Présentation du rapport de CGLU Afrique/ ENERGIES 2050 sur de la territorialisation des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) en Afrique
La COP23 a servi de cadre pour présenter le rapport produit par CGLU Afrique et ENERGIES 2050 intitulé : «Enjeux et opportunités de la territorialisation des Contributions déterminées au niveau national (CDN) en Afrique : Rôle des villes et des gouvernements d’Afrique dans la mise en œuvre des stratégies nationales de lutte contre les changements climatiques».
La réalisation de ce document par les deux organisations est partie de la conviction selon laquelle, pour parvenir à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat, l’implication des villes et territoires est incontournable afin de transformer les « prévisions » en actions concrètes. En effet, les études scientifiques montrent que même si l’ensemble des engagements CDN, étaient tenus, elles ne permettraient pas de maintenir le niveau de réchauffement des températures à 2°C et encore moins à 1,5°C d’ici 2100. L’heure est donc non seulement à la mise en œuvre mais également au rehaussement du niveau d’ambition des acteurs.
«Si les Etats arrivent à décentraliser leur CDN et que cela se trouve dans une complicité positive avec les gouvernements locaux, on peut imaginer que non seulement les pays dit en développement tiendront leur objectif, apporteront un mieux–vivre aux populations et pourront même permettre d’aller au-delà de l’ambition des Etats», déclare Dr. Stéphane Pouffary, Président d’ENERGIES 2050.
Le Directeur des Programmes de CGLU Afrique, Dr. François Yatta revient sur deux raisons importantes qui ont motivé CGLU Afrique à faire ce rapport. « Dans 30 ans, l’Afrique sera le principal foyer humain et le principal foyer urbain du monde. Le continent sera donc un des poids lourd de ces questions sur le climat, rappelle-t-il. Les villes sont à l’origine de 70% des émissions en Afrique. Il est donc important de prendre en compte les villes et de territorialiser la mise en œuvre des CDN. Ce sont deux raisons importantes qui poussent CGLU Afrique à produire ce rapport pour atteindre non seulement les ODD mais aussi la réduction des émissions dans le cadre de l’accord de Paris».
L’ouvrage aborde 5 dimensions qui permettent de mieux ancrer le rôle des villes et des territoires dans la mise en œuvre des CDN. Il s’agit de «la gouvernance qui rappelle aussi bien la gouvernance verticale que la gouvernance horizontale, les questions liées à la sensibilisation et l’information que CGLU Afrique apporte déjà par le biais de sa taskforce climat, la dimension de l’élaboration des plans territoriaux climato-compatibles intégrés, les questions de financement, les questions de mesures de la lutte contre le changement climatique au niveau local (Les systèmes de suivi MNV (mesure, notification et vérification)», explique Dr. François Yatta.
Ci- dessous un extrait de l’avant-propos du rapport qui sera disponible en ligne prochainement sur les sites de : CGLU Afrique et ENERGIES 2050.
Extrait avant-propos du rapport
Le rôle des gouvernements locaux et autres autorités infranationales est unanimement considéré comme crucial, notamment au regard de leurs émissions de gaz à effet de serre (en particulier les villes), de leur vulnérabilité aux impacts des dérèglements climatiques, mais également de leurs connaissances des spécificités de leurs territoires ainsi que des opportunités d’actions potentielles à mener tant dans le domaine de l’atténuation que de l’adaptation.
A l’occasion des Sommets tenus en marge des Conférences sur le climat de Paris en décembre 2015 (CdP21/COP21), de Marrakech en novembre 2016 (CdP22/COP22), et de Bonn en novembre 2017 (CdP23/COP23), les leaders des gouvernements locaux et régionaux des cinq continents ont réitéré leur volonté de soutenir les efforts des Etats dans l’action climatique internationale. Ils ont également mis en avant leur détermination à contribuer à l’augmentation du niveau d’ambition pour atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris.
CGLU Afrique, ENERGIES 2050 et leurs partenaires plaident pour une territorialisation des engagements des Etats depuis plusieurs années. Ce message est désormais porté par un nombre considérable d’institutions. Les participants au Dialogue Régional sur les CDN en Afrique, organisé par le Programme des Nations-Unies pour le développement à Rabat en septembre 2017, en collaboration avec le Gouvernement du Maroc, le Secrétariat de la CCNUCC, le NDC Partnership, la GIZ, et CGLU Afrique, ont ainsi insisté sur la nécessité de territorialiser les CDN et d’impliquer les gouvernements locaux et régionaux du continent africain dans leur mise en œuvre.
Le présent rapport a été réalisé pour contribuer à ces différentes dynamiques. Il est articulé autour de deux grandes parties. La première vise à dresser un cadre d’analyse non exhaustif de l’implication des gouvernements locaux dans les politiques climatiques, insistant notamment sur la place réservée aux villes et territoires dans les CDN des Etats africains, sur le rôle croissants des acteurs non étatiques dans les négociations internationales sur le Climat, ou encore sur les expériences menées par différentes collectivités africaines dans le domaine du climat.
La seconde partie de ce rapport se veut plus « opérationnelle » et propose une analyse des leviers d’actions potentiels pouvant permettre aux collectivités africaines de renforcer la conception et la mise en œuvre de politiques et stratégies territoriales intégrées aux processus des CDN. Ces domaines d’action incluent notamment une amélioration des processus de gouvernance, la nécessité d’impliquer l’ensemble des acteurs, la mise en place de stratégies climat intégrées, qui répondent aux exigences de mesure, notification et vérification (MNV) prescrites par la CCNUCC, et l’accès aux financements internationaux afin d’accompagner la mise en œuvre à l’échelle territoriale.
Ce rapport se veut être également une invitation à une plus grande implication des collectivités territoriales dans la mise en œuvre de l’agenda du climat dans les pays africains. Il met en exergue l’impérieuse nécessité de renforcer les capacités de ces collectivités et de leur apporter l’assistance technique et financière, notamment à travers la finance climat et plus spécifiquement le Fonds Vert pour le Climat, nécessaires pour qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle dans l’atténuation des émissions de GES comme dans l’adaptation aux changements climatiques.
Ce rapport insiste enfin sur la fenêtre d’opportunité existante pour les collectivités africaines de s’inscrire dans les processus CDN afin de redéfinir en profondeur leurs modèles de fonctionnement, et de promouvoir des stratégies de développement économique et social qui soient à la fois durables et bas carbone et qui répondent au mieux aux enjeux de développement de leurs territoires.
Cette étude a été conduite par CGLU Afrique et ENERGIES2050. Elle s’inscrit dans le cadre d’un bouquet de publications qui a vocation à accompagner la mise en œuvre des CDN par les villes et territoires. Au regard de la complexité et de la multiplicité des considérations à prendre en compte, ce document doit servir de base à un travail plus large pour l’ensemble des acteurs. Les auteurs sont reconnaissants à tous ceux qui, par leurs commentaires et suggestions, contribueront à son amélioration.
Le rapport sera disponible en ligne prochainement sur les sites de : CGLU Afrique et ENERGIES 2050.