion à Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette 9ème édition se tient pour la première fois dans une ville intermédiaire, à Kisumu au Kenya, sur le thème du « Rôle des villes intermédiaires d’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine ».
Le choix d’une ville intermédiaire en Afrique constitue en elle-même un vrai défi organisationnel et logistique, qui a pu être relevé toutefois avec succès.
Durant cette édition, le Département Climat, Biodiversité et Systèmes alimentaires a eu pour mission d’organiser la deuxième édition des « Journées climat (Climate Day) » les 17 et 18 mai 2022, sur le thème : « Mobiliser les villes intermédiaires pour gagner la course vers la neutralité carbone et la course vers la résilience ».
Les travaux organisés dans ce cadre s’inscrivent dans un contexte marqué par l’urgence climatique soulignée à maintes reprises par le GIEC, qui appelle à une mise en œuvre immédiate de l’Accord de Paris. En effet, en dépit du fait que la COP26 ait permis d’enregistrer des avancées importantes dans la mise en œuvre de l’Agenda climatique international, notamment en finalisant le règlement de l’Accord de Paris, elle a mis cependant en évidence l’urgence d’agir selon une approche holistique et une collaboration multiniveaux renforcée.
Dans ce cadre, et en vue de renforcer la position de l’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda Climat, les thèmes prioritaires ciblés dans les Journées climat ont été en phase avec les enjeux et les préoccupations exprimés par les collectivités locales, à la suite d’un long processus de concertation qui a visé les 5 sous-régions d’Afrique, afin de renforcer leur résilience et leur capacité d’adaptation face aux changements climatiques. Ces priorités clés sont en lien étroit avec l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et la position du Groupe africain chargé des négociations Climat.
Ces journées climat avaient pour objectif principal d’offrir une opportunité d’élaborer une feuille de route claire vers la COP27 pour placer les enjeux des villes et les territoires africains au cœur de l’agenda climatique. Il s’agissait également de promouvoir les conditions d’une collaboration multiniveaux structurée soutenue par des politiques, des programmes et des actions pour les gouvernements locaux, afin de gagner la course vers la neutralité carbone « Race to Zero » et vers une résilience accrue « Race to Resilience ».
Les objectifs spécifiques étaient :
D’unifier et renforcer la voix des acteurs des réseaux des villes et territoires en vue :
– D’amplifier et de maximiser la puissance de plaidoyer pour une approche holistique et un cadre de mise en œuvre multiniveaux dans le processus d’opérationnalisation de l’Accord de Paris,
– De mettre en place une feuille de route conjointe pour inscrire les impératifs de la territorialisation des mesures d’adaptation/résilience et l’accès au financement au niveau infranational au cœur des priorités de la COP27,
De renforcer le cadre opérationnel d’intervention des collectivités locales à travers un cadre partenarial rénové à travers :
– La signature d’un protocole d’entente – Protocole d’Accord avec l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA) – PACJA et la Caisse des Dépôts et des Consignations du Gabon – CDC Gabon ;
– L’opérationnalisation du Protocole d’Accord entre CGLU Afrique et Centre Mondial pour l’Adaptation – GCA ;
– La mise en place d’un partenariat pour la mise en œuvre de l’initiative “Renforcer la résilience climatique pour les pauvres des villes” (Building Climate Resilience for the Urban Poor) – BCRUP
– Le lancement de consultation et de partenariat d’entreprise pour le lancement du Groupe d’Experts Africains en Changement Climatique (REACC) ;
– De consolider la structuration et la mobilisation du cadre d’engagement des Maires : « Race To Zero » et « Race To Resilience » ;
– De consolider le déploiement de la Convention des Maires pour l’Afrique Subsaharienne – CoMSSA ;
– D’organiser la Table ronde des Maires Africains pour la sécurité de l’eau ;
– De lancer une phase de préfiguration de l’initiative sur les déchets, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement – PNUE.
-De renforcer les capacités des collectivités territoriales par le lancement d’une initiative “Readiness” pour la région de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe.
Déroulé des activités
Les travaux de cette journée, qui a mobilisé un grand nombre de personnalités et de participants, dont des maires et élus locaux représentant les 5 sous-régions de l’Afrique, ont constitué un jalon essentiel dans l’Agenda de l’action du Partenariat de Marrakech, dans la mesure où les axes prioritaires d’intervention ont été identifiés et partagés avec la présidence de la COP27, en particulier le champion M. Mahmoud Mohieldin, à savoir :
La Gouvernance multiniveaux ;
L’Adaptation / Résilience ;
L’Atténuation ;
Le renforcement des capacités ;
L’accès à la Finance Climat, y compris à travers la compensation Carbone.
Les activités climat lors du Sommet Africités à Kisumu :
Segment politique de haut niveau
Ce segment a vu la participation de l’Envoyé Spécial du Président des Etats-Unis d’Amérique pour le Climat, M. John Kerry, de la Secrétaire Exécutive de la Convention Cadre sur les Changements Climatiques, Mme Patricia Espinosa, et du Président Directeur Général du Centre Mondial pour l’Adaptation (GCA), M. Patrick Verkooijen, qui ont livré des messages vidéo d’une grande portée stratégique.
(Vidéos du discours de M. John Kerry ici)
(Vidéos du discours de Mme. Patricia Espinosa ici)
(Vidéos du discours de M. Patrick Verkooijen ici )
Le débat a été structuré autour de 3 sessions :
– Dialogue structuré autour de la gouvernance multiniveaux ;
– Enjeux des Collectivités locales et leur lien avec la position du Groupe Africain de Négociateurs ;
– Plaidoyer pour un accès direct des Collectivités locales à la finance climat.
Ce segment a été marqué par une contribution du Champion de la COP27, qui a présenté la feuille de route de l’Agenda de Marrakech pour l’Action et la place des Collectivités locales dans sa mise en œuvre ; cette présentation a été suivie d’une conférence de presse (Voir la video de la Conférence de Presse ici).
Les participants à ce segment ont réaffirmé le rôle et la position centrale des Collectivités Territoriales dans l’accélération du processus d’atteinte des Objectifs de l’Accord de Paris dans la mesure où les acteurs infranationaux sont essentiels pour aider à combler le fossé entre les objectifs nationaux ambitieux et les actions concrètes requises sur le terrain. Par conséquent, l’action climatique ne peut plus être considérée comme une approche descendante et ascendante (NDC/LDC). Ainsi, la gouvernance multiniveaux constitue à cet égard la pierre angulaire pour réussir le pari de la neutralité carbone et la course vers la résilience.
Les échanges et le partage des expériences ont montré l’importance de saisir le contexte de l’extrême urgence climatique pour réactiver et renforcer un dialogue structuré pour une coopération verticale et horizontale et de travailler à plus d’intégration et d’inclusivité selon une approche holistique pour la mise en œuvre des projets climat. Dans ce cadre, et afin de renforcer l’échange et le partage des expériences et de rendre la voix des collectivités locales plus audible lors des différents processus de négociation pendant les COP, il a été recommandé d’organiser un forum de solutions dédié aux collectivités locales lors des prochaines COP.
L’ensemble des participants ont également pointé du doigt la nécessité de renforcer le chainon faible entre la planification et la mise en œuvre qui est le plus souvent l’accès direct des collectivités locales à la finance climat.
La question du renforcement des capacités a pris une part importante du débat dans la mesure où il a été recommandé de mettre en place un programme Readiness ciblant les collectivités locales des 5 sous-régions d’Afrique afin de mieux s’inscrire dans la dynamique de mise en œuvre de l’agenda climat.
Il a été mis en avant également le développement de solutions fondées sur la nature, ce qui permettra un alignement de l’agenda climat et la protection de la biodiversité.
Segment technique de haut niveau
Le segment technique avait pour objectifs de décliner les axes prioritaires en actions concrètes sur le terrain. Pour ce faire, des thématiques prioritaires ont été identifiées, à savoir :
– La Territorialisation des Contributions Déterminées au niveau National – CDN à travers le concept du Plan d’action pour l’ accès à l’énergie durable et le climat LDC (PAAEDC PMA) ( SEACAP LDC ).
– La coopération décentralisée sur le climat et l’accès à l’énergie à travers la Convention des Maires pour l’Afrique Subsaharienne (CoM SSA)
– La gestion durable des déchets,
– La qualité de l’air,
– La sécurité de l’eau dans le contexte de l’adaptation au Changement Climatique,
– La finance climat au profit des infrastructures résilientes dans les villes intermédiaires.
Le déroulé des différentes sessions a connu la participation des 4 acteurs clés de la mise en œuvre, en l’occurrence les Ministres, les élus locaux, les partenaires au développement, et les organisations non gouvernementales – ONG. A l’issue de ces travaux, d’importantes recommandations ont été émises et notamment :
– La formalisation de la prise en compte des enjeux SEACAP, ce qui devrait aboutir au renforcement de l’approche Bottom-Up et la gouvernance multi niveau ;
– La structuration de la coopération décentralisée autour des deux thématiques centrales que sont l’eau et les déchets selon une approche d’économie circulaire. A ce titre, il y a lieu de mobiliser les villes autour de « la Table ronde des maires pour la sécurité de l’eau » initiative lancée par l’OCDE et CGLU Afrique ;
– Levée des barrières à l’accès direct des Collectivités territoriales à la finance climat ;
– Renforcement de la coordination entre les différents acteurs des réseaux des villes tels que : ICLEI – C40 – Climate Chance – CGLU Afrique…
– Mobilisation des villes pour s’inscrire dans le programme relatif à la qualité de l’air piloté par C40 ;
Faire bénéficier les collectivités locales du marché carbone à l’instar de l’expérience du Gabon.
La journée climat a été couronnée par l’adoption de la déclaration de Kisumu sur le climat qui appelle à une prise en compte des impératifs de l’urgence climatique pour positionner les gouvernements locaux au cœur des priorités des objectifs de la COP27 et réaffirme la nécessité de renforcer le dialogue entre les différentes parties prenantes et notamment les partenaires de développement pour un accès direct à la finance climat des collectivités locales. (Voir la Déclaration Climat de Kisumu ici)
Voir les photos des sessions journée climat ici
Voir l’interview de M. Mahmoud Youssry Shaarawy, Ministre du Développement local Egyptien