Première conférence nationale sur le marché du Carbone au Maroc : Invitation à impliquer les collectivités territoriales dans le processus
La première Conférence nationale sur le marché de carbone au Maroc a vu les experts souligner l’implication nécessaire des collectivités territoriales pour l’atteinte de ce mécanisme qui vise la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) et la lutte contre les changements climatiques. Les premiers résultats des études de faisabilité de la création d’un marché carbone au Maroc seront présentés à l’occasion de la COP23 à Bonn (6-17 novembre 2017).
«Il est important d’impliquer les territoires dans la transition vers l’énergie à bas carbone», telle est la conviction de M. Mustapha Bakkoury, président de l’Agence marocaine pour le développement des énergies renouvelables (Masen), par ailleurs président de la Région Casablanca-Settat. Il n’a pas hésité à défendre cette position lors des échanges de la première conférence nationale du Maroc sur le marché du Carbone tenue le 7 juillet 2017 à l’hôtel Sofitel de Rabat.
Pour le spécialiste des questions énergétiques, la question du carbone n’a pas été assez abordée durant les précédentes COP. « Durant toutes les COP on a parlé de tout sauf de ce sujet. Le carbone est probablement le mécanisme qui conduira à une transition énergétique bas carbone. Il est important d’impliquer les territoires à ce niveau. La solution est de parler d’un marché mondial du carbone. J’espère que la tarification du carbone sera inscrite à l’ordre du jour la COP23», dit-il.
La rencontre organisée par le Secrétariat d’Etat auprès du Ministre de l’Energie, des Mines et du Développement durable, chargé du développement durable en partenariat avec la banque mondiale avait pour but de définir les mécanismes pertinents pour mettre en place un modèle marocain a présenté sur le marché du carbone afin qu’il inspire au niveau international.
Dans sa volonté de lutte contre le changement climatique, le Maroc pays hôte de la COP 22 envisage ainsi de servir de modèle sur le marché du Carbone pour les autres pays du continent. Le thème retenu pour la rencontre est : «quel mécanisme marché carbone pour atteindre les engagements climat du Maroc ? » Les différents acteurs conviés aux débats ont fait part de leurs expériences au sien de 3 panels.
Réduction de gaz à effet de serre (GES) au Maroc
Le premier panel dans lequel figurait M. Mustapha Bakkoury s’est penché sur : «Comment les grands opérateurs économiques du Maroc peuvent-ils contribuer à l’effort national de réduction des émissions de carbone dans le cadre de l’accord de Paris ?
L’ONEE (Office national de l’électricité et de l’eau potable) qui contribue à hauteur de 13% d’énergie solaire au Maroc envisage faire plus à travers la mise en œuvre de son plan de développement 2017-2030. Pour sa part la Royal Air Maroc, s’engage à atteindre d’ici à 2020, -3% de consommation en carburant. Le secteur de l’aviation étant très concerné par le domaine du marché carbone, la compagnie a lancé le «Fuel Efficiency Program»depuis 2006» pour réduire sa consommation en carburant.
La Fondation Mohamed VI pour la protection et l’environnement a une expérience avérée sur la question grâce à la mise en ligne d’un calculateur carbone en Août 2016. Un outil qui permet de mesurer l’empreinte carbone liée aux différents modes de déplacements, avion, voiture, train ou moto. Sur ce volet, l’implication des collectivités territoriales est à nouveau sollicitée par M. Abdelaziz Belhouji, conseiller à la Fondation Mohammed VI. « Le programme de compensation volontaire du carbone que nous avons lancé a un objectif pédagogique à inciter les entrepreneurs à évaluer leur émission. Cet outil a été mis en place pour les entreprises et on le mettra au service des territoires», promet-il.
Tarification carbone
Le deuxième panel a traité des « nouveaux instruments financiers climat comme support pour la mise en place des NDCs ». Les intervenants ont notamment relevé le fait que L’article 6 de l’accord de Paris souligne le rôle important de la tarification carbone. Néanmoins, l’article 6 comporte des « complexités des moyens de financement», souligne Aziz Mekouar, ambassadeur négociateur-en-chef pour la COP22. Ce dernier partage les initiatives prises par le Maroc pour faire face à la situation. «Le Maroc a créé une plateforme d’identification des sources de financement au sein des NDC (contribution déterminée au niveau national). Nous avons lancé la plateforme NDC Partnership pour le renforcement des capacités pour la finance et créer le Centre de Compétences du Changement Climatique du Maroc (4C Maroc) ».
Le 4C comprend la participation des acteurs étatiques, les entreprises, la recherche, les ONG et les collectivités locales. Il s’agit d’une instance centrale de coordination et de montée en compétences qui représentera, avec le Burundi, l’Afrique au sein de Comité de Paris sur le Renforcement des capacités.
La secrétaire d’Etat Mme Nezha El Ouafi, a précisé que « la finance carbone ne repose pas uniquement sur le marché des droits d’émissions de GES, mais surtout sur la taxe carbone».
M.Abdelaziz Belhouji, de la Fondation Mohammed VI ,explique qu’il faut faire la différence entre le prix et la taxe carbone. «Le premier est mis en place pour supporter le coût des dommages engendré par les émissions de CO2. Tandis que le second est un taux d’imposition qui vise à dissuader l’émetteur de CO2», dit-il.
Bonnes pratiques
Le dernier panel a traité de l’Etat de l’art des mécanismes carbones dans le monde : «Meilleures pratique du marché carbone».
Pour plus d’info sur l’origine du marché du Carbone, visualisez cette vidéo : Un marché pour dépolluer ? Dans les coulisses d’une décision publique