L’heure de l’Afrique est arrivée
L’heure de l’Afrique est arrivée.
La célèbre chanson interprétée par Shakira à l’ouverture de la Coupe du Monde de la FIFA 2010 en Afrique du Sud ne faisait tout simplement que traduire le nouvel appétit pour l’Afrique qui est en hausse dans l’esprit de beaucoup d’Africains et de la communauté internationale.
L’heure de l’Afrique est arrivée, si l’on considère la croissance démographique du continent qui sera la région la plus peuplée du monde en 2050 avec une population de plus de 2 milliards de personnes, dont 1,3 milliards seront des citadins.La population africaine est aussi la plus jeune au monde avec plus de 50% des personnes étant âgées de moins de 19. La population active du continent sera triplée entre 2000 et 2050, passant de 400 millions à 1,2 milliard.
L’heure de l’Afrique est arrivée étant donné l’énorme dotation du continent en termes de ressources naturelles inexploitées à un moment où les économies émergentes ont un besoin impérieux de denrées de base et de matières premières, et où le changement climatique attire l’attention sur les limites de la planète en termes d’accès aux ressources minérales et agricoles et sur l’extension de l’empreinte écologique des activités humaines.
L’heure de l’Afrique est arrivée au moment où les dirigeants du continent lancent un exercice de prospective portant le nom d’«Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons » dont l’Union africaine se fait le champion, et visant à définir la voie la plus appropriée pour que le continent aille dans la bonne direction en termes de l’amélioration des conditions de vie des populations africaines, l’unité, l’intégration et le développement du continent.
Mais l’heure viendra pour l’Afrique seulement si et lorsque le continent aura réalisé un changement radical dans son système de gouvernance publique pour le mieux, ce qui à son tour contribuerait à renforcer la confiance entre le gouvernement et le peuple.La confiance entre le gouvernement et le peuple est la pierre angulaire pour renforcer la légitimité de l’État.
Afin d’effectuer tout changement durable dans le système de gouvernance publique et démocratique sur le continent, il faut commencer par l’amélioration de la gouvernance des collectivités locales.C’est au niveau local que les pouvoirs publics sont le mieux placés pour négocier un nouveau contrat social et territorial qui permettra l’approfondissement et la consolidation de la démocratie et, grâce à des pratiques de planification, de réconcilier le citoyen avec le long terme et avec la réflexion prospective.
Réformer la gouvernance publique au niveau local suppose qu’une plus grande attention soit accordée au rôle central des collectivités locales que les autorités publiques les plus proches des gens, qui ont la responsabilité d’initier et de mener tout dialogue et de négociation avec les acteurs locaux sur la façon d’assurer l’accès aux services de base pour tous, d’adopter une approche de partenariat dans la gestion des affaires locales, et de convenir de l’évaluation des performances des politiques publiques au niveau local.Un tel dialogue et négociation entraînent généralement l’émergence d’un système de gouvernance plus participative, favorable à une population plus réactive.
Il convient néanmoins d’être également conscient du fait que les collectivités locales sont à la confluence des tensions entre les forces issues de la dynamique de l’Etat moderne et celles découlant de la structure sociale locale dont la légitimité provient de réseaux locaux de capital social et leur capacité à mobiliser les populations pour toute initiative dans le développement économique, social, culturel.Cela signifie simplement que la réalisation de l’Agenda 2063 est étroitement liée à la façon dont ces tensions sont abordées et résolues au niveau local, afin que toutes les forces vives puissent être efficacement mobilisées autour des pouvoirs publics afin de rendre l’Agenda 2063 une réalité pour la majorité des Africains.
Construire « l’Afrique que nous voulons » à partir de la base nécessite un changement complet de mentalité à l’égard de la politique et de la stratégie à mettre en place pour l’Agenda 2063 afin de contribuer efficacement au développement, à l’intégration et à l’unité de l’Afrique dans les 50 années à venir. A ce jour, les réflexions sur les politiques de développement et d’intégration avaient pris les Etats nationaux et leur interaction au sein des communautés économiques régionales en tant que point de départ.D’où la perception par la plupart des Africains de ce que le développement ne se produit pas réellement en dépit d’un taux de croissance moyen de 5% observé sur le continent au cours des 15 dernières années.En d’autres termes, pour la plupart des Africains, le développement est soit local car son impact s’est traduit par l’amélioration des conditions de vie des gens là où ils vivent, ou bien il ne se produit tout simplement pas.Une majorité des Africains ont également le sentiment qu’ils sont mis en résidence surveillée étant donné que les frontières des Etats africains sont les plus difficiles à franchir au monde, en dépit du fait qu’elles séparent souvent les mêmes personnes et les mêmes communautés qui partagent le même bagage culturel.
Le Sommet Africités à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 29 novembre au 3 décembre 2015, sera un point de ralliement pour toutes les parties prenantes africaines et leurs amis et partenaires, déterminés à voir l’Afrique prendre une route plus positive vers son développement humain durable et la place et de la voix qui lui reviennent à juste titre dans le monde, à un moment où la communauté internationale est en train de définir les programmes mondiaux qui guideront la coopération internationale pour les 20 années à venir, que ce soit autour d’objectifs de développement durable, de changement climatique, de financement du développement, ou de nouveau programme urbain.
En ce sens, Johannesburg 2015 sera le moment et le lieu du nouveau départ de l’Afrique, car il permettra à tous les acteurs du continent de contribuer au contenu et à la stratégie de mise en œuvre de l’Agenda 2063. Façonner l’avenir de l’Afrique à partir de la base avec les collectivités locales en tant que point d’appui donnera sans aucun doute une forte impulsion au mouvement d’intégration, d’unité et de développement en Afrique, qui nourrira un sentiment d’espoir et de confiance en soi dans la jeunesse africaine, et contribuera à la prochaine émergence de l’Afrique des peuples au-delà de l’Afrique des Etats héritée de l’époque coloniale.
Johannesburg 2015 sera vraiment le point décisif vers un sens plus élevé de la liberté et de l’autonomie de l’Afrique, la fierté de l’Afrique pour ce qu’elle représente pour l’humanité, la confiance en soi de l’Afrique, et la confiance de l’Afrique.
Venez participer à Johannesburg Africités 2015, et vous associer à un nouveau départ de l’Afrique.
Jean-Pierre Elong Mbassi
Secrétaire général, CGLU-A
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