Participation du secrétaire général de CGLU Afrique à la Réunion de haut niveau sur ONU-Habitat

Le secrétaire général de CGLU Afrique a effectué du 3 au 7 septembre 2017 une mission au sein de l’Organisation des Nations Unies à New York pour participer à la Rencontre de Haut Niveau sur le Nouvel Agenda Urbain et ONU Habitat, à l’invitation du Président de la 71eme session de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Le secrétaire général faisait partie d’une délégation de la Global Task Force des gouvernements locaux et régionaux conduite par le Président de CGLU, Cllr Mpho Parks Tau.

La Rencontre a été ouverte le 5 septembre à 10:00 par les allocutions de :

– S.E. Peter Thompson, Président de la 71eme Assemblée Générale des Nations Unies;

– S.E. Madame Amina Mohamed, Secrétaire Général-Adjoint des Nations Unies ;

– Dr Joan Clos, Directeur Exécutif de ONU-Habitat

La Rencontre a ensuite entendu le rapport du Panel Indépendant chargé d’évaluer et d’améliorer l’efficacité d’ONU-Habitat. Le Panel Indépendant était co-présidé par Son Excellence Rosario Roables, secrétaire des Affaires agraires, et du Développement Territorial et Urbain du Mexique ; et l’Honorable Mpho Parks Tau, président de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU). Le Panel Indépendant a reçu du Secrétaire Général de l’ONU mission de faire des propositions pour la réforme de ONU-Habitat en cohérence avec la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain et l’intégration de la dimension urbaine dans l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement durable, et d’inscrire ses propositions dans le cadre général de la réforme en cours du système des Nations Unies.

Après la présentation du rapport du Panel Indépendant, trois séries de discussions interactives sur le positionnement de ONU-Habitat dans la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain ont été organisées autour des questions suivantes :

1. Le mandat normatif et opérationnel de ONU-Habitat et le travail de ONU-Habitat avec les gouvernements et les autres parties prenantes ;

2. La structure de gouvernance et la capacité financière de ONU-Habitat ;

3. La mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain et des Objectifs de Développement Durable : le rôle du système des Nations Unies.

Une consultation des Parties prenantes suivie d’un débat en plénière au cours du Segment de Haut Niveau ont permis de discuter en détail les conclusions du rapport du Panel Indépendant dont les principales propositions sont les suivantes :

1. Revoir le mandat de ONU-Habitat dans le but de renforcer sa fonction normative qui a eu tendance à être moins présente dans les interventions et activités de cette agence au cours des dernières années par rapport à sa fonction opérationnelle ;

2. Revoir la gouvernance de ONU-Habitat d’abord en ouvrant  la qualité de membre de ONU-Habitat à tous les États Membres et à tous les acteurs (universal membership), puis en mettant par conséquent en place une assemblée générale regroupant tous les acteurs (y compris les gouvernements locaux)  qui se  réunirait chaque année entre les sessions du Governing Council qui conserverait son caractère intergouvernemental et la périodicité bisannuelle de ses réunions.

3. Revoir le financement de ONU-Habitat. ONU Habitat figure parmi les agences du système des Nations Unies les moins bien financées. La situation est telle qu’une grande partie du personnel de cette agence émarge sur les fonds de projets et non pas sur les fonds du budget général des Nations Unies. D’où la proposition d’augmenter le niveau d’allocation du budget général de l’ONU afin d’améliorer l’exercice de la fonction normative de ONU-Habitat.

4. Améliorer la coordination dans la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain qui ne saurait relever d’une seule agence de l’ONU. D’où la proposition de mettre en place un mécanisme de coordination inter-agences appelé UN Urban. Ce mécanisme serait établi au siège à New York, et serait localisé au département des Affaires sociales (UNDESA) du conseil économique et social (ECOSOC).

5. Considérer d’intégrer l’approche territoriale du développement parmi les innovations à même de décloisonner la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de favoriser une meilleure prise en compte de l’impact du Nouvel Agenda Urbain sur le terrain

6. Intégrer le Forum Urbain Mondial dans la gouvernance du Nouvel Agenda Urbain en tant qu’espace multi-acteurs d’échanges et d’évaluation sur la mise en œuvre dudit Nouvel Agenda Urbain.

À la suite de la consultation des Parties prenantes les débats du Segment de Haut Niveau ont permis de recueillir les avis et recommandations ci-après :

1) La majorité des États Membres ont salué le travail du Panel Indépendant et apprécié en général les analyses présentées, notamment celles concernant les améliorations à apporter dans la gouvernance comme dans la gestion de ONU-Habitat.

2) Les États Membres ont considéré que ONU-Habitat avait reçu mandat à Quito d’être l’agence de l’ONU en charge de la mise en œuvre et de l’évaluation périodique du Nouvel Agenda Urbain. C’est pourquoi ils ont approuvé la proposition de réformer cette agence, de renforcer ses capacités et d’améliorer son financement. Ils ont toutefois demandé que des réflexions plus approfondies soient menées par rapport à la proposition de l’ouverture de ONU-Habitat à l’universalité des Membres compte tenu de sa nature intergouvernementale, et par rapport à la structure de gouvernance proposée. Ils ont insisté pour que toute réforme de ONU-Habitat soit inscrite dans le cadre de la réforme générale du système des Nations Unies.

3) Les États Membres considèrent que pour être efficace le travail normatif doit prendre appui sur le travail opérationnel. Il faut se garder d’introduire une dichotomie entre ces deux aspects du mandat de ONU-Habitat, la faiblesse du travail normatif étant plutôt liée à la faiblesse des ressources humaines et du financement de l’aspect normatif du mandat de ONU-Habitat qui devrait en principe être pris en charge par le budget général de l’ONU.

4) Par contre la proposition de mettre en place à New York une nouvelle instance, UN Urban, mécanisme de coordination inter-agences de l’ONU pour la mise en œuvre du Nouvel Agenda a été rejetée par la majorité des Etats Membres car cette proposition leur est apparue redondante par rapport au mandat de ONU-Habitat, et sans plus-value évidente.

5) Tout en reconnaissant le besoin d’une meilleure coordination et synergie entre agences des Nations Unies pour la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain et l’intégration de la dimension urbaine dans les objectifs de développement durable, les États Membres ont estimé que la proposition du renforcement de la présence de ONU-Habitat dans les principaux centres régionaux de l’ONU devrait contribuer à améliorer la coordination avec les autres agences de l’ONU sans qu’il y ait besoin de créer une instance supplémentaire, au moment où l’on parle de rationaliser le fonctionnement du système des Nations Unies. Ils ont toutefois demandé que cette proposition fasse l’objet d’une évaluation précise de son coût afin que ce dernier soit inclus dans les fonds alloués à ONU-Habitat par le budget général des Nations Unies.

6) Les États Membres ont apprécié la proposition d’intégrer l’approche territoriale dans le travail des Nations Unies, une des innovations proposées par le Nouvel Agenda Urbain pour plus d’efficacité des interventions, y compris du système des Nations Unies. Ils ont recommandé que cette approche soit adoptée par l’ensemble des agences des Nations Unies pour répondre à l’exigence de la localisation des ODD et des autres agendas mondiaux, et au souci d’une meilleure complémentarité et d’un meilleur impact des interventions de ces agences sur le terrain.

7) Les États Membres ont reconnu l’importance de collaborer plus étroitement avec les gouvernements locaux dans la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain et convenu de la nécessité de trouver des arrangements institutionnels appropriés pour organiser et faciliter cette collaboration.

En marge de la Rencontre de Haut Niveau proprement dite et afin d’approfondir l’interaction entre les gouvernements locaux et les Nations Unies, un déjeuner de dialogue et d’échanges a été organisé le 6 septembre 2017 au siège des Nations Unies, entre le Président de l’Assemblée Générale, l’Adjoint au Secrétaire général de l’ONU et les membres la délégation de la Task Force des gouvernements locaux et régionaux participant à la Rencontre de Haut Niveau. Les échanges ont permis d’apprécier la spécificité des gouvernements locaux et régionaux et leur rôle incontournable dans la gestion de l’urbanisation et dans la mise en œuvre des ODD comme de l’Agenda Urbain Mondial et des autres agendas globaux. Il est apparu clairement que le Nouvel Agenda Urbain introduit un changement de paradigme vis-à-vis de l’urbanisation qui est désormais appréhendée comme un instrument pouvant impulser le développement économique et social, la création d’emplois, tout autant que de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, à la condition expresse de mieux planifier sa gestion. La puissance publique dans sa double dimension nationale et locale est au cœur de la gestion de l’urbanisation, mais doit impérativement travailler avec les autres acteurs et la population dans son ensemble pour être en mesure de tirer avantage des opportunités offertes par l’urbanisation du monde, et d’apporter des réponses efficaces et durables aux défis qu’elle soulève au niveau des villes et territoires. Le dialogue a conclu au besoin d’établir des relations plus institutionnelles entre la communauté des collectivités locales et régionales et les Nations Unies.

Après le déjeuner de travail, et au cours de l’entrevue qu’il a accordée aux membres de la Task Force, le secrétaire général de l’ONU a proposé d’explorer trois options pour institutionnaliser les relations entre la communauté des gouvernements locaux et régionaux et les Nations Unies :

Option 1 (préférée) :

Mise en place d’une instance représentative de la voix des Autorités locales et régionales au sein du Conseil Économique et Social des Nations Unies (ECOSOC)

Option 2 :

Signature d’un Accord de Partenariat avec le Secrétariat Général de l’ONU et la Global Task Force des gouvernements locaux et régionaux, à l’image du Global Compact qui existe entre le Secrétariat Général des Nations Unies et le Secteur Privé

Option 3 :

Mise en place d’un mécanisme de collaboration et d’interaction permanente avec les élus locaux et régionaux dans le cadre du Groupe du Développement des Nations Unies placé sous la Présidence du Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies.

Le secrétaire général des Nations Unies a instruit ses collaborateurs de maintenir un contact régulier avec CGLU pour informer la communauté des Élus Locaux et Régionaux des avancées obtenues par rapport aux trois options institutionnelles envisagées.

 

New York, 7 septembre 2017

Jean Pierre Elong Mbassi

Secrétaire Général, CGLU Afrique