1er Forum mondial des villes intermédiaires : CGLU Afrique au cœur de l’action

Le premier Forum mondial des villes intermédiaires qui s’est tenu du 5 au 7 juillet 2018 à Chefchaouen au Maroc et a vu la participation de 250 participants issu de 40 pays a accueilli un dialogue entre les représentants des gouvernements des villes intermédiaires et d’autres parties prenantes clés, telle que les organisations internationales, de gouvernements nationaux et régionaux et les représentants d’autres types de villes.

Le rendez-vous de Chefchaouen a servi de plateforme pour scruter la gouvernance multi-niveaux pour la mise en œuvre des Agendas mondiaux communs. La rencontre s’est soldée par l’adoption de la Déclaration-Charte de Chefchaouen des villes intermédiaires du monde .

CGLU Afrique a pris activement part au débat sur les différentes thématiques clés au programme. En tant que porte-voix des gouvernements locaux africain, CGLU Afrique a organisé dans l’après-midi du 5 juillet 2018, le « Dialogue Afrique multi-niveau pour la mise en œuvre des agendas mondiaux ».

Les travaux dirigés par M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique, ont vu la participation de différentes catégories d’acteurs au sein du panel et dans la salle.  Ces derniers se sont prononcés sur comment ils conçoivent l’implication des territoires dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et l’Agenda 2030. Ont pris part au panel : Mme Leila Yassine, coordonnatrice Afrique de l’association climate chance ( plateforme regroupant les acteurs non étatiques ) , Mme Leontine Bona Weya, Première Vice-présidente de la ville de Bangui (République Centrafricaine), M. Mohamed Sadiki, Maire de la ville de Rabat, M. Sitholé Mbanga, Directeur Général de Cities Network ( Afrique du Sud), M. Dago Djahi Lazar, Directeur Général de la Décentralisation et du Développement Local (DGDDL) de Côte d’ivoire, Mme Nouzha Bouchareb, Experte climat et développement durable au Ministère de l’environnement du Maroc  et Dr. François Paul Yatta, Directeur des programmes de CGLU Afrique.  Les différentes contributions ont mis l’accent sur le travail en synergie et l’approche inclusive qui sont nécessaires entre les différents acteurs afin d’assurer une bonne mise en œuvre des agendas mondiaux (agenda 2063, agenda 2030, nouvel agenda urbain, agenda du climat, cadre de Sendaï pour la réduction des risques. ).

En conclusion il ressort que les collectivités territoriales africaines peuvent agir sur cinq aspects pour mettre en œuvre les agendas mondiaux :

– Nourrir le territoire en adoptant des approches climato compatibles (40% des richesses de chaque territoire doit servir à nourrir le territoire),

– Construire le territoire (20%),

– Servir le territoire en y apportant des services essentiels de bases (20%),

– Entretenir le territoire,

– Administrer et gérer le territoire.

Mohammed Boudra, président de l’Association Marocaine des Conseils Communaux (AMPCC) et Mme Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU, présent dans la salle, ont aussi contribué aux échanges.

« La territorialisation des ODD et des contributions déterminées au niveau nationales (CDN) donnent aux collectivités locales un rôle nouveau dont ils doivent se saisir. L’espace territoriale est l’espace de mise en cohérence , c’est l’espace de coordination, l’espace de mise en œuvre, de planification et d’interpellation», dira M. Mbassi en clôture de session en donnant rendez-vous pour la suite des échanges au sommet Africités 8 qui se tient du 20 au 24 novembre 2018 à Marrakech .

La session «Dialogue de Talanoa pour l’Afrique-Intégration verticale des contributions déterminées au niveau nationales (CDN)» a compté, Dr. Paul François Yatta comme intervenant. Ce dernier a partagé l’initiative initiée par CGLU Afrique pour établir un dialogue national afin d’inclure la dimension locale des CDN, seule voie salutaire pour maintenir le niveau d’augmentation des températures en deçà des 2°C d’ici 2100.  Sur ce volet, CGLU Afrique et ENERGIES 2050 ont publié le rapport intitulé «Enjeux et opportunités de la territorialisation des contributions déterminités au niveau national (CDN) en Afrique».

La cérémonie d’ouverture tenue dans la soirée du jeudi 5 juillet a également vu CGLU Afrique être au-devant de la scène. L’ouverture officielle présidée par le Chef du gouvernement du Royaume du Maroc, S.E Saâd Eddine El Othmani a été marquée par la signature d’un mémorandum d’entente (MoU) entre le Gouvernement du Maroc, ONU Habitat, CGLU et CGLU Afrique.

 

Tables thématiques

Au cours de la deuxième journée du forum, le Secrétaire Général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi a pris part à table thématique autour du thème : « Les villes intermédiaires comme « plus-value » et les citoyens (nes) comme moteur de la croissance économique ».  Ce dernier s’est prononcé sur les mécanismes fiscaux et financier qui peuvent être mis en place pour encourager le développement durable dans les villes intermédiaires et les territoires. Selon lui, le premier chantier du forum des villes intermédiaires est de faire en sorte que le partage des ressources soit équitable car les villes intermédiaires structure l’organisation de l’économie dans tous les pays. Une étude menée par CGLU Afrique dans près de 50 villes intermédiaires en Afrique de l’ouest, révèle que ces dernières offres au population rurales des perspectives quatre fois supérieures à ce qu’offre le marché mondial.

Les villes intermédiaires se présentent comme les parents pauvres de la décentralisation, elles ne connaissent pas leur sommier fiscal et le niveau des infrastructures est mauvais, ce qui fait fuir les entreprises. Il faut ainsi travailler à la mise en place d’un système fiscal qui mette à niveau les villes intermédiaires et créer des emplois pour les jeunes et les femmes.

Le Secrétaire général de CGLU Afrique a également apporté une contribution en ce qui concerne les types d’instruments disponibles pour renforcer davantage les villes du futur. Pour M. Mbassi, les villes intermédiaires étant désormais des étapes dans la dynamique des migrations, il est nécessaire d’impliquer ces villes dans la gestion des migrations (nationales et internationales).

« Les villes intermédiaires sont l’endroit indiqué pour entreprendre la bifurcation vers le développement durable ».  dira-t-il.

En effet, la performance des économies nationales va être de plus en plus dépendante de la performance des villes. On estime à 25 milliards d’euro les besoins en financement des villes d’Afrique. Pourtant l’Afrique ne peut que contribuer à hauteur d’un milliard d’euro.  Deux solutions proposées par CGLU Afrique sont : l’accès à la finance climat et l’accès au marché financier. Sur ces deux points, CGLU Afrique a lancé en novembre 2017 lors de la COP23 , la Task force climat CGLU Afrique afin de préparer les collectivités locales à monter des projets éligibles au Fonds Vert Climat et autres mécanismes de financement , l’organisation a aussi créée en octobre 2017, le Fonds de développement des villes africaines (FODEVA ) .

A noter que la table thématique sur «mise à niveau des villes intermédiaires dans le monde : une opportunité unique pour un développement durable et une justice territoriale mondiale » a  été modéré par M. Jean Pierre ELong Mbassi.

Partager et apprendre

Le dernier jour du forum était consacré au sessions « partager et apprendre ». CGLU Afrique à travers sa commission permanente genre REFELA a organisée en matinée la session «genre et villes intermédiaire» .Dans l’après-midi, c’est la thématique « sécurité alimentaire : un défi entre villes intermédiaires et régions » qui a enregistré une contribution de CGLU Afrique. Il était question de localiser l’économie de l’alimentation face à l’industrie agroalimentaire qui est un modèle non bénéfique pour les territoires. Le maire de Chefchaouen, M. Mohamed Sefiani a partagé l’expérience de sa commune en matière de valorisation des produits locaux. « Nous avons mis en place la formation des femmes, des agriculteurs et nous avons créé le musée la dieta mediterranea.

En France, le combat pour la production et la distribution des produits agricoles  est aussi crucial.  40% des agriculteurs est en dessous du seuil de solidarité, ce qui entraine la perte de l’équilibre alimentaire, indique Mme Geneviève Barat, Vice-présidente  de la région Nouvelle Aquitaine.  Sa région a adoptée l’approche territoriale pour promouvoir les plats des territoires et l’approche régionale. Ceci se fait avec l’implication de plusieurs acteurs dont les lycées, les élus locaux et les agriculteurs. Mme Barat insiste sur la sensibilisation des plus jeunes afin de susciter une prise de conscience et faire d’eux des ambassadeurs du consommer local. Une plateforme d’agriculteur en ligne a aussi été créé pour leur permettre d’écouler leur produit.

Comme bonne pratique en Afrique en matière de sécurité alimentaire, M. Mbassi ne manque pas de citer le projet songhaï à Porto Novo au Bénin. Ce projet a pour but la création des villes rurales vertes avec la pratique d’une agriculture intégrée ; une agriculture biologique respectant la nature et basée essentiellement sur le bio mimétisme.     « En Afrique les infrastructures routières sont très en arrière pour permettre une distribution des aliments. Il faut donc structurer les marchés et ceci relève de la responsabilité des régions et des villes », explique Jean Pierre Elong Mbassi.

Lisez la Déclaration de Chefchaouen- la Charte des Villes intermédiaires du monde.

Consultez l’article «genre et villes intermédiaire»