Afrcités 7 : Merci Joburg, bonjour Brazza
Le sommet Africités 7 termine ses travaux ce jeudi matin 3 décembre, au Centre de Conférences de Sandton à Johannesburgh. Rendez-vous est pris en Afrique centrale, à Brazzaville (Congo), dans trois ans pour le huitième sommet.
Au moment où nous mettions sous presse, le nouveau président de Cités et Gouvernement Locaux Unies d’Afrique (CGLU-A) n’était pas encore élu. Au bilan du sommet, il se dégage le net sentiment à travers les 92 sessions qui se sont succédées que les maires ont pris à bras-le-corps les nombreux problèmes de la vie quotidienne auxquels sont confrontées les populations dont ils ont la charge. Les ministres et les institutions de la coopération internationale ne sont pas en reste, et promettent de se donner la main pour atteindre les objectifs de la Vision 2063 pour l’Afrique. Maires, ministres et partenaires au développement ont exprimé leur volonté de tenir des échanges fructueux hier, au cours des allocations de la cérémonie d’ouverture des sessions politiques.
La cérémonie d’ouverture des sessions politiques du sommet Africités 7 s’est tenue en présence d’une auguste assemblée constituée des ministres, des maires, des autorités traditionnelles, des partenaires au développement et des participants au sommet. L’agenda de ces sessions a été communiqué par M. Jean –Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et Gouvernement Locaux Unies d’Afrique (CGLU-A). Elles seront ainsi ponctuées par des rencontres entre maires et autorités locales, rencontres entre ministres, rencontre entre partenaires au développement. Pour déboucher enfin sur la rencontre de dialogue tripartite « Maires-Ministre-Partenaires au développement », prévue ce matin. Les huit allocutions des officiels des différentes parties prenantes laissent présager la tenue de débats Francs.
Dans son discours de bienvenue, le maire exécutif de la ville de Johannesburg, Parks Tau a insisté sur le fait qu’il faut saisir cette occasion pour tenir compte des recommandations des différentes sessions qui ont animé le sommet. L’édile local a également lancé un message fort pour l’unité du continent à la base. « Aujourd’hui nous devons tirer les leçons du passé afin de nous libérer du joug de la colonisation. Il faut consolider nos efforts et collaborer ensemble indépendamment de nos pays d’origines. Nous devons suivre l’exemple de nos pairs : Julius Nyerere, kwame Nkrumah et bien d’autres. Le racisme, le régionalisme et la xénophobie ne peuvent pas exister dans la société africaine. Nous devons capitaliser les acquis pour réaliser la vision de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine ».
A sa suite, M. Khalifa Sall, maire de Dakar et président de CGLU-A a qualifié ces sessions politiques de «volet le plus important du sommet». Il a appelé ses collègues maires au dépassement de soi. « Il n y a pas de sujet qu’on ne puisse aborder si on a la volonté de se surpasser. Le vivre ensemble c’est accepter l’autre. Ne pas penser à soi mais à ce qui a été fait et surtout ce qui reste à faire. Si on ne parvient pas à nous accorder au sein de notre organisation nous ne pourrons pas parler aux partenaires ». En direction des autorités nationales, M . Sall indique : «c’est par une entente avec les autorités nationales que nous pourrons construire une gouvernance locale efficace. Nous devons voir comment construire les mé- canismes de dialogue. Après l’adoption par l’union africaine de la charte sur la décentralisation et la mise en place du Haut Conseil des collectivités locales, on doit se pencher sur la réflexion et la mise en œuvre. Ce qui peut nous permettre d’avoir une meilleure lecture de la décentralisation. Dans le transfert des compétences il faut le transfert des moyens, car les maires sont les premiers sollicités par les populations. On ne peut plus faire vivre les collectivités locales par les impôts et taxes. Nous devons ré- fléchir sur des ressources de nouvelles. Chers partenaires au développement, ouvrez-vous aux autorités locales, proposez des solutions afin que nous soyons autonomes. Ne nous laisser pas otage des états sous prétexte que vous êtes des organisations intergouvernementales».
M . Parvin Gordhan, Ministre de la Gouvernance Coopérative et des Affaires Traditionnelles (COGTA), de l’Afrique du Sud appel à une mise application des politiques déjà existantes pour faire la transformation des gouvernements locaux en Afrique. «Les ministres sont également préoccupés par la transformation de la gouvernance locale. Pour relever le défi de la lutte contre la pauvreté et l’inégalité, l’agenda 2063 donne une orientation pour les villes. Nous devons voir comment appliquer ses politiques et non créer de nouvelles politiques. Les ministres et les maires doivent explorer de façon centrale tous les mécanismes de collaboration. Il est temps que nous puisons transformer les gouvernements locaux en Afrique».
Dans son discours, Mme Takyiwaa Manuh , Directrice , développement social à la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique a souligné les inégalités importantes qui touchent encore les populations du continent et la place de l’urbanisation comme solution. «Dans l’Agenda 2063 figure des initiatives de modernisation de l’agriculture. L’urbanisation facilite la production industrielle et est un élément clé dans la transformation des économies rurales. Le rôle des autorités locales est important dans le développement urbain. Les délibérations de ce sommet doivent renforcer la position de l’Afrique sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063 sur les dix prochaines années».
Abordant également la thématique de l’urbanisation, Mme Aisa Karibo Kacyira, directrice de ONU Habitat s’est réjouie que le sommet Africités soit une plateforme pour « le dialogue afin de transformer l’avenir des populations. Dans l’Agenda du développement durable 2030 il n’est plus question de Nord/Sud mais de partenariat. Plus de 60% de nos populations sont dans des bidonvilles. C’est impardonnable. Nous devons résoudre ce problème. ONU Habitat pense que l’Agenda 2063 doit être une partie prenante du processus. Nous devons faire un diagnostic holistique et critique. Cela va aider nos leaders à faire des activités pendant leur mandat de courte durée».
Amadou Oumarou, Directeur du transport de la Banque Africaine pour le développement (BAD) soutient également que « les gouvernements locaux seront des acteurs majeurs de la transformation des villes. La BAD a mis sur pied un fond de développement municipal pour soutenir les municipalités. Toutefois nos moyens ne seront jamais suffisants. Il faut aussi renforcer les capacités techniques des gouvernements locaux et favoriser plus de partenariat avec le secteur privé».
Le représentant de la Banque mondiale, Idrissa Dia a rappelé que leur institution soutien «le rôles des gouvernements locaux pour les trois prochaines années. La plus part des efforts d’urbanisation se trouve dans l’avenir. Il y a donc le temps de réparer les erreurs du passés».
Mme Bento Pais Rosario, de la commission européenne a clôturé les allocutions en indiquant que « l’Union Européenne soutien les autorités locales comme acteur principal de la lutte contre la pauvreté. Sur 11 des 17 buts des ODD on a besoin du rôle des autorités locales. Elles ont un rôle clé pour atteindre ces ODD. C’est en travaillant ensemble que nous pourrons répondre aux différents défis».