Séminaire du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) : Renforcer la contribution des marocains du monde au développement des régions
A l’invitation du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et de l’Association des Régions du Maroc (ARM), le Secrétaire Général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi a participé au séminaire sur le thème: “Renforcer la contribution des Marocains du Monde au développement du Maroc” qui a eu lieu le 9 mars 2023 à l’hôtel La Tour Hassan à Rabat.
Une centaine de participants ont pris part au Séminaire, dont les présidents des conseils régionaux du Maroc, les associations des Marocains résidant à l’Etranger, et les associations des Marocains du Monde intervenant dans la conception et la mise en œuvre des projets de développement au niveau des régions et territoires du Maroc.
Le Séminaire a été marqué par les allocutions d’ouverture de Mme Mbarka Bouaida, Présidente de l’Association des Régions du Maroc (ARM) et M. Driss El Yazami, Président du Conseil de la Communauté Marocaine a l’Etranger (CCME); et par deux conférences introductives présentées par M. Jason Gagnon, Économiste en Chef au Centre du Développement de l’OCDE, et M. Jacques Ould Ouadia, Chercheur en économie politique du développement.
Trois tables rondes de discussion ont suivi:
La première table ronde, autour du thème “Stratégies régionales de développement: politiques, besoins et implication des Marocains du monde”, et modérée par M. Ouadih Dada, rédacteur en chef à 2M, a donné lieu aux interventions de M. Abdellatif Mazouz, Président du conseil régional de Casablanca-Settat; M. Rachid El Abdi, Président du conseil régional de Rabat-Sale-Kenitra; M. Abdelouahed El Ansari, Président du conseil régional de Fès-Meknès; M. Aadil El Barrakat, Président du conseil régional de Béni Mellal-Kenitra; M. Karim Achengli, président du Conseil Régional de Souss-Massa; et M. Hro Abrou, Président du conseil régional du Conseil Régional de Draa-Tafilalet
La deuxième table ronde, autour du thème “Marocains du monde, développement local et partenariat avec les collectivités territoriales: bonnes pratiques et difficultés” et modérée par Mme Chadia Arab, géographe, chargée de recherche au CNRS-UMR ESO, Universite d’Angers (France), a donné lieu aux interventions de M. Mohamed Mansour, chef du pêle mobilités et solidarités de l’association Migrations et Développement (Agadir, Maroc); M. Hssain Ouzani, Président de l’association Akhiam (Imilchi, Maroc); M. Abdellatif Mortajine, Président de l’Association Khamsa (France); Mme Fatima-Zhora Khayar, co-présidente de l’association Actions@Villages (Belgique); M. Mostafa Boulharrak El Idrissi, Président de l’Association des migrants marocains aux îles Baléares AL Maghreb (Espagne); Mme Paola Chianca, experte senior en développement international, cheffe du programme régional des initiatives de la migration au Maroc (PRIM), Expertise France, Groupe Agence Française de Développement (AFD, Maroc); et Mme Léa Huber, responsable du projet DEPOMI, Agence Belge de Développement ENABEL Maroc.
La troisième table ronde, autour du thème “Entrepreneurs et compétences hautement qualifiées : dynamiques, bonnes pratiques, difficultés”, a été modérée par M. Hicham Jamid, Sociologue, chercheur à l’Institut pour le Développement (IRD), Université Aix-Marseille (France). Ses panélistes étaient M. Jamal Bouoyour, Économiste, Université de Pau et des Pays de l’Adour (France); M. Samir Kaddar, président du Réseau des compétences médicales des Marocains du monde C3M (Belgique); M. Abdelkhalek Hassini, président du collectif CAD Oriental Europe; M. Mustapha Adhar, co-fondateur de l’association The Moroccan-Dutch Network MD Next (Pays Bas); M. Azzedine Maarroufi, Président du Réseau de compétences germano-marocaines DMK (Allemagne); et Mme Houda Znibaa, ambassadrice de marocains Entrepreneurs du Monde (MeM by CGEM) Fes-Meknes
La première table ronde a mis en lumière le fait que le Maroc s’est doté d’un cadre juridique et institutionnel favorable à l’implication des Marocains du monde dans le développement du Royaume. Le discours Royal d’août 2022 a donné des orientations claires quant à la prise en compte des Marocains du monde dans les programmes et projets de développement. La question à l’ordre du jour est celle d’une plus grande participation des Marocains du monde au développement des régions du Maroc au moment où chaque région est en train d’élaborer son plan de développement régional. Se basant sur les exemples des Régions des conseils régionaux de Casablanca-Settat, de Fès-Meknès, de Béni Mellal-Kenitra, de Souss-Massa, de Draa Tafilalet, les participants ont eu une information extensive sur les initiatives prises pour offrir un cadre adéquat d’intervention pour l’accueil et la réalisation des projets des Marocains du monde: information sur les potentialités et opportunités régionales; mise en place de catalogues de projets; création de fonds d’appui à la création d’entreprises; et assistance technique aux porteurs de projets. Les panélistes ont également estimé qu’il convenait d’inscrire les réflexions du Forum dans un cadre plus large, en considérant le caractère de pays d’émigration mais aussi d’immigration du Maroc, ainsi que les tensions liées à la gestion de la migration, le Royaume ayant un devoir d’exemplarité à cet égard puisqu’il a été désigné par ses pairs de l’Union Africaine comme un champion sur le dossier de la migration.
La deuxième table ronde s’est penchée sur les actions concrètes de coopération et a passé en revue les expériences de développement de projets menés au niveau local par les associations suivantes: association Migrations et Développement (Agadir); l’association Akhiam (Imilchi); l’association Khamsa; l’association Action@Village; l’association des migrants marocains aux îles Baléares Al Maghreb; le programme régional des initiatives de la migration au Maroc (PRIM); et le projet DEPOMI de l’agence belge de Développement, Enabel.
Les participants ont insisté sur la nécessité de simplifier les procédures d’intervention. Il a été proposé que soit mis en place au sein de chaque conseil régional un point focal pour l’accueil des Marocains du monde et leur accompagnement dans les démarches de réalisation de leurs projets.
La troisième table ronde a insisté sur le caractère diversifié des Marocains du monde et sur la nécessité de mieux s’organiser pour attirer les talents marocains et les mettre en relation avec les territoires. La question la plus critique est celle de la compétition entre pays et territoires pour l’attraction des cerveaux, une véritable guerre de talents. Il s’agit de coupler les enjeux de la migration et les enjeux des territoires. La maturation de la réflexion sur la migration a permis d’affiner la compréhension des concepts et des contextes. Il faut renégocier les rapports entre la diaspora et les pays d’accueil, qui permette d’accompagner et d’encadrer la mobilité internationale et les projets entrepreneuriaux des Marocains du monde. Le lien entre migration et développement n’est pas encore bien compris par les régions. Les domaines d’intervention s’élargissent. La coopération décentralisée de territoire à territoire doit jouer un rôle actif dans la mobilisation des efforts de la diaspora, et diversifier les angles d’interventions, économique, mais aussi social et culturel. Il y a un travail à faire sur la promotion des produits du terroirs en comptant sur les capacités de mobilisation des talents de la diaspora dans ce domaine. La participation de la diaspora doit être explorée avec la mise en place de réseaux d’Ambassadeurs dans les pays d’accueil. Les profits qui peuvent être tirés du sentiment d’appartenance sont certainement à explorer, à l’exemple d’Agadir qui a créé Souss Massa Promotion qui va porter le Réseau des Ambassadeurs pour faire atterrir les projets dans la région. Cette plateforme permet de garder des liens, d’interconnecter et favoriser le développement régional. La région doit être le catalyseur de cet écosystème de mise en synergie des acteurs en pariant sur le partenariat. Il faut faire un travail de ciblage et de marketing territorial et faire appel aux Marocains du monde pour connecter les bons interlocuteurs, construire les projets et l’adéquation des profils aux besoins, et avoir de l’impact au niveau de la création de valeur et d’emplois.
En conclusion, a été émise l’idée d’arriver à la mise en place d’une plateforme commune de réflexion pour prolonger le travail initié au cours de cette journée. Il faut aussi institutionnaliser ces plateformes dans les régions en mettant une instance de consultation dédiée aux Marocains du monde. L’Association des Régions du Maroc est ouverte à mieux communiquer avec les Marocains du monde pour mieux les connaître, et plaide pour le renforcement des lignes aériennes pour désenclaver et décloisonner.