4e Forum Mondial DEL: Les bons plans pour construire des villes durables pour investir au niveau local, créer des emplois décents, des services et une croissance inclusive
En ce vendredi 20 septembre 2017, l’enceinte du stade national de Praia (Cap Vert) qui a abrité les 4 jours des travaux du 4e forum mondial sur le développement économique local, grouille de monde. Il faut dire que nous sommes à quelques minutes de la dernière session plénière qui précède la cérémonie de clôture de ce rendez-vous tenu pour la première fois en Afrique.
Les participants encore présents au pays de Cesaria Evora, convergent donc tous vers l’espace Santiago où se dérouleront ces deux actes finaux du forum.
La rencontre qui a vu la participation de près de 2000 personnes selon le comité d’organisation, va boucler la boucle en se penchant sur la thématique : «Construire des villes durables pour investir au niveau local, créer des emplois décents, des services et une croissance inclusive».
Le secrétaire général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi a eu l’honneur de modérer cette session composée d’un panel de haut niveau. Y figuraient notamment : M. Ulisses Correia e Silva, Premier Ministre du Cap Vert, M. Mohamed ASIM, Ministre des Affaires Etrangères des Maldives, Mme Vera Almeida, Députée cap-verdienne et ancienne membre du conseil municipal de Santo Antao, M. Carlos de Freitas, Co-directeur du Fonds Mondial de Développement pour les Villes (FMDV), Mme Gladis Alarcón, maire de la commune de Yunchará en Bolivie et M. Boureima Basile Ouedraogo, Maire de Ouahigouya au Burkina Faso.
Les panélistes ont partagé leur expérience en la matière. Le Premier ministre cap-verdien est revenu sur les initiatives prises en 2008 pour offrir une solution inclusive aux populations lorsqu’il était encore à la tête de la mairie de Praia. « A Praia nous avons travaillé pour une satisfaction des besoins primaires en sensibilisant les citoyens sur l’importance d’avoir une ville où il fait bon vivre. C’est ainsi que nous avons réduit la place du commerce informel dans les rues et inculquer aux populations la nécessité d’avoir une ville propre», explique M. Ulisses Correia e Silva, Premier Ministre du Cap Vert. L’actuelle équipe dirigeante de la mairie de Praia poursuit cet excellent travail d’entretien de la ville. Les participants au Forum ont salué à plusieurs reprises la propreté de la capitale cap-verdienne. « Je tiens à féliciter le maire de Praia, depuis 4 jours que je suis là, je n’ai pas vu un seul sachet dans la ville de Praia», dira lors de sa prise de parole, M. Boureima Basile Ouédraogo, maire de Ouahigouya.
Du côté des Maldives, les bonnes pratiques en matière de résilience ne manquent pas. « Nous sommes un petit archipel qui regroupe des milliers d’îles parmi lesquels 103 sont habitées, indique d’entrée M. Mohamed ASIM, Ministre des Affaires Etrangères des Maldives. La pêche et le tourisme représentent 80% de notre PIB. Notre innovation réside dans le développement d’un tourisme durable. Nous favorisons aussi la pêche à la ligne pour préserver notre environnement maritime.»
Pour pallier le défi du logement dû au surpeuplement de la capitale, les autorités des Maldives ont initié « la création des villes de jeunesses. Ces villes ont plus d’infrastructures (sanitaire, éducatives, etc), ce qui permet aux jeunes de se développer dans un cadre adéquat et de ne plus migrer vers la capitale. Les jeunes sont les acteurs clés pour notre gouvernement», confie le ministre.
Des femmes au cœur l’action
Si les Maldives ont misé sur la jeunesse, en Bolivie, ce sont les femmes qui sont prises pour cœur de cible dans le village de Yunchará. La mairesse et son équipe municipale ont impliqué les femmes pour atteindre les objectifs d’inclusion, d’offre de services sociaux de bases et d’accès au travail décent au sein de la communauté. « Nous avons lancé des programmes de renforcement des capacités des femmes, de formation d’entrepreneurs. Des potagers locaux ont vu le jour avec 50% de la production destiné aux ménages et 50% à la vente. Le programme de poules pondeuses destiné à ravitailler les écoles de la commune. Cette entreprise a débouché sur la création du premier marché des producteurs locaux avec 50% des produits offerts aux enfants à travers les cantines scolaires. Ces produits sont transformés par les habitants,» explique Mme Gladis Alarcón.
Ces initiatives ont permis de réduire de 50% la migration. «Il faut former les femmes sur le plan technique afin qu’elles envoient leurs enfants à l’école. L’éducation est la clé pour sortir les enfants de la pauvreté », soutient l’édile locale.
Le maire de Ouahigouya a pour sa part relevé le fait que l’assainissement et l’accès à l’eau demeure les défis majeurs de sa commune. Pour améliorer les conditions de vie des populations de la 4e ville du Burkina Faso dont 80% est agricole, la commune a misé sur la commercialisation des produits de contre saison. Cela permet aux femmes de vendre les fruits et légumes avec un bénéfice conséquent. Le prochain chantier que compte lancer le maire Boureima Basile Ouédraogo, est celui de l’ouverture d’une usine d’exploitation de tomates.
Le Co-directeur du FMDV, M. Carlos de Freitas conseille aux collectivités locales de chercher des financements sur le marché obligataire « c’est une alternative intéressante pour les villes, dit-il. Nous avons 15 ans pour exécuter l’Agenda 2030 et l’Accord de Paris», dit-il.
Le modérateur de la section M. Jean Pierre Elong Mbassi, conclura les échanges en rappelant que les différents panélistes ont insisté sur «la mobilisation des populations, leur discipline et la mobilisation des femmes qui sont les porteuses d’un avenir pour les villes durables.»