Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local : CGLU Afrique se joint au Royaume du Maroc pour une célébration Réussie
Un an après son retour au sein de l’Union Africaine (UA), le Royaume du Maroc à l’instar des autres pays du continent, a tenu à marquer de son empreinte la célébration le 10 août 2018 , de la Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local (JADDL).
Le gouvernement du Maroc, l’Organisation Panafricaine Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), l’Association des Régions du Maroc (ARM) et l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC) ont ainsi organisé une conférence autour du thème central arrêté par l’UA pour cette journée : «Lutter contre la corruption au niveau local : une voie durable pour transformer l’Afrique à partir de ses Territoires». La rencontre s’est tenue le vendredi 10 août 2018 au Siège du Ministère de la Culture et de la Communication du Royaume du Maroc.
La conférence a suscité l’intérêt de plusieurs responsables gouvernementaux, des membres du corps diplomatique accrédités au Maroc, des représentants d’organisations internationales, d’experts, de chercheurs et d’académiciens. La rencontre a vu les allocutions d’ouverture de: Son Excellence M. Abdelahad Fassi Fihri, Ministre de l’Aménagement du territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, M. Abdelouahhab El Jabri, Gouverneur, Directeur de la Formation des Cadres Administratifs et Techniques, représentant du Ministre de l’Intérieur , M. Mohamed Benyacoub, Directeur des Arts, représentant du Ministre de la Culture, M. Mohamed Aouad, Vice-président de l’ARM, M.Mohamed Yassine Daoudi, Vice-président de l’AMPCC, Mme Leila Rhiwi, représentante du Bureau multi-pays de l’ONU Femmes pour le Maghreb et M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique.
Les différents intervenants ont salué les instruments juridiques qui existent déjà en matière de lutte contre la corruption et les efforts mis en place par le Maroc pour leur mise en œuvre notamment au niveau local à travers sa politique de régionalisation avancée. « La lutte contre la corruption passe par l’opérationnalisation des dispositifs juridiques, la réalisation des outils pour la promotion de la démocratie participative et la digitalisation qui est également un moyen efficace à travers la dématérialisation des procédures » a confié le gouverneur Abdelouahhab El Jabri. Il a également annoncé que le Maroc adoptera sa charte de la déconcentration administrative d’ici octobre 2018.
Selon le Ministre de l’urbanisme, M. Abdelahad Fassi Fihri, le combat passe aussi par le renforcement des services décentralisés. Il exhorte également les collectivités territoriales à redonner la place à la planification urbaine. Le vice –président de l’AMPCC , M. Yassine Daoudi a émis le souhait de voir son pays signer et ratifier la Charte Africaine sur les Valeurs et Principes de la Décentralisation, de la Gouvernance Locale et du Développement Local, pour avoir un instrument juridique spécifique pour la gouvernance locale continentale. Cette charte a été adoptée lors de la Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etas et de Gouvernements, tenue du 26 au 27 juin 2014 à Malabo (Guinée Equatoriale).
Pour combattre la corruption au niveau local, l’approche genre doit être prise en compte car les « femmes sont dans la majorité des cas, victimes de manière négative d’actes de corruption. Elles sont plus touchées par ce mal et cela renforce les inégalités entre les sexes », a tenu à préciser Mme Leila d’ONU Femmes. «L’éradication de la corruption est un processus qui passe par l’intégration de la perspective genre en matière de lutte. Il faut bien comprendre le lien qui existe entre le genre et la corruption et, promouvoir l’adoption d’une budgétisation participative avec une approche genre»,tels sont les points sur lesquels, elle a insisté.
La contribution de CGLU Afrique
M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique a rappelé qu’en cette année 2018 qui est placé par l’Union Africaine sous le signe de la lutte contre la corruption il est important de passer à l’action afin que « les populations n’aient pas toujours cette impression que rien ne change ». « CGLU Afrique s’est associé au Maroc dans cette célébration pour l’exemplarité du pays en matière de régionalisation avancée. Néanmoins, je demande votre appui Messieurs les ministres, pour que le pays signe et ratifie la charte qui permettra d’améliorer la gouvernance locale », plaide-t-il.
Comme contribution dans la lutte contre la corruption, CGLU Afrique recommande à ses membres et aux collectivités territoriales du continent de :
– Faire en sorte que les collectivités locales adoptent une charte de service aux populations et que cette charte soit connue, qu’elle soit affichée dans leur administration et diffusée dans les médias ;
– D’adopter les guichets uniques pour tous les services administratifs aux citoyens ;
– D’adopter l’outil budget participatif qui permet une implication du citoyen dans la gestion des finances de la commune,
– D’adopter des budgets locaux sensibles au genre.
En partenariat avec Transperency International, CGLU Afrique va mettre en place l’index sur la transparence et l’intégrité des collectivités territoriales dont la phase pilote est actuellement en cours de mise en œuvre dans des communes volontaires en Ouganda, en Namibie et au Kenya. Cet outil sera présenté lors du sommet Africités 8 du 20 au 24 novembre 2018 à Marrakech au Maroc.
Les élus locaux marocains sont aussi invités à promouvoir l’approche coaching territorial au sein de la coopération Sud /Sud. Outil lancé en 2009 par GLU Afrique avec la région de l’Oriental au Maroc et qui s’étend déjà au Sénégal dans la région de Kaolack depuis 2017.
Les participants ont également débattu des deux sous-thèmes de cette journée à savoir :
– Corruption et Conflits d’Intérêt dans la gestion des affaires locales : un frein à la fourniture des services de base aux populations locales, à la justice et la paix sociale ;
– Bonne Gouvernance Locale et promotion du rôle de la Société Civile et des Médias : Gage de succès pour la lutte contre la corruption dans les territoires.
Dans son intervention, M. Mouatadid Moulay Abdellatif de l’Instance Centrale de Prévention de la Corruption (ICPC) a relevé le fait que le concept de conflit d’intérêt demeure difficile à appréhender. « Il est souvent confondu avec l’incompatibilité ou le cumul de mandat. Pour bien gérer les conflits d’intérêt il faut toujours faire primer l’intérêt général. Les médias doivent jouer un rôle très important de sensibilisation. Ils doivent diffuser une politique de tolérance zéro face aux actes de corruption, mobiliser l’opinion publique pour dénoncer et contrer ces pratiques, avoir un code d’éthique et de déontologie, revoir les statuts des journalistes qui sont eux souvent gangrené par ce phénomène dans l’exercice de leur fonction, renforcer les capacités des professionnels de l’information surtout en matière de journalisme d’investigation », a-t-il exposé. Comme recommandation, M. Abdellatif préconise une approche globale et intégrée où chaque acteur joue son rôle.
L’approche européenne en matière de lutte contre la corruption au niveau local a aussi été partagée. M. Jose Luis Herrero Ansola, chef du Bureau du Conseil de l’Europe au Maroc a présenté les 12 principes de la bonne gouvernance démocratique. Cet outil prône les valeurs de transparence, responsabilité, gestion saine, obligation de rendre des comptes. « Le conseil de l’Europe dispose d’un mécanisme de suivi pour évaluer les municipalités qui respectent leur engagement. L’évaluation se fait en 3 étapes : auto évaluation par les autorités locales elles-mêmes (via un questionnaire), l’évaluation du public (enquête citoyenne), satisfaction des élus à travers des entretiens avec eux », explique –t-il.
La rencontre a également enregistré une présentation sur les principes de la bonne gouvernance dans les lois de la décentralisation au Maroc. Le document a été présenté par M.Adil El Moudden, de la Direction Générale des Collectivités Locales. M. Said Chakri de l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA) a fait une présentation sur « l’Afrique et la justice climatique ». Il a indiqué que la corruption est un frein à la lutte contre le changement climatique car la porte d’entrée des 17 Objectifs de développement Durables est environnementale, y compris l’ODD 16 qui vise à réduire nettement la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes (Cible 16.5) et à mettre en place des Institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux (Cible 16.6). « 40% d’Africain vive dans une extrême pauvreté pourtant l’Afrique a un potentiel humain énorme qui sera de 2 milliards d’ici 2050. En matière de vulnérabilité au changement climatique, aucun pays africain n’est à l’abri pourtant l’Afrique est le continent qui pollue le moins », a-t-il déploré.
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