Sommet des élus locaux et régionaux pour le climat : La contribution des élus africains pour la localisation de la finance climat

Plus de 1000 participants, dont 780 élus locaux ont pris part au 2e Sommet des Elus Locaux et Régionaux tenu le 14 novembre 2016 dans la ville ocre de Marrakech en marge de la COP22.

Après la première édition de Paris en 2015, les élus locaux africains se sont fortement mobilisés pour voir leurs préoccupations quant à l’accès à la finance climat pris en compte par la feuille de route de Marrakech adopté en clôture du sommet.  Le sommet a été organisé par l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC) et l’Association des régions du Maroc (ARM) en partenariat avec les grands réseaux internationaux de gouvernements locaux et régionaux dont CGLU Afrique.

 

Photo-Climate Summit-2 Le 2e sommet des élus locaux et régionaux pour le climat a enregistré la participation des élus de 114 pays dont 50 du continent africain. Pour cette 22e conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22) que Marrakech a accueilli pour la deuxième fois après la COP 7 de 2001, les élus du continent ont marqué de leur empreinte les travaux.

 

En effet, le passage en revue par les participants de la thématique « Financer la mutation durable des territoires», a abouti à l’adoption de la Feuille de route de Marrakech : « Pour un cadre d’action mondial pour la localisation du financement climatique – l’Appel des villes et des régions du monde entier» ; le document tient compte des préoccupations des élus africains.

 

 

Les deux principales actions de la feuille de route prévoient :

– Le lancement d’une campagne mondiale pour la localisation de la finance climat pour l’année 2017 ;

– La mise en place d’un cadre d’action mondial pour la localisation de la finance climat pour l’année 2020.

 

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Ces Points, rejoignent la Déclaration de Cotonou adoptée lors du Forum pré-COP22 des élus locaux et régionaux d’Afrique, organisé par CGLU Afrique. Au Bénin, les élus ont notamment demandé :

– La création d’un guichet dédié aux collectivités au sein du Fonds Vert Climat,

– La mise en place, dans la période 2017-2019 précédant l’entrée en opération du Fonds Vert Climat en 2020, d’un programme massif de renforcement des capacités des collectivités territoriales d’Afrique et de leurs associations pour que celles-ci soient en mesure de préparer et de soumettre des dossiers bancables au Fonds Vert Climat et aux autres mécanismes de la finance climatique.

 

La feuille de route de Marrakech salue «tout particulièrement» la constance du leadership politique des élus du continent africain «au travers des Déclarations de Yamoussoukro en 2015 et de Cotonou en 2016».

Les participants ont ainsi répondu favorablement à l’invitation faite en ouverture du Sommet par M. Mohand Laenser, président de l’Association des Régions du Maroc (ARM).  «Il est important d’interroger toutes les possibilités de mobilisation des financements. Les collectivités territoriales du continent africain devront être plus présentes. Ce n’est qu’en position de décideur que les acteurs locaux pourront impacter», dira-t-il.

«On ne peut pas envisager la lutte contre les changements climatiques sans l’implication des collectivités locales et le soutien des bailleurs de fonds qui doivent tenir compte des exigences des pays en voie de développement», a rappelé Fouad El Omari, Président de l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC).

Pour sa part, le Sud-Africain Parks Tau, Président de CGLU a souligné dans son allocution d’ouverture que la mise en œuvre de l’accord de Paris ne peut se faire sans tenir compte des principaux agendas internationaux dont le Nouvel Agenda Urbain d’Habitat III.

 

Partages d’expériences 

La journée du 14 novembre 2016 a également été une excellente plateforme de partage d’expérience au sommet des élus locaux et régionaux pour le climat.

«La femme doit être au cœur des actions en faveur du climat». Tel est le plaidoyer fait par Mme Célestine Ketcha Courtès, présidente du Réseau des Femmes Elues d’Afrique (REFELA) lors de son intervention au panel « Pour un partenariat des acteurs au service du financement des territoires résilients ». «C’est la femme qui gère la famille. C’est elle qui est en contact avec toutes les actions qui peuvent être en faveur ou contre le climat», explique l’édile de la ville de Bangangté (Ouest Cameroun). Comme bonne pratique, elle a partagé la construction des latrines écologiques qui permettent de produire de l’urée et du compost écologique dans sa commune depuis 2013.

Membre du même panel, M. Abdellatif Miraoui, Président de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech a invité les élus à travailler avec leurs universités pour trouver des solutions dans la lutte contre les changements climatiques.

Le maire de la ville de Cotonou, M. Lehady Soglo est venu à Marrakech pour trouver auprès des instituts de financement des solutions durables aux problèmes récurrents d’inondations dans sa ville. Il souhaite ainsi que «le sommet soit réellement celui de la concrétisation avec la mise à disposition des financements pour les projets concrets et tangibles des collectivités locales».

Dans cette attente, la capitale béninoise va commencer par profiter du «savoir-faire de la région de Marrakech afin que Cotonou devienne un espace de poumon vert. La ville de Marrakech à une odeur à cause de ses jardins. Nous voulons mettre un partenariat en place dans ce sens», confie M. Soglo.

Pour l’heure, l’équipe municipale remet «à l’ordre du jour les campagnes de salubrité et la distinction des quartiers les plus propres. Je crois qu’à travers la sensibilisation nous amènerons les citoyens à comprendre que ce sont eux qui sont les premiers concernés», précise le maire.

Photo-Climate Summit-1 Dans le Nord de la Cote d’Ivoire, Mme. Nassénéba Touré, maire de la commune d’Odienné est déterminée à impliquer les jeunes dans la lutte contre la pollution.

 

«En tant que gérante de collectivité, au niveau de la gestion des déchets et de la réduction des gaz à effet de Serre, nous essayons de réduire le transport des motos. Dans la zone du nord, les motos produisent 102 gramme de CO2 par kilomètre.  Avec une moyenne de 2000 à 3000 motos dans une commune, on a affaire à une grande pollution.  Nous créons des emplois dans le secteur de l’agriculture pour sortir les jeunes de ce secteur afin de voir selon la productivité, comment nous pourrons financer les «e-Cities». Avoir des matériaux moins polluants comme les vélos électriques et les motos qui produisent moins de gaz», explique Mme. Nassénéba Touré.

Le président de l’Association Rwandaise des collectivités Locales (RALGA) a, quant à lui, partagé les efforts de son pays qui se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables avec la construction de la plus grande centrale d’énergie solaire d’Afrique subsaharienne. M. Innocent Uwimana a notamment mentionné la lutte contre la déforestation en cours au Rwanda pour contribuer à la réduction des émissions carbone.

 

Déclarations

A noter que le réseau des Femmes Elues d’Afrique (REFELA) a fait une déclaration pour la COP22. Elle est disponible ici.

L’Association des Autorités Traditionnelles d’Afrique pour une gouvernance locale dynamique et durable a également fait une déclaration à Marrakech. Ladite association a été créée à  l’issue des premiers entretiens des Autorités Traditionnelles d’Afrique autour de leur engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, tenus  à l’initiative de CGLU Afrique, les 11 et 12 novembre à Marrakech. La déclaration est disponible ici.

Consultez la feuille de route de Marrakech ici.