Barcelone, Espagne et Nairobi, Kenya, 9 avril 2020
La série d’apprentissage en direct organisée par CGLU, Metropolis et ONU-Habitat, se poursuit activement en offrant aux collectivités territoriales l’opportunité de partager leurs expériences, leurs initiatives et leurs actions de soutien aux citoyens face à la pandémie en leur assurant des services de base essentiels.
Le troisième volet de la série d’apprentissage en direct, organisé conjointement avec l’Union internationale des transports publics (UITP) le 8 avril, a rassemblé des collectivités territoriales, des partenaires de la société civile, des acteurs clés du secteur des transports et les Nations unies afin de débattre des questions relatives à la mobilité urbaine dans le contexte de la pandémie.
Le gouverneur de Java Ouest, Ridwal Kamil, le maire de Strasbourg, Roland Ries, la maire de Banjul, Rohey Malick Lowe, le maire de Kigali, Pudence Rubingisa, et Borja Carabante, conseiller municipal de Madrid y ont pris part au débat aux côtés de représentants élus de Madrid, Mexico, Shenzhen et Toulouse. La directrice exécutive d’ONU-Habitat, le secrétaire général de l’UITP, la Fédération internationale des travailleurs du transport, le président de World Enabled et des représentants de Creative Mobilities ont également participé à la session.
La réunion a été ouverte par la directrice exécutive d’ONU-Habitat, Maimunah Mohd Sharif, qui a appelé les villes à assurer que “tous les modes de transport public soient désormais considérés comme un service public, afin de sauver des vies et de garantir les moyens de subsistance. Les villes doivent veiller à préserver un bon service public et la confiance dans un bon service public”. Elle a déclaré que les villes devraient donner la priorité à l’accès aux personnes qui ont le plus besoin de transports sûrs et abordables, notamment les personnes handicapées et celles qui travaillent dans les services essentiels. Et elle a conclu : “J’en appelle à tous à assurer une mobilité sûre aujourd’hui et à commencer à planifier la mobilité durable de demain. “
Le secrétaire général de l’UITP, Mohamed Mezghani, a introduit la discussion en insistant sur la nécessité de faire fonctionner les réseaux de transport public pendant et après l’épidémie – c’est l’épine dorsale des villes, et de veiller à ce que la crise sanitaire ne débouche pas sur une crise sociale. Il a rappelé la déclaration commune signée avec CGLU, Fédération internationale des travailleurs des transports (FIT) et l’Union internationale des chemins de fer (UIC), qui souligne que les transports publics sont un service essentiel face à la pandémie et au-delà, et qu’ils font partie intégrante du droit à la mobilité.
“Nous voulons rappeler à tous le rôle crucial des transports publics au moment de la crise du COVID-19, la nécessité de garantir leur bon fonctionnement dans le contexte actuel, et remercier à nouveau tous les travailleurs des transports publics, nos gardiens de la mobilité, de remplir leurs fonctions avec professionnalisme et d’assurer la continuité de ce service public”, a déclaré le secrétaire général.
Plus de 160 participants étaient présents en ligne durant la session qui a exploré les défis à relever pour garantir le droit de se déplacer au milieu d’une pandémie qui appelle les gens à rester chez eux. La première partie de la session a porté sur les actions et les défis locaux et régionaux en matière de mobilité au cœur de la pandémie.
Les dirigeants locaux et régionaux en première ligne, comme le gouverneur de Java Ouest, ont évoqué les mesures prises pour ralentir les mouvements de population en vue du retour au pays pendant le mois saint islamique du Ramadan qui commence dans quelques jours. Il a souligné que la province s’efforçait de maintenir la livraison des marchandises et le transport routier pour fournir de la nourriture aux plus de 50 millions de personnes qui peuplent Java Ouest.
Les maires de Banjul et de Kigali ont abordé les défis de la mobilité dans les villes dotées d’un important système de transport public informel. La nature informelle du travail de nombreuses personnes signifie qu’elles ne peuvent pas se permettre de rester à la maison. Pour garantir une mobilité sûre, il faut donc sensibiliser, former les travailleurs des transports publics et fournir des équipements de protection. Les maires ont également insisté sur la nécessité de repenser la mobilité à l’avenir et de promouvoir des politiques de mobilité urbaine durable qui contribuent à la récupération après l’épidémie.
Les villes européennes sont parmi les plus durement touchées par l’épidémie. Le maire de Strasbourg et l’adjoint au maire et secrétaire aux transports de Madrid ont donné des exemples de mesures prises pour respecter les consignes de distanciation physique pendant l’épidémie, et comment les transports publics ont été renforcés pour assurer une liaison régulière avec les hôpitaux. La réduction du nombre de personnes autorisées à monter dans les bus et la fourniture d’équipement sanitaire aux travailleurs ont été quelques-unes des principales mesures quotidiennes mentionnées ; la coordination entre les différents niveaux de gouvernement et l’ensemble des acteurs sociaux a été soulignée comme étant un impératif au maintien de dispositifs de transport sûrs et ordonnés.
La deuxième partie de la session a mis en évidence la manière dont les partenariats entre les collectivités territoriales, les syndicats et organisations de transport, le secteur privé et la société civile peuvent contribuer à garantir des modes alternatifs de mobilité urbaine et à développer une approche multimodale de la mobilité. Le président de World Enabled a appelé à repenser les modes de transport dans la perspective de l’accessibilité pour tous, soulignant que la crise offre une occasion de renforcer la résilience.
Le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du rail, de la mer et des transports (RMT) a rappelé l’importance de la protection des travailleurs dans les secteurs de transport les plus vulnérables et les moins bien organisés, et souligné que l’épidémie met désormais en lumière les agents de nettoyage et les travailleurs qui sont souvent ignorés, affirmant que cela est essentiel pour le bien-être des sociétés.
Le délégué général de Creative Mobilities a appelé à lier la culture et les transports pour garantir le droit de se déplacer et pour renforcer la portée des campagnes qui mettent en lumière la valeur des transports publics.
Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a clôturé la session en soulignant la valeur des transports publics, essentiels à la couverture des besoins fondamentaux. Elle a insisté sur l’importance de maintenir la régularité et la fréquence des transports publics ainsi que les conditions d’hygiène. Elle a ajouté qu’il était nécessaire de “s’assurer que nous avons un moyen sûr de rester chez nous, mais aussi que nous sommes capables de prendre soin des travailleurs. Les gens ont besoin de se sentir à nouveau en sécurité dans les transports publics, et cela nécessite de s’adapter aux nouvelles réalités et de fournir des informations en continu”.
Les exercices d’apprentissage en direct se poursuivront avec des sessions hebdomadaires les mercredis et jeudis pendant toute la durée de la crise. Les prochains sujets abordés comprendront l’accès à la technologie dans la prestation de services, le rôle des associations de gouvernements locaux et la migration, montrant comment les villes du monde entier s’attachent à surmonter les défis avec une nouvelle génération de solutions.