Konaté Fanta Diabaté : Première femme maire de Kadiana (Mali)
Mme Konaté Fanta Diabaté est Maire de la Commune rurale de Kadiana dans le cercle du même nom, région de Bougouni au Mali. Elle est la première femme à accéder à un tel poste au sein de cette collectivité de quelque 30.000 âmes réparties entre 18 villages et 6 hameaux, qui fait frontière avec la commune ivoirienne de Tengréla. A 58 ans, Mme Konaté affiche une forte détermination à booster le développement local. Très joviale et généreuse, elle est décrite comme une amazone motivée et courageuse.
« Je n’ai jamais pensé être un jour maire », confie-t-elle. Ayant abandonné les études après l’obtention d’un certificat d’études primaires (CEP), la jeune Fanta avait été sélectionnée pour suivre une formation de « matrone rurale » sur instruction d’un ministre de la république de l’époque. Ce chemin se refermera rapidement suite à son mariage. Elle travaille à faire prévaloir son sens de l’organisation et son leadership au niveau local. Elle organise les femmes de son secteur en petits regroupements sous la formule « tontine ». Chacune des membres verse 100 FCFA par semaine dans la caisse. Le montant collecté leur est redistribué pendant l’hivernage pour les aider. Riche de ses initiatives, Mme Konaté mettra par la suite en place «Malo sémè Ton» qui ne tardera pas à être transformée en coopérative de riziculture. A la différence de la tontine, l’argent de la coopérative permet de consentir des prêts aux membres. Lesquels, à la fin des récoltes, sont reversés dans la caisse. Un système de redistribution d’argent qui permet aux membres de s’épanouir.
Depuis son installation dans le fauteuil de Maire en 2016, Mme Konaté Fanta Diabaté œuvre à consolider ses acquis. Sa vision axée sur leur programme de campagne vise à voir en Kadiana une commune prospère où il fait bon vivre. Sur le plan sanitaire, la commune dispose d’un Centre de santé communautaire (CSCom) et des maternités rurales, dont certaines manquent d’équipements et de personnel qualifié. La Mairie, explique sa première responsable, n’a pas assez de moyens pour assurer la prise en charge du personnel médical. Les 4 motos du CSCom étaient en panne. Une seule a été réparée grâce au soutien de la mairie, qui a en outre offert une moto neuve. La mairie intervient aussi à travers des dotations en carburant à l’équipe médicale en charge de la vaccination dans les villages. « Les enfants et les femmes enceintes sont les plus concernés par cette vaccination ».
Kadiana ne dispose pas d’ambulance ni de centre de santé de référence. Les cas d’urgence, y compris les parturientes devant subir une césarienne, sont transportées à Kolondiéba, à 60 km. L’ambulance, souligne l’édile, quitte Kolondiéba pour venir évacuer les cas d’urgence. « Mon ambition est de trouver les moyens nécessaires pour assurer une couverture sanitaire efficace à l’ensemble des populations. Nous sommes loin de Kolondiéba. La commune de Kadiana a besoin d’un centre de santé de référence pour une meilleure prise en charge des populations ».
L’accès à l’eau potable et la construction des petits barrages de retenue d’eau pour le développement des activités de maraîchage et d’élevage constituent des préoccupations majeures pour elle, « malgré les nombreux efforts de notre équipe, il y a un problème d’eau ici. J’insiste sur l’accès potable. Mon équipe et moi voulons installer des forages partout pour permettre aux populations d’avoir accès à l’eau potable ».
A Kadiana, avoue-t-elle, l’accès aux intrants agricoles est problématique. Elle est convaincue que l’augmentation du quota attribué à sa commune contribuerait à l’essor du secteur agricole. La construction des petits barrages de retenue d’eau, plaide-t-elle, sera un atout de taille pour le développement des activités agro-pastorales. Pour renforcer la sécurité alimentaire, elle place beaucoup d’espoir en l’aménagement des plaines, et lance un appel au gouvernement et aux partenaires afin que soit réalisée ce projet d’envergure. Kadiana est très riche en plaines et les terres sont propices à la culture de plusieurs variétés. Une aubaine pour le développement des activités de maraîchage. Elle cherche des financements aux projets visant les jeunes (embouche, aviculture) pour freiner la migration des bras valides.
Veuve, elle rappelle que son défunt mari ne s’est jamais opposé à ses activités politiques. « C’est son mari qui nous a donné son nom pour qu’elle soit sur la liste », lance Zoumana Sangaré, ancien maire de Kadiana. Reconnaissante et loyale, elle ne compte pas s’écarter de la ligne de conduite tracée par son prédécesseur, un homme qui reste populaire au sein de la commune grâce à ses nombreuses réalisations.
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