CGLU Afrique Célèbre la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro-descendante
Depuis 2019, l’UNESCO a proclamé le 24 janvier de chaque année journée mondiale de la culture africaine et Afro-descendante. Pour l’édition 2021, CGLU Afrique et le Réseau Africain des Promoteurs et Entrepreneurs Culturels (RAPEC) ont marqué l’évènement en organisant un panel de discussion autour du thème de la journée : « Célébrer la culture Africaine pour une Humanité réconciliée ».
Le panel était composé de : M. Mohamed Sadiki, Maire de Rabat ; M. Mouhamadou Youssifou, Doyen du Corps diplomatique accrédité au Maroc, M. Abdelilah Afifi, Secrétaire Général du Ministère de la Culture (Maroc), M. Driss EL Yazami, Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME), Princesse Stella Aicha, porte-parole du groupe Messengers of Messages, M. Monceyf Fadili, auteur de l’ouvrage “Rabat, un printemps confiné”, M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général, CGLU Afrique et M. John Ayité Dossavi, Président et fondateur de l’ONG RAPEC. Les échanges ont été modérés par Madame Farida Moha, Journaliste.
La rencontre qui s’est tenue au siège de CGLU Afrique et via la plateforme zoom a enregistré la participation d’une centaine de personne représentant les membres du corps diplomatique, les collectivités territoriales, les organisations internationales, les acteurs culturels et les associations de la société civile.
Le message de Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, a été lu avant le début des échanges. Cette dernière a souligné l’importance de la JMCA. “En ce début d’année 2021, que les chefs d’État africains ont déclarée année pour les arts, la culture et le patrimoine, cette Journée mondiale est donc l’occasion de promouvoir ces cultures africaines et afro-descendantes, afin de leur permettre de jouer tout leur rôle pour le développement et pour la paix. La promotion des cultures africaines et afro-descendantes est d’autant plus essentielle que la crise mondiale a exacerbé toutes les tensions de nos sociétés. Or ces cultures offrent de la fierté, des réponses, et de quoi guérir les blessures les plus intimes.”, a-t-elle déclaré. (Lire le message complet ici).
Les panélistes ont abordé le thème : « Célébrer la culture Africaine pour une Humanité réconciliée », autour de trois axes : 1) L’émergence des questions mémorielles avec une exigence de la réappropriation de l’histoire de l’Afrique, 2) L’importance de la culture dans le contexte de recherche de la dignité de l’Afrique, 3) La nécessité de former les jeunes africains aux métiers de la culture et du numérique.
Pour M. Jean Pierre Elong Mbassi, il est important de faire entendre la voix de l’Afrique dans sa culture car « la culture c’est ce qui nous fait ». « Nous sommes ce que nous sommes parce que nous sommes enracinés dans une culture. Perdre sa culture c’est se perdre. Beaucoup de leader ont perdu cela de vu. Nous sommes ici pour rappeler cette vérité simple : Si vous ne savez pas d’où vous venez, vous ne sauriez jamais où vous allez. Amadou Hampaté Bâ a parfaitement raison lorsqu’il dit que notre enracinement est ce qui nous projette le mieux dans l’avenir. Le fait que la plupart de nos pays ait donné si peu d’importance aux politiques publiques culturelles est une inconscience. L’Afrique à ce jour est incapable d’avoir une radio qui diffuse la culture africaine. C’est une interpellation à l’Union Africaine, il est extrêmement important que la culture s’enracine sur ce continent », soutient-il. « C’est pour cette raison que CGLU Afrique a pris l’initiative de faire en sorte que le débat sur la culture soit aussi un débat local, un débat sur les collectivités territoriales. Lorsque nous nous sommes réunis à Africités 2018 à Marrakech, il a été décidé de célébrer la capitale africaine de la culture et Rabat a été choisi comme première capitale africaine de la culture. Nous pensons qu’il est extrêmement nécessaire pour nos enfants et nos jeunes que l’on retrouve la culture africaine », plaide M. Mbassi.
Face au constat selon lequel les instances africaines ne donnent pas assez d’importance à l’aspect culturel, son Excellence Mouhamadou Youssifou, Ambassadeur du Cameroun au Maroc et Doyen du Corps diplomatique accrédité au Maroc recommande que « l’Afrique investisse dans tous les domaines de la culture, afin que le continent prenne sa place dans le concert mondial de la culture. Il faut noter l’importance des échanges des biens immatériels dans la conscience collective. Que l’on sache que l’Afrique a également contribué au développement de la civilisation humaine ».
M. Abdelilah Afifi, Secrétaire Général du Ministère de la culture (Maroc) a partagé les actions du Maroc pour rendre la culture plus visible. « Nous sommes conscients de l’impact du volet culturel sur le développement socio-économique. Des actions ont été menées pour rendre la culture plus visible. Le renfoncement des établissements culturels avec la construction du Grand théâtre de Rabat, du Grand théâtre de Casablanca, des musés. Nous avons aussi investi dans la formation des personnes aux métiers de la culture. Nous avons terminé la construction de l’institut supérieur de la musique et des arts chorégraphiques (Rabat). En développant la culture, nous développons aussi l’économie. Le tourisme culturel peut participer fortement au PIB du pays ».
M. Monceyf Fadili souligne l’importance de la culture Afro-descendante marquée par la participation aux festivals organisés sur le continent. Une cinquantaine de festival est organisée en Afrique. Mais l’Afrique du Sud et le Maroc se démarquent. La moitié des festivals est tenu par ces deux pays et ils sont en tête des pays touristiques en Afrique.
Pour M. Driss EL Yazami, On ne peut pas parler de culture africaine sans parler de diaspora. « Aimé Césaire a joué un rôle central dans ce domaine. C’est par la diaspora, notre rencontre avec l’autre, que nous récupérons notre souveraineté. Il n’y a pas de développement sans culture. La culture est au centre du développement. C’est la culture qui offre un sens au développement. Nos enfants qui sont nés dans les métropoles européennes sont en demande des cultures africaines afin de bâtir leur propre identité ».
Le maire de Rabat, M. Mohamed Sadiki est revenu sur l’importance de la culture dans sa ville. « La culture est transversale. Nous sommes des responsables des cités, des villes. Rabat a connu un très grand programme initié par Sa Majesté le Roi Mohamed VI depuis 2014. Il s’agit du programme Rabat ville lumière, capitale de la culture marocaine. C’est une responsabilité pour notre ville qui s’est dotée d’un nombre important d’infrastructures culturelles. Toute nation doit s’identifier à sa culture. Au niveau des collectivités territoriales, lors des différents sommets Africités, il y a toujours une touche culturelle. Nous attendons avec impatience la fin de cette pandémie de COVID pour célébrer Rabat Capitale Africaine de la Culture ».
M. John Ayité Dossavi a insisté sur le fait que la journée mondiale de la culture africaine et Afro-descendante est une initiative qui a été portée par la société civile africaine. « La JMCA devient une passerelle entre tous nos peuples. L’idée que j’ai portée en 2011, a été scellée lors de la 6 édition du sommet Africités de Dakar 2012. En novembre 2019, la 40e session de Conférence Générale de l’UNESCO a proclamé la JMCA. Cette célébration est le résultat des efforts menés par le RAPEC avec l’appui de CGLU Afrique. La JMCA n’est pas juste une journée folklorique, mais une journée de réflexion. Nous sommes dans une démarche de porter la voix de l’Afrique dans le monde ».
A l’endroit de la jeunesse, M. Mbassi a tenu a rappelé que l’histoire de l’Afrique «ne commence pas avec la colonisation. La narration de notre histoire, est une narration qui n’est pas à la hauteur de l’Afrique ».
Pour Princesse Stella, le sentiment d’appartenance passe aussi par la valorisation des langues maternelles. « On a tendance à perdre nos langues maternelles. L’enfant est égaré à la base. La langue maternelle permet de garder le patrimoine matériel et immatériel. L’art et la culture sont des moyens à utiliser pour y parvenir ».
En conclusion, M. Driss EL Yazami, propose de mettre en place un grand programme de traduction de culture africaine qui passe par l’implication des collectivités territoriales.
Retrouvez l’intégralité des échanges ici
Par ailleurs, la rencontre a également servi de plateforme pour la présentation du livre « Rabat en printemps confinés » de Monceyf Fadili (Plus de détails ici) et du Prix KEKELI. Prix adossé à la célébration de la JMCA, pour soutenir ceux qui œuvrent la promotion de la culture africaine et du vivre ensemble des peuples.
Découvrez les lauréats 2020 ici