Des maires africains présentent l’état de la décentralisation dans leur pays (1/2)
A l’occasion des séminaires régionaux organisés par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-A) dans les cinq régions du continent en 2015 (Août- Octobre), les responsables des Associations Nationales des Collectivités Locales se sont prononcés sur l’état des lieux de la décentralisation dans leur pays.
Nous ouvrons cette série avec l’Afrique de l’Ouest où Dakar (Sénégal) a abrité le séminaire régional du 3 au 5 aout 2015 et l’Afrique Australe où Pretoria (Afrique du Sud) a accueilli le séminaire régional du 17 au 19 août 2015.
Afrique de l’Ouest
Guinée : Dr Mamadou Dramé, Président de l’Association Nationale des Communes de Guinée et maire de Kindia estime qu’aujourd’hui en Guinée l’environnement est très favorable à la décentralisation. «Nous sommes au niveau du financement. Au début on avait des subventions de l’Etat, c’est bien, mais ce n’est pas ça la décentralisation. Puisque c’est un partage entre l’Etat central et la base, il faut aussi que les moyens puissent suivre les activités qui sont concédées aux gouvernements locaux. C’est ce que nous allons appeler le financement de la décentralisation. Aujourd’hui nous sommes dans cette phase de la création du fond du développement local», dit-il. Poursuivant, Dr Dramé précise : «Très bientôt il y aura les élections locales après nous allons passer à la régionalisation, ensuite au Haut Conseil des collectivités. Actuellement il y a des avancées et notre association est considérée aujourd’hui comme un organe consultatif du gouvernement. Pour tout ce qui est problème de développement local nous sommes consultés. La balle est donc dans le camp des élus». L’interview intégrale est disponible sur notre chaine YouTube ici.
Togo : La loi sur la décentralisation des libertés locales, liberté territoriale a été voté et même révisé au Togo. M. Kassegne Adjonou, Président de l’Union des Communes du Togo et maire d’Atakpamé, indique qu’il se pose à présent le problème de «l’effectivité du financement des compétences transférées. Il est question de choisir entre la décentralisation partielle ou la décentralisation totale. C’est ce qui bloque. Ca fait plus de 10 ans que le Togo n’a pas organisé d’élections locales». La vidéo est disponible ici
Burkina- Fasso : «Nous avons engagé le processus depuis 1991 au Burkina et présentement nous sommes en transition. La décentralisation a pris un coup puisque nous sommes en période de délégation spéciale. Ce qui veut dire que ce ne sont pas des élus qui dirigent les collectivités mais n’empêche le problème capital pour les collectivités territoriales du Burkina c’est le transfert des ressources, le transfert des compétences en matière des ressources humaines est fait mais le transfert des ressources en matière financière n’est pas total», confie Damien Gampine, Président Délégation Spéciale des Municipalités du Burkina Faso. La vidéo est disponible ici
Afrique Australe
Le processus de décentralisation est en réelle progression dans la région Afrique Australe. Néanmoins le partage des ressources financières restent le principal point d’achoppement.
Zambie : Samuel Munthali, Président de l’Association des Collectivités Locales de Zambie et maire de Ndola estime que le processus de décentralisation est sur la bonne voie dans son pays. «Nous avons démarré le processus de décentralisation il y a longtemps avec le défunt président (Micheal Sata). Il a essayé de décentraliser et transférer les fonctions du pouvoir central aux autorités locales. Lors de la venue du nouveau chef d’Etat, la politique de décentralisation a été révisée. En janvier 2015, 7 fonctions ont été dévolues aux autorités locales. Ainsi nous avançons dans la bonne direction dans le but qu’en 2017 toutes les fonctions qui sont supposées être transférées du gouvernement central au gouvernement local soient réellement remises entre les mains des autorités locales». Parmi les sept fonctions ou domaines concernés par le transfert de pouvoir figurent : les soins de santé primaires, l’éducation primaire, l’agriculture et le développement communautaire. «Tout ce qui nous inquiète c’est le fait que nous aurions besoins de plus de ressources que celles dont nous avons actuellement pour aider les autorités locales à être performante par rapport aux attentes des populations», souligne Samuel Munthali. La vidéo est disponible en Anglais ici
Botswana : «Le Botswana est décentralisé mais pas dans la délégation des pouvoirs qui est le grand objectif que nous visons. Depuis 48 ans d’indépendance il y a une décentralisation partielle. A présent, nous désirons une politique de décentralisation totale. La décentralisation est la clé car nous croyons que les populations sont les agents de leur propre développement. Avec la décentralisation on leur donne le pouvoir politique, financier pour se développer de manière indépendante sans attendre l’aide du gouvernement central», soutien Révérend Mpho Moruakgomo, Président de l’Association des Autorités Locales duLa vidéo est disponible en Anglais ici
Namibie : Le député maire de la ville de Windhoek, Hon. Gerson Kamatuka résume le processus de la décentralisation en Namibie. «Depuis l’indépendance de la Namibie, la politique de décentralisation a été adoptée. Parce que nous étions un état unitaire, le gouvernement a réalisé qu’il fallait donner une part du pouvoir aux régions, aux autorités locales. C’est une réalité dans le secteur de la santé, de l’éducation. Dans tout pays et toute institution la décentralisation du pouvoir n’est pas facile, le partage des ressources financière est le plus difficile. C’est ce qui freine notre progression. C’est le contrôle des ressources financières qui doit être mis en place. Les autres domaines de compétences sont transférés aux autorités locales. L’assainissement, l’éducation sont décentralisés, mais la question est de savoir si ces collectivités sont prêtes à le faire ? Certaines villes dans certaines régions sont prêtes, mais pas toutes», précise Hon. Gerson Kamatuka. La vidéo est disponible en Anglais ici.
Ziwbabwe : «La décentralisation se porte bien au Zimbabwé, nous avons des Council qui adoptent facilement les nouvelles idées. L’aspect financier est le point le plus complexe. La protection de l’environnement est également un défi. Nous n’avons pas assez de politique dans ce domaine», renseigne David Guy Mutasa. La vidéo est disponible en Anglais ici.
Malawi : «Nous avons passé plusieurs années sans Council. Précisément 9 ans. Les gouvernements locaux sont désormais sur pied et on constate que le système est corrompu et nous avons beaucoup à faire. La priorité est d’intensifier la campagne de plaidoyer dans le système des gouvernements locaux dans notre pays. Multiplier les lois. Nous avons besoin d’avoir assez de ressources, nous avons besoin d’infrastructures permanentes», confie Samsung Chaziya, Président de l’Association des Autorités Locales du Malawi. La vidéo est disponible en Anglais ici.
Mozambique : «Dans notre pays la décentralisation est en progrès car lorsque nous avons démarré les municipalités en 1998 nous avions seulement 33 municipalités à présent nous avons 53 municipalités dont 10 mandatées. Je pense que les populations sont d’accord avec ce modèle de gouvernance. Nous pouvons voir que le développement dans ces villes est en progrès et les populations participent. Nous cherchons les voies et moyens pour améliorer le développement», Maria Helena Langa, Vice-présidente de l’Association des municipalités du Mozambique et maire de Mandlakazi. La vidéo est disponible en Anglais ici.