Comment construire une capacité des territoires africains à accéder à la Finance Climatique ?

Dans l’optique de matérialiser la vision de CGLU Afrique pour construire une capacité des territoires africains à accéder à la finance climatique avec comme objectif d’une part d’assurer la formation des experts locaux à élaborer des dossiers de financement et d’autre part de prévoir une assistance technique permanente,

deux rencontres se sont tenues au cours du mois de février, respectivement entre M. François Paul Yatta, Directeur des programmes CGLU Afrique,  M. Pierre Radanne, expert des questions énergétiques et écologiques, Président de l’Association Dossiers et Débat pour le Développement Durable (4D), le 8 février à Paris et M. Stéphane Pouffary, Directeur Général de l’ONG ENERGIES 2050, à Nice.

 

Morceaux choisis des principaux enseignements : 

Cette mission avait pour objet de matérialiser la demande de CGLU Afrique de construire une capacité des territoires africains à accéder à la finance climatique avec comme objectif d’une part d’assurer la formation des experts locaux à élaborer des dossiers de financement et d’autre part de prévoir une assistance technique permanente.

La réunion à Paris le 8 février avec M. Pierre Radanne, expert des questions énergétiques et écologiques, Président de l’Association Dossiers et Débat pour le Développement Durable (4D), a permis de camper le décor et analyser les voies qui s’offrent aux élus locaux. Il ressort que les collectivités locales n’ont pas été édifiées sur les modalités pratiques pour accéder aux fonds climat.

Dans l’accord de Paris, ce sont les membres des Nations-Unies, à savoir les Etats, qui sont les décideurs. Les collectivités locales sont des observateurs et pas des décideurs.

Les pays ont pris des engagements dans le cadre des accords de Paris. Les contributions sont déterminées au niveau national : chaque pays va décider ce qu’il va faire d’ici 2030. Les pays en développement ne peuvent prendre des mesures d’atténuation qu’à condition qu’ils aient accès à des financements internationaux et transferts technologiques. Il a donc été décidé que les moyens financiers seraient alloués dans la stratégie de réalisation de leurs contributions nationales. Les engagements commencent en 2020. Les financements ne pourront être octroyés aux territoires sans que cela ne soit consolidé au niveau national en termes d’engagements à atteindre.

En outre, les territoires ont des moyens et des capacités différentes. Plaider l’accès direct des territoires aux financements internationaux présente le risque de voir l’argent aller aux capitales et grandes villes et non aux territoires ruraux par exemple.

Face à ces contraintes, les territoires ont néanmoins des voies de sortie pour bénéficier de la finance climatique.

Ainsi, il faut que les territoires préparent des projets, aillent voir leurs instances nationales, et leur fassent comprendre qu’ils sont des acteurs indispensables pour obtenir les financements.  Ce qui implique que les territoires doivent être associés dès le début. Le dispositif Mesure-Reporting-Vérification prévu par l’accord de Paris, plaide en faveur de l’implication des collectivités locales dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des actions. Il faut donc que les territoires invoquent cette disposition pour être impliqués.

La seconde alternative consiste pour les territoires à utiliser le canal transversal des coalitions. L’ONU a décidé que les coalitions pour qu’elles soient crédibles doivent comprendre des Etats (développés ou non), des entreprises (par exemple une industrie cimentière à faible teneur en carbone), des ONG, des banques, des scientifiques, et y compris les collectivités locales.  Il faut donc mobiliser les pays africains pour qu’ils fassent partie des coalitions.  Il est crucial de déposer les dossiers suffisamment à l’avance avant 2020.

Les discussions à Nice avec Stéphane Pouffary, Directeur Général de l’ONG ENERGIES 2050, ont concerné les modalités pratiques d’opérationnalisation de la demande de CGLU Afrique concernant l’accès des territoires africains à la finance climat. Trois chantiers sont proposés :

 

  • -Document de plaidoyer. La question de l’approche climat du point de vue des territoires africains demande un effort de pédagogie pour mieux expliquer en quoi elle est différente. L’adaptation est mieux indiquée pour que les territoires africains, au contraire des autres territoires européens par exemple, puissent offrir à leurs populations des services bas carbone.
  • -La formation. Il est en effet important d’engager une formation des territoires africains à la finance climatique.
  • -L’assistance technique : Mise en place d’une assistance technique permanente pour aider les territoires à élaborer et faire accepter les projets dans le cadre du Fonds Vert.