Le REFELA à la 67ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies  (UN-CSW67)

Lors de la 67ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies qui s’est  tenue à New York du 6 au 17 mars 2023, le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), PLATFORMA, Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique) et le Comité Permanent du Partenariat Euro-Méditerranéen des Autorités Locales et Régionales (COPPEM) ont organisé conjointement une session parallèle intitulée : ” Les villes forgent la voie vers la justice de genre:  Outils pour l’égalité dans la vie locale “. La session a eu lieu le 6 mars 2023.

La session a été introduite par Dr. Claudia Schöning-Kalender, Présidente du SPD à Mannheim-Wallstadt (Allemagne), Présidente de la Commission Permanente Egalité du CCRE qui a souligné dans son intervention les 17 ans de la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale qu’elle a appelé à signer pour “poursuivre l’objectif de la justice entre les femmes et les hommes dans tous les domaines”.  Elle a également souligné la nécessité de poursuivre la coopération avec les organisations et les parties prenantes afin d’apprendre et de construire une justice de genre pour tous.

Pour Mme Schöning-Kalende, compte tenu des récents événements survenus dans le monde, il est désormais essentiel de sensibiliser l’opinion publique et d’œuvrer davantage en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle a souligné que “les femmes sont les victimes des crises, des catastrophes et des guerres. Elles sont minoritaires dans la prise de décision, elles ne sont pratiquement pas représentées dans la gestion des crises, les négociations de paix et la planification. Ce sont également elles qui font avancer les choses et qui en subissent les conséquences. Il faut que cela change” et que la réalité des femmes et des filles s’améliore pour qu’elles puissent jouer le rôle crucial qui est le leur en tant que véritables actrices de développement de leur société.

Après les remarques d’ouverture, les deux panels ont mis en lumière les expériences menées par les dirigeantes politiques pour élaborer, adhérer, promouvoir et mettre en œuvre des chartes pour l’égalité entre les femmes et les hommes au niveau de leurs autorités régionales et locales respectives.

Dans son intervention, la Présidente du REFELA et Maire de la ville de Banjul (Gambie), Mme Roheyatou Lowe, a réitéré l’appel à s’engager collectivement à mettre en place une justice de genre pour tous d’ici 2030. Elle a souligné que “la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes doit être considérée comme l’accomplissement des droits de l’homme – important pour le développement durable“.  Elle a salué le partenariat entre le Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), PLATFORMA, Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique) et le Comité Permanent du Partenariat Euro-Méditerranéen des Autorités Locales et Régionales (COPPEM) à travers lequel ces sections ont toutes développé leurs chartes régionales pour que les autorités locales s’engagent en faveur de la justice de genre et de la lutte contre les inégalités.

L’Honorable Lowe a rappelé les nombreux défis auxquels est confrontée l’émancipation des femmes. Elle a souligné les violations qui continuent d’entraver la justice de genre malgré la présence d’instruments mondiaux et régionaux et de constitutions nationales qui protègent les droits des femmes et la vie quotidienne des femmes dans le monde entier, en particulier en Afrique où la justice de genre doit encore être renforcée et où les différents cadres de développement doivent encore être respectés et mis en œuvre.

Elle a terminé son intervention en “appelant la communauté internationale et les partenaires au développement à soutenir le REFELA pour diffuser la Charte des Collectivités Territoriales pour l’Egalité des Genres en Afrique et sensibiliser les gouvernements locaux et régionaux d’Afrique aux dispositions importantes qu’elle contient“.

Dans sa prise de parole, Mme Silva BARALDI, Conseillère municipale de Legnago (Italie), Vice-présidente de la Commission Permanente Egalité du CCRE, a souligné comment les chartes pour l’égalité dans la vie locale peuvent améliorer la qualité de vie des femmes et des jeunes filles. Pour Mme Baraldi, le rôle des chartes pour l’égalité entre les femmes et les hommes est déterminant pour le travail des élus locaux dans leur mandat quotidien pour “défendre nos valeurs communes d’égalité entre les femmes et les hommes“.  La gouvernance locale peut jouer un rôle essentiel dans l’instauration de la démocratie et la protection des droits de l’homme, notamment en éliminant toutes les formes de discrimination à l’égard des filles et des femmes.

Concernant les principales contraintes que les dirigeants municipaux peuvent rencontrer lorsqu’ils tentent de promouvoir des mesures en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, Mme Claire HART, Vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, Déléguée aux relations internationales et à la coopération européenne, Conseillère Municipale de Montpellier et membre du COPPEM, a mis l’accent sur la discrimination en matière d’emploi, et “l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes“. La question de l’inégalité des chances en matière d’emploi pour les femmes, même lorsqu’elles excellent dans certains domaines d’études, elles restent exclues de certains postes de haut niveau, en particulier dans le secteur de la haute technologie ou des start-ups.  Mme Hart engage les hommes dans le processus visant à garantir la justice en matière de genre pour tous, car ils font partie intégrante du véritable changement.

Mme Fatimetou ABDEL MALICK, Présidente de la Région de Nouakchott, Mauritanie, Présidente de CGLU Afrique et la Présidente de la Commission Egalité de CGLU, a évoqué la question de l’abandon de l’éducation par les filles, en particulier dans les zones rurales, souvent lorsqu’elles atteignent le niveau secondaire. Ces faits discriminatoires persistent encore lorsqu’elles veulent poursuivre leurs études. Elles sont confrontées à la nécessité de quitter leur village natal pour se rendre dans d’autres villes ou régions où l’enseignement supérieur est possible, mais cela devient impossible simplement parce qu’elles ne peuvent pas s’éloigner seules de leur famille. À cette réalité hostile aux droits des femmes et des filles à l’éducation, s’ajoutent des stéréotypes ancrés dans nos sociétés et des attitudes contre lesquelles Mme Abdel Malick appelle les femmes elles-mêmes à lutter.

Emil Broberg, Conseiller régional de la Région d’Östergötland en Suède, membre de la Commission permanente pour l’égalité du CCRE, a parlé de la nécessité d’adopter des approches innovantes pour la mise en œuvre des Chartes régionales pour l’égalité entre les femmes et les hommes afin de parvenir à la justice entre les femmes et les hommes au niveau local. D’autre part, il a insisté sur la nécessité d’unir les efforts pour un meilleur impact. Il a souligné l’importance du dialogue intergénérationnel et de la solidarité pour renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes.

Emil Broberg a fait part de ses réflexions sur l’importance de travailler avec les hommes et de les impliquer, en particulier les garçons et les jeunes hommes, sur la question de l’égalité entre les hommes et les femmes pour des sociétés équitables. Il a souligné que pour parvenir à une justice de genre pour tous, les hommes ne doivent pas craindre d’être en conflit, mais plutôt d’être des partenaires et des acteurs responsables.

A l’issue des discussions, les panélistes se sont mis d’accord sur les points suivants :

– Coordonner les efforts entre les sections régionales pour poursuivre le travail de sensibilisation à l’importance des chartes de genre comme instrument de justice entre les femmes et les hommes ;

– Soutenir les initiatives et les approches innovantes menées par les élus locaux des différentes sections pour mettre en œuvre les dispositions de leurs chartes au niveau local ;

– Organiser des ateliers régionaux pour partager les expériences et les meilleures pratiques ;

– Plaider pour l’égalité des droits aux postes de décision pour les femmes dans tous les domaines : dialogues sur la résolution des conflits, gouvernance, emplois de haut niveau … ;

– ouvrir des discussions entre les représentants locaux et régionaux et les ONG sur l’objectif commun de faire des droits des filles et des femmes une réalité dans la vie quotidienne ;

– Soutenir les femmes pour qu’elles prennent conscience des stéréotypes et des attitudes néfastes qui remettent en cause les droits à l’éducation, à un travail décent et à l’égalité des chances ;

– Engager les jeunes dans la politique car ils sont les vecteurs du changement ;

– Encourager et créer des plateformes de solidarité intergénérationnelle dans la lutte pour l’égalité des droits ;

– Faire du lobbying pour les quotas de femmes et d’hommes au niveau local et régional.