Tiznit : responsables et jeunes œuvrent pour la culture !
Maryam Laghdir
Parallèlement aux politiques visant à renforcer l’infrastructure culturelle au Maroc, la culture est également un vaste secteur auquel contribuent les initiatives individuelles.
Au sud du Maroc, précisément dans la région Souss-Massa, à Tiznit, la culture occupe une importance majeure tant pour ses jeunes que pour ses responsables.
Wassila Chatibi, vice-présidente chargée des affaires culturelles au conseil communal de la ville, souligne que “la ville de Tiznit occupe une place importante dans la sphère culturelle. Et comme d’autres villes du monde et du Maroc, notre ville a été touchée par la pandémie du COVID-19, mais elle a pu se renouveler et continuer ses activités culturelles petit à petit, étant riche d’un tissu collectif actif et d’un dynamisme renouvelé, dont témoignent les espaces culturels de la ville”.
Toutefois, pour la jeune génération de plus en plus imprégnée par la vague numérique, la culture est considérée comme un sujet plus étendu. À Tiznit, grâce à une initiative portée par des jeunes, une nouvelle définition de la culture a été créée, englobant les actions culturelles, l’esprit d’entreprenariat, la technologie ainsi que le numérique, un large mélange qui ouvre de nombreuses portes à la jeunesse de la ville, et d’où vient l’appellation “L’blend” donnée à un laboratoire d’idées; qui est un espace que ses fondateurs affirment être créé pour donner aux jeunes l’état d’esprit nécessaire afin d’envisager les problèmes et leur trouver des solutions, instaurer une culture de la création ainsi que lutter contre l’inactivité, dans le but de les encourager à élaborer leurs propres initiatives un jour pour laisser une trace positive au sein de leurs communautés.
Dans cette interview, Aimane Idhajji, co-fondateur de l’espace L’blend, nous en dit plus.
Salle d’activités à l’espace « L’blend ». Photo prise par Younes Arbani
– Comment avez-vous eu l’idée de créer un tel espace ?
L’idée est venue du simple fait que nous avons besoin d’un endroit où nous pourrions organiser nos activités sans nous soucier de la logistique, puis elle a évolué au fur et à mesure que nous élaborions le dossier pour devenir “L’blend” tel que nous le connaissons aujourd’hui, combinant nos intérêts pour les arts, la technologie et l’entrepreneuriat.
– Le COVID-19 a eu un impact sur le secteur culturel dans le monde entier. Les répercussions sociales et économiques ont également touché le droit fondamental d’accès à la culture. Comment avez-vous pu relever ces défis ?
Pour de nombreuses ONG, le COVID a signifié un passage au numérique. Dans notre cas, il ne s’agissait pas d’un changement, car nous avons toujours mis l’accent sur notre présence numérique ; toutefois, il s’agissait d’un appel à y consacrer davantage d’attention. Au début, nous nous sommes appuyés sur nos activités dans notre espace créatif, pour créer notre contenu dédié aux réseaux sociaux, puis avec le COVID, il était évident pour nous de devoir travailler davantage comme une agence et d’être autonome.
– En quoi votre espace est-il différent des autres espaces ?
Nous sommes géographiquement situés au milieu du pays, cet emplacement est une opportunité en soi, parce qu’elle est stratégique. De plus, notre présence sur les médias sociaux rend notre contact avec les jeunes direct et ininterrompu.
– L’accès à la culture n’est pas une évidence pour tous, en raison des inégalités sociales, géographiques et même générationnelles. Quelles stratégies avez-vous mises en place pour rapprocher la culture des jeunes ?
Nous ne pouvons pas nous attribuer le succès des jeunes qui utilisent notre espace. Ces espaces sont ouverts mais pas mobiles. Nous ne frappons pas aux portes pour changer les jeunes. Les jeunes viennent vers nous. Ils prennent la décision de se mettre dans un environnement qui les aidera à atteindre leurs objectifs. Par conséquent, notre travail est très individuel et il est trop tôt pour parler de l’impact sur la jeunesse locale. Nous recevons des témoignages positifs sur le fait que nous sommes une porte vers de nouvelles perspectives et nous en sommes heureux, le reste du chemin est à prendre par chacun de son côté.
– Les pays d’Afrique et le Maroc ont une relation distinguée à toutes les échelles. Selon vous, comment l’association pourrait-elle contribuer au développement de leurs relations culturelles?
Nous travaillons avec tout le monde. Jusqu’à présent, nous n’avons collaboré avec aucun pays de notre cher continent mais nous restons ouverts aux opportunités. Notre plus grande contribution pourrait être une ouverture envers nos communautés subsahariennes à Tiznit !