CGLU Afrique résolu à appuyer les Autorités Locales et leurs Associations Nationales dans le dialogue et l’interaction avec le gouvernement central et la délégation de l’Union Européenne au niveau des pays dans le cadre de la nouvelle programmation de la coopération de l’UE (2021-2027)

CGLU Afrique a organisé le 19 juin 2020 un deuxième webinaire dans le cadre de la préparation des collectivités territoriales et de leurs Associations Nationales dans le dialogue et l’interaction avec le gouvernement central et la délégation de l’UE au niveau des pays sur le prochain cycle de programmation de l’UE (2021-2027).

Destiné aux secrétaires permanents des associations nationales  des collectivités territoriales et aux consultants nationaux chargés de l’appui technique à l’association nationale, ce second rendez-vous faisait suite au webinaire tenu le 7 mai au profit des Présidents et des secrétaires permanents des Associations Nationales.

En effet, l’Union Européenne va démarrer en juillet 2020 le processus de programmation de sa coopération avec les pays partenaires pour la période 2021-2027. Pour la première fois, les autorités locales vont participer dans ce processus en tant qu’acteur public aux côtés de l’Etat central qui était auparavant le seul acteur public associé à la définition des priorités de la coopération européenne.

Pour mener à bien ce processus il est important pour les collectivités territoriales africaines de miser sur deux étapes :

La première étape,  concerne le dialogue avec l’Etat pour construire un front uni des autorités publiques, et avoir une position commune sur les priorités que les autorités publiques du pays souhaitent mettre en avant dans le cadre du programme de coopération de l’Union européenne.

La deuxième étape consiste à négocier avec la délégation de l’Union européenne les priorités de la nouvelle coopération et les modalités concrète de sa mise en œuvre.

La rencontre a vu la participation de 22 associations nationales de collectivités territoriales et les consultants retenus par CGLU Afrique pour les appuyer sur le plan technique afin de réussir leur processus de préparation, de plaidoyer, d’interaction et de  négociation. En effet, le secrétariat de CGLU Afrique a proposé aux associations qui le souhaitent de mobiliser à ses frais, les services d’un consultant national.

Dans son intervention, le Secrétaire général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi, a rappelé le processus de sélection des consultants qui a été fait de façon conjointe avec les associations nationales. Ces dernières avaient soumis une short liste de cinq consultants par pays , dont un a été retenu par le comité de sélection de CGLU Afrique.

M. Mbassi est revenu sur le nouveau contexte favorable à la participation des autorités locales au nouveau cycle de programmation de la coopération européenne, les obstacles à surmonter pour une pleine participation des autorités locales à ce processus, la préparation des autorités locales à jouer un rôle proactif dans le processus de programmation, le dialogue stratégique à engager entre l’État central et les autorités locales, l’importance  pour les délégations de l’UE à interagir avec les autorités locales. Il a conclu en  présentant les 5 étapes proposées par CGLU Afrique pour faciliter l’intégration des collectivités territoriales  dans la programmation de l’UE 2021-2027, à savoir :

Étape 1 : Dialogue stratégique entre le gouvernement national et les associations nationales de collectivités territoriales ;

Étape 2 : Consultation conjointe/commune entre les autorités publiques (gouvernement central et autorités locales) et les délégations de l’Union Européenne dans le cadre du processus de programmation de la coopération européenne ;

Étape 3 : Négociation et conclusion d’un accord-cadre de partenariat (CCP) entre la délégation de l’UE et les associations nationales de collectivités territoriales pour la durée du cycle ;

Étape 4 : Exploration avec l’État central et la délégation de l’UE des mécanismes de financement garantissant un accès direct  des collectivités territoriales aux fonds de la coopération européenne ;

Étape 5 : Influencer la rédaction par la Direction générale de la coopération internationale et du développement (DG DEVCO) des lignes directrices et d’une note d’orientation politique relative à l’intégration des autorités locales dans la coopération européenne.

A la suite de M. Mbassi, le Président de CGLU et Président de l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC), M. Mohamed Boudra  a adressé un mot d’encouragement aux participant(e)s, en soulignant que le travail à mener se situe à deux niveaux « Le niveau politique et le niveau technique.  Nous avons une plateforme pour le dialogue Afrique-Europe via le premier Forum Afrique-Europe des gouvernements Locaux tenue en 2017 à Abidjan. Il faut s’appuyer sur la déclaration produite lors de cette rencontre pour mener la négociation sur le plan politique. La lutte pour la décentralisation n’est pas facile. C’est une lutte permanente pour la réussir, il faut la conduire en évitant les ruptures. Pour réussir cette décentralisation, le partenariat avec l’UE est important », a tenu à souligner M. Boudra.

La place a ensuite été faite aux échanges avec les secrétaires permanents et les consultants sur trois aspects fondamentaux :   

  • La compréhension des termes de références des consultants ;
  • La nature des rapports entre l’Etat et l’association dans chaque pays ;
  • Comment les participant(e)s appréciaient les 5 étapes proposées.

Les termes de références ont été jugés très clairs par les différentes associations et les consultants.

Les rapports entre le gouvernement central et les associations des collectivités territoriales sont matérialisés par un dialogue constant dans plusieurs pays. C’est notamment le cas pour le Sénégal, le Cameroun, la Zambie, le Liberia,  le Mozambique, le Burundi, le Bénin, le Niger, le Burkina Faso, le Nigeria et la République Centrafricaine. Néanmoins, le dialogue se crispe lorsqu’il s’agit du transfert des ressources. « Le défi est de créer des bonnes relations avec les gouvernements centraux pour les finances », indique Maurice Mbolela,  Secrétaire permanent de l’association des gouvernements locaux  de Zambie.   Du côté de la Guinée, les rapports sont jugés moyens avec l’Etat central. En Libye, le contexte de crise dans lequel se trouve le pays avec deux gouvernements aux commandes, ne permet pas aux collectivités territoriales de jouer convenable leur rôle.

Certaines associations ont  déjà pris contact avec les délégations de l’UE de leur pays. Pour le Mali, l’AMM (Association des Municipalités du Mali) a pris contact juste après avoir été informée  de la nouvelle dynamique adoptée par l’UE,  lors du premier webinaire de CGLU Afrique.  C’est également le cas pour les Comores, la Zambie, le Mozambique et la Mauritanie. Au Bénin et au Burkina, l’ANCB et l’AMBF ont l’habitude de travailler avec la délégation de l’Union Européenne.

En outre, les associations nationales présentes adhèrent aux 5 étapes proposées et s’engagent à tenir les webinaires nationaux pour préparer leur membres aux négociations.  Certains pays s’attendent à gérer des délais serrés dû à l’installation des nouveaux maires (Comores) et le renouvellement des instances de l’association nationale (Cameroun).

D’autres ont soulevé une difficulté d’accès à Internet (Burundi, Liberia, Tchad) pour la tenue du webinaire national en y associant l’ensemble de leurs membres. Le planning des webinaires nationaux pour ceux qui le peuvent sera établi à la fin du mois de Juin courant. Les rencontres se tiendront avec l’appui logistique de CGLU Afrique.

A la clôture de la rencontre, M. Mbassi a insisté sur le fait qu’« Il est important de travailler avec l’Etat pour la reconnaissance des Collectivités territoriales comme acteur public. La charte africaine de la décentralisation est un argument de poids pour commencer le dialogue avec l’État central dans ce sens, explique –t-il. Par ailleurs, l’UE reconnait les collectivités territoriales en tant que  partenaires et tous les pays ont adopté l’Agenda 2030, qui devra être localisé pour ne laisser personne en marge. Nous devons donc saisir l’opportunité qui nous est offerte par la programmation Européenne. L’Etat central doit savoir qu’il  a un nouvel allié, les collectivités territoriales, pour améliorer la vie des citoyens. A la sortie de ces dialogues, il faut que soit conclut un accord cadre entre les 3 parties».