Réunion du Forum sur la Politique de Développement de l’UE en Amérique Latine et dans la Région des Caraïbes

Le Secrétaire Général de CGLU Afrique a participé à la réunion du Forum sur la Politique de Développement de l’UE en Amérique latine et dans la région des Caraïbes, qui s’est tenue à Lima, au Pérou, les 25 et 26 juin 2014.

La séance d’ouverture a été marquée par les allocutions de Mme Irene Horejs, Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’UE au Pérou; M. José Miguel Castro, Administrateur Municipal, Municipalité Métropolitaine de Lima, représentée par M. Nunes; M. Jorge Balbis, représentant les OSC; M. Guillermo Tapia, représentant les autorités locales (AL).

M. Angelo Baglio, Chef de la Cellule chargée de la Société Civile et des Pouvoirs Locaux au sein de la Commission Européenne.  Il a insisté sur le caractère inclusif du PFD issu d’un long processus de dialogue en vue de mettre en place des efforts et des responsabilités conjoints. C’est la raison pour laquelle un système de coprésidence a été mis en place avec M. Balbis issu des OSC, et M. Tapia, représentant Mme Moustache Belle, Maire de Victoria, qui représente les pouvoirs locaux.

Angelo Balbis a informé que 140 participants de 11 pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont participé à la réunion qui a bénéficié de l’appui de la Commission Européenne. Il s’agit de la première réunion PFD délocalisée hors de Bruxelles. Le dialogue structuré est conduit en Amérique latine depuis quatre ans. Différents sujets ont été abordés lors de ces différentes réunions sur le dialogue. Il ne s’agit pas d’un espace de négociation, mais d’un forum où sont abordées les politiques; c’est également un endroit pour transcender les secteurs et les frontières; et il est nécessaire d’identifier les sujets dans un cadre plus large, y compris les contextes des perspectives mondiale et locale; l’évolution du processus démocratique et la croissance ont des conséquences sur l’évolution des sociétés aux niveaux national et régional. Il est important que cela soit reconnu par les délégations européennes et les organisations de la société civile. Les défis à relever par les pays d’Amérique latine en matière de lutte contre la pauvreté et la construction de  sociétés et d’Etats  fondés sur les droits.

 

Guillermo Tapia a remercié l’UE pour avoir apporté son appui pour cet événement. Il a fait loué l’éloge de la communication sur les autorités locales,  adoptée par l’UE, qui est un engagement en vue de renforcer le rôle des autorités locales dans le développement et de promouvoir une approche territoriale du développement. Ceci requiert l’amélioration des capacités des organisations des collectivités locales. Le PFD est un espace où l’on discute des questions relatives aux agendas et où on parvient à une compréhension commune sur les défis et les solutions. Le fait que les 2/3 des populations d’Amérique latine résideront dans les villes attribue plus de responsabilités aux autorités locales qui sont les autorités publiques les plus proches des populations.  Grâce à une vidéoconférence, M. Philippe Loop, du Service chargé du développement du secteur privé, du commerce et de l’intégration (DG DEVCO) de la Commission européenne; a fait ressortir que le contexte mondial se fonde sur les dispositions de l’Agenda pour le cadre de changement, qui soulignent le rôle clé du secteur privé dans la création d’emplois, et sa reconnaissance comme agent de la transformation de l’économie.

L’interaction évolutive entre le secteur privé pousse à la mise en place d’un partenariat plus renforcé secteurs public / privé en vue de favoriser une croissance durable. La Commission a travaillé avec les OSC et les autorités locales. Une plus grande attention est désormais accordée au secteur privé, y compris la mise en place d’alliances gagnant-gagnant à travers la gamme des différents acteurs. Plus de 200 contributions ont été reçues lors des consultations sur les contributions du secteur privé au développement durable. La communication s’articule autour de: principes, trois différents types d’actions, et des outils pour mettre en œuvre les actions.

 

Au nom des syndicats, Marita Gonzales de l’Argentine, a informé que les structures interrogées lors de la consultation étaient principalement les grandes entreprises. Il n’a généralement pas de nombreuses possibilités en vue de réaliser le paradigme. Le développement devrait être un droit, mais ceci n’est pas inscrit dans la communication. Le paradigme que le secteur privé est le moteur de la croissance est excessif parce que tout développement a besoin également d’un Etat fort et engagé. La communication ne reflète pas les points de vue des membres du PFD malgré leur contribution.

 

Manuel Marin de l’Alliance coopérative internationale des Amériques est ravi que pour la première fois la Commission a reconnu que la coopérative est une entité à base communautaire travaillant avec les populations. Il a apprécié les points saillants sur l’importance des femmes et la référence à l’économie informelle. Il a regretté que la question de la jeunesse n’ait pas été vraiment prise en compte. Le rôle des multinationales et des grandes entreprises est surestimé dans le document. Manuel Marin a mentionné que les coopératives dont les activités sont axées sur les populations devraient être promues pour les valeurs qu’elles défendent, et elles devraient bénéficier d’un environnement plus favorable. Il y a des centaines de bons exemples de coopératives assumant un rôle de fer de lance de développement au niveau local. Le renforcement des capacités financières des coopératives peut contribuer à améliorer leur modèle d’activités.

 

Au nom des collectivités locales d’Amérique latine, M. Rolando, Maire du Costa Rica, a insisté sur la notion de travail décent, et la nécessité d’examiner les politiques de décentralisation lorsqu’on apprécie la contribution du secteur privé. Cela s’applique particulièrement pour les industries extractives qui ne n’accordent pas d’attention aux communautés et aux localités dans lesquelles leurs industries sont implantées. Ces entreprises pensent qu’elles sont en règle que lorsqu’elles paient les redevances et les impôts au pouvoir central. Elles paient rarement des  taxes aux municipalités locales qui estiment que cette situation est injuste. Les populations locales considèrent aussi injuste le fait que les ressources naturelles soient exploitées localement et sont parfois même endommagées par les interventions directes de ces sociétés, sans compensation équitable, y compris leurs responsabilités sociales et environnementales.    L’insistance sur les PPP doit être abordée avec soin, si l’on ne veut pas aboutir à une situation de déséquilibre inévitable entre les multinationales et les municipalités. Il est nécessaire d’habiliter les autorités locales et de leur fournir une assistance technique pour qu’elles aient une meilleure compréhension de la complexité des dispositions contractuelles en vertu des PPP. Le modèle économique pour les micro-entreprises et les entreprises du secteur informel ont besoin de plus d’attention, car c’est là que réside l’essentiel des opportunités d’emploi.

 

En conclusion des échanges M. Baglio a informé qu’il y aura un espace dédié qui se tiendra en parallèle avec la prochaine réunion PFD les 1-2 octobre 2014 à Bruxelles, durant lequel sera organisé un échange plus profond sur les points de vue relatifs à la communication sur le secteur privé.

La session 1 sur la position de l’UE relative à l’agenda post 2015. L’UE partage le point de vue que nous pouvons avoir un monde libéré de la pauvreté d’ici 2030, à condition que nous soyons plus efficaces, plus équitables et plus ciblés dans nos actions. La position et la suggestion de la Commission de l’UE sont que l’agenda post 2015 devrait être holistique et global, en intégrant  l’Agenda post OMD dans l’Agenda des objectifs de développement durable (ODD, qui concerne le monde entier, ce qui est différent des anciens OMD qui ont ciblé uniquement les pays en voie de  développement. Les objectifs cibles prioritaires doivent être définis en fonction du nouvel esprit de partenariat mondial. L’UE souhaite réduire le nombre des objectifs à un maximum de 10, et en conséquence le nombre de cibles. Il y a encore beaucoup de difficultés à définir les instances internationales qui prendront en charge les coûts des nouveaux ODD. Le Groupe de Travail Ouvert de l’ONU doit se réunir bientôt et tous les acteurs sont invités à faire des contributions, y compris les OSC et les Autorités Locales, que la Commission européenne accueille favorablement et soutient.

En réaction à la présentation de M. Baglio, M. Miguel Santibanez, de l’instance des OSC mondiales et régionales de l’Amérique latine  a accueilli favorablement la communication sur le secteur privé et les principes qu’elle met en relief. L’attention à porter sur l’inégalité ne peut pas être sous-estimée dans la mesure où l’inégalité s’accroît davantage non seulement entre les régions et les pays, mais également au sein des pays et des villes. Les références aux droits de l’homme, au travail décent, à la paix et à la sécurité sont accueillies favorablement. Cependant la communication accorde peu d’attention à la question de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. M. Miguel Sanchez a défendu que les OSC devraient être considérées comme un bien public pour s’assurer que les droits des citoyens soient protégés et que toute tentative de les saper soit dénoncée par les OSC. Ce qui est également frappant est qu’il semble que l’on fasse de moins en moins référence à l’engagement de 0,7% du PIB des pays développés pour la coopération au développement.  En ce qui concerne la justice fiscale, il faudra de l’appui pour les OSC eu égard aux difficultés qu’elles font face en vue de participer aux négociations sur le financement du développement qui se tiendra en juillet 2015. La même remarque s’applique à la participation des OSC de l’Amérique latine aux futures négociations sur le climat dans le cadre de la conférence des parties à Lima (COP 20) et à Paris (COP 21) et à la Conférence Habitat III qui clôturera le cycle des conférences de l’ONU sur l’Agenda post 2015. M. Miguel Sanchez a finalement soulevé des doutes quant à la réussite d’un tel programme éparpillé et perplexe.

 

Pour Mme Molagro Navas, Présidente de FLACMA, les Autorités Locales tiennent à attirer l’attention sur l’importance d’avoir un agenda local lié à l’agenda mondial en vue de traduire les intentions en action et une mise en œuvre sur le terrain, et de promouvoir des politiques axées sur les populations. Il faut une gouvernance concertée afin de garantir la fourniture des services aux populations. Les OMD ont montré des difficultés à traduire les objectifs et les cibles en résultats concrets partout où les autorités locales ne font pas partie intégrante de leur mise en œuvre. D’où la réalisation par l’ONU de l’urgence de localiser les objectifs de développement durable (ODD). Une autre raison pour laquelle les défis locaux doivent être reconnus, est que 80% des populations de l’Amérique latine vivent dans les villes, et 30% des citadins de l’Amérique latine vivent dans des zones qui n’ont pas accès aux services de base. Par conséquent, le travail des collectivités locales devrait se concentrer sur la lutte contre la pauvreté, la réduction de la fragmentation de la société, et la construction de villes inclusives. Il est nécessaire d’intégrer une perspective territoriale dans toutes les stratégies de développement, pour mieux prendre en compte les relations rurales/ urbaines et les approches participatives de développement qui sont hautement locales par nature.

 

Le conseiller des Nations Unies de l’équipe du PNUD pour l’agenda post 2015 a souligné la nécessité d’une action mondiale plus que par le passé, parce que nous vivons dans une planète commune, où les populations sont de plus en plus interconnectées. Construire une vision commune et un agenda commun change la façon que nous conduisons nos activités, dans la mesure où notre approche tend à être plus qualitative pour répondre aux besoins de chacun. Le nouvel agenda mondial s’inspire des leçons apprises sur la gouvernance, la nature universelle de l’agenda, mais également sur la reconnaissance d’une différenciation dans le contexte des pays, les défis à relever par rapport à l’équilibre à maintenir entre l’universalité et la spécificité; aux iniquités, particulièrement l’iniquité territoriale; à la fusion des agendas de la pauvreté et du développement durable; à la prise en compte de la culture comme 4ème pilier du développement durable; aux nouvelles reddition et transparence, au partenariat avec le secteur privé, aux connexions locales et nationales et la collaboration, et à la localisation de l’agenda international.

Par rapport à la localisation de l’agenda international des ODD, Mme Lurdes Gomez, Chargée des Politiques, Bureau du PNUD à New York, a fait part de la volonté de l’ONU pour plus d’impact sur le terrain et une coordination horizontale améliorée. Certains pays ont été sélectionnés en tant que pilotes pour les consultations nationales sur la localisation des ODD.

Edgardo Bilsky du secrétariat de CGLU-Monde a présenté ce qui est différent par rapport à ce qui s’est passé avec la réalisation des OMD, en insistant sur le Comment et Avec Qui. La consultation comprend les autorités locales, les OSC, et tous les acteurs, comme en témoigne le Groupe de Travail Mondial des Autorités Locales. La question est de savoir comment promouvoir une meilleure collaboration entre les OSC, le secteur privé et les autorités locales au niveau local. C’était le débat de la journée.

Les autorités locales de la République dominicaine pensent que la question clé est au début du processus de planification d’éviter de travailler en vase clos. Il est nécessaire de mettre en place un grand pacte qui regroupe à la fois le pouvoir central, les autorités locales et les OSC, y compris le secteur privé et toutes les couches de la société. Nous devons combler l’écart de coordination et encourager la reddition et la transparence. Nous devons élaborer un plan de développement municipal avec la participation des différents acteurs en vue de construire des villes inclusives. Nous devons habiliter tous les acteurs.

Le réseau des femmes du Mexique a indiqué que cette localisation a besoin d’un changement de paradigme de développement. Les experts de la macroéconomie et les OSC qui sont actives dans le secteur des droits de l’homme ne sont pas encore parvenus à un accord. Le droit au développement va avec la justice sociale. La croissance économique n’est pas une garantie pour passer d’une perspective essentiellement de croissance économique qui a caractérisé la première période aux actuels objectifs de développement durable qui sont promus. Le classement des pays en économie en voie de développement et économie émergente ne rend pas justice aux disparités sociales croissantes au sein et entre les pays. Nous recommandons de promouvoir la capacité des territoires et de leurs communautés. Nous lançons également un appel pour une plus grande implication des OSC dans la promotion et la protection des ressources naturelles locales, qui sont parfois sapées par les interventions des multinationales.

Le représentant de la municipalité de Bogota a apprécié la pertinence du PFD et le dialogue qu’il propose. Nous devons parvenir à un accord sur la signification du développement, et du droit au développement. En Amérique latine, nous reconnaissons que les zones urbaines constituent la majorité de l’habitat, et les Autorités Locales sont celles qui représentent la majorité. Intégrer les autorités locales dans l’exercice de localisation des ODD n’est que légitime. La voix des villes doit être entendue dans des forums comme celui-ci.

Ana Cristina Gonzales du Réseau des femmes d’Amérique latine (Macrosul) a insisté sur le fait qu’il y a de plus en plus de tensions au sein des pays et entre les pays. Il est nécessaire de renforcer les mécanismes favorisant la participation des OSC. Les objectifs fixés au niveau mondial sont d’ordre général. Ils doivent être mis en œuvre localement. Les OSC peuvent contribuer à la promotion d’une gestion des villes fondée sur les droits et à la réduction des écarts d’inégalité; l’accès universel à la santé doit être mis pleinement en relief; l’emploi décent doit être également repensé; il y a également nécessité de mettre en place une justice et des mécanismes démocratiques forts. Il faut une perspective à long terme pour cet agenda.

Un Maire du Chili a déclaré qu’il est important de travailler ensemble et de réfléchir par rapport à l’effort économique. Nous devons respecter les droits des populations et des travailleurs. La ville doit dénoncer l’exploitation des enfants sur les lieux de travail. Cela devrait être considéré comme un engagement déontologique et les collectivités locales devraient être des gardiens dans ce domaine.En ce qui concerne le financement de l’agenda de développement local, il est nécessaire d’améliorer considérablement les capacités de gestion et de programmation de la planification et des investissements locaux au niveau local.

Montevideo de Mercociudades a dit qu’il était heureux de prendre part à la réunion et nous espérons qu’elle contribuera à cimenter l’unité des autorités locales en Amérique latine. L’approche des droits est appropriée, mais nous devons être plus clairs par rapport au salaire décent. Nous sommes préoccupés lorsque la croissance est mélangée avec le développement. Le développement doit se référer à un cadre contraignant pour s’assurer que les engagements soient respectés. Il a insisté sur la coopération triangulaire et Sud/ Sud pour promouvoir la mise en œuvre des ODD au niveau local.

Edgardo Bilsky a poursuivi en précisant que le pacte local a fait allusion aux appels passés pour une alliance mondiale en vue d’appuyer ce pacte, qui à son tour facilitera fortement la mise en œuvre de l’agenda mondial. Le choix de définir des indicateurs localisés est une indication que la communauté internationale va dans la bonne direction.

La programmation de l’UE (2014-2020) a été présentée ensuite par Angelo Baglio, après quoi Mme Nuria Rodriguez Aller, Union européenne, Instruments financiers (DG DEVCO) a présenté les  mécanismes de montage de l’UE. Elle a insisté sur la nécessité d’utiliser l’argent public pour mobiliser d’autres ressources financières, y compris les ressources du secteur privé à travers le montage.  Dans le débat qui a suivi ces présentations, nombre de participants d’Amérique latine ont soulevé des préoccupations se rapportant à l’utilité de ces mécanismes de montage dans le contexte Amérique latine. La délégation de l’UE pour le Pérou a confirmé au contraire que le Projet Vie en Amérique latine s’est avéré être une réussite en reliant les projets et les initiatives de l’UE cofinancés avec  les investisseurs privés. Le représentant de la délégation de l’UE pour le Nicaragua a fait valoir que l’UE joue la plupart du temps un rôle de gardien en vue de maintenir les préoccupations relatives aux droits des populations dans le programme des projets. Dans nombre de projets, à travers le mécanisme de montage, la délégation de l’UE sauvegarde l’attention sur les préoccupations des populations à la base et sur les droits de l’homme. L’intérêt de l’UE est d’amener  les multinationales qui investissent dans les pays à ne pas perdre de vue les droits des populations et à envisager la sous-traitance avec les PME locales et nationales.

 

La session 2 de la réunion a porté sur le regard régional sur l’Amérique latine et a commencé avec la présentation des programmes régionaux par José Gonzalvez y Gonzalvez, Commission européenne, Programmes régionaux sur l’Amérique latine et les Caraïbes. Il a mis l’accent sur l’Euroclima, un programme sur le changement climatique de 17 millions d’euros avec une contribution de l’UE s’élevant à 16 millions. Chaque pays a mis en place un point focal qui est chargé du suivi de la planification et de l’exécution du programme. Le programme regroupe un ensemble d’institutions de mise en œuvre. Des ateliers nationaux ont été organisés pour traiter les différents thèmes abordés sur demande des différents pays. Le changement climatique est traité ici comme un sujet de développement selon à la fois l’atténuation ou les perspectives d’adaptation. Ce programme est ouvert à la fois aux OSC et aux AL. Les commentaires sur la présentation ont été faites par Ernesto Raez Luna, Responsable, Equipe de Trabajo del Frente Publico COP 20 (Equipe de Travail du Front Public), de Juan de los Santos, Maire de Santo-Domingo Est, République dominicaine, et Rocio Valdeavallano, Moviemento ciudadano para el Cambio Climatico (Mouvement citadin pour le changement climatique).

La présentation du programme thématique sur les OSC et les AL était faite par Elena Asciutti, Commission européenne, Société civile et autorités locales. Elle a également présenté deux communications sur les autorités locales dans le développement et sur les organisations de la société civile dans le développement. Les deux communications ont insisté sur la nécessité de mettre en place un environnement propice, et l’exigence d’inclure les AL et les OSC dans la définition du programme de développement et de coopération dans les pays partenaires. Les deux communications ont été approuvées par la Commission européenne et le Parlement européen.

Beatriz Sanz, Assistante technique CE, a présenté la feuille de route des OSC. La feuille de route définit les acteurs, les objectifs, les échanges de connaissances en vue d’améliorer l’impact, la prévisibilité et la visibilité des actions de l’UE. La feuille de route commence à partir de l’analyse du contexte partagé avec tous les acteurs à travers un processus de consultation, définit la vision et les actions concrètes à mettre en œuvre et les résultats attendus, et la façon de les évaluer. La feuille de route des OSC devrait être approuvée au niveau national (juillet 2014 au plus tard, à mettre à jour chaque année). La première génération de feuilles de route couvre la période 2014-2017, et la deuxième période est 2018-2020.

Dans le cas du Pérou, Malin Liunggren Bacherer, Programmes thématiques, Délégation de l’UE, au Pérou, a informé qu’un groupe de travail des OSC a été mis en place en 2013 avec les représentants des États membres de l’UE de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne, de la Finlande et du Royaume-Uni.  Dans un atelier avec les OSC, une restitution a été faite qui a permis d’avoir une idée de ce qu’est le paysage des OSC. Une évaluation de cette image a été réalisée avec l’appui d’un consultant indépendant, qui a conduit également des enquêtes et des entretiens, et a contribué à  définir un plan de travail dans un atelier participatif. Un modèle est en cours de définition en vue de sa soumission à l’approbation de l’ambassadeur de l’UE et de la Commission de l’UE à Bruxelles. Après ces formalités, le modèle sera diffusé auprès des OSC au Pérou.  Le défi à relever est de veiller à ce que ces modèles demeurent autant que possible multisectoriels, et à adopter l’esprit de partenariat au lieu de la logique de bailleurs/ bénéficiaire.  L’autre problème a trait aux délais. Ce processus prend beaucoup de temps alors que de nombreuses OSC deviennent impatientes lorsqu’elles se rendent compte du déroulement des choses sur le terrain.

Josefina Huaman de l’Association Nationale de Centros (ANC), a déclaré que le processus découle de la dynamique de l’environnement des OSC péruviennes. Il est nécessaire d’aborder la politique et la stratégie au-delà du secteur. L’UE reconnaît maintenant que les OSC font partie intégrante du développement des pays dans leurs propres droits comme reconnu à Busan. Les OSC contribuent à renforcer la démocratie. Nombre de politiques novatrices ont été construites à partir de l’expérience des OSC. Les OSC jouent également un rôle de vigilance pour repenser le modèle de développement. Le débat sur le changement climatique offre l’opportunité d’une telle remise en question de modèle de développement. Par conséquent, la feuille de route devrait aller au-delà d’avoir de meilleures procédures dans la même voie classique de développement. Les OSC devraient avoir une vision plus optimiste de l’environnement institutionnel, dans la mesure où leur action influe sur cet environnement. Il est nécessaire pour les OSC de reconnaître la valeur de l’espace de dialogue pour la construction d’un environnement propice à l’action des OSC. Nous devons travailler avec une ligne optimiste pour aider les choses et la situation à évoluer positivement. La feuille de route est également un exercice de transparence qui offre l’occasion pour discuter dans une configuration triangulaire entre le pouvoir central, les OSC / AL et les partenaires au développement.

Les acteurs informés sont au début d’une culture de reddition. La participation citoyenne est une question critique, mais si et seulement si les citoyens et les OSC qui les représentent sont pleinement informées de ce qui se passe. Une plainte: le secteur privé participe rarement à ces dialogues, quoi faire en vue de les amener à y adhérer?

Elena Asciutti a fait une brève présentation du programme multi-Indicatif (MIP) 2014-2020.
Le débat qui a suivi les présentations a insisté sur:

– La nécessité de mieux définir ce que l’UE met derrière l’environnement favorable. Est-elle conforme à la définition des OSC présentée dans le cadre d’Accra ou de Busan?

– Quel est le contenu de l’analyse du contexte et ce qui peut être classé comme environnement favorable au-delà de la réglementation et des normes pour couvrir les droits à l’initiative?
– En Amérique latine, les OSC évoluent dans un environnement hostile, en Bolivie par exemple, le président Correa a désigné les OSC comme des organismes à but lucratif. La bonne volonté ne suffit pas. Beaucoup d’efforts sont en cours de déploiement  en vue de démanteler les OSC. Dans les pays touchés par la crise économique comme le Venezuela, il est nécessaire d’être plus agressif dans la défense des OSC. Qu’est-ce que l’UE peut faire dans ce sens?

– La Confédération des syndicats des Amériques soulève la question de la légitimité des OSC. Pourquoi ne pas utiliser le réseau faîtière de coordination des OSC?

– Comment pouvons-nous améliorer l’alignement et la coordination des programmes bilatéraux pour améliorer la cohérence, et pourquoi ne pas inviter les OSC et les AL à prendre part aux négociations bilatérales?

Angelo Baglio a répondu à toutes les questions et a conseillé de considérer l’approche de l’UE comme un processus qui sera enrichi par l’expérience acquise lors du travail sur le terrain, y compris par les OSC et les AL.

La session du groupe de discussion (Word Café) a abordé le dialogue sur les politiques pour une meilleure gouvernance, la façon d’amener les gouvernements à faire des redditions et comment contribuer à assurer un développement inclusif et durable. Il y avait une préoccupation commune que le secteur privé n’est pas désireux de participer aux dialogues en dépit du fait qu’il est de plus en plus influent en matière des politiques de développement et de coopération. Le secteur privé ne concerne pas les OSC, y compris dans les programmes et projets définis et mis en œuvre sous la responsabilité sociale des entreprises.

Les autorités locales de l’Amérique latine ont adopté la position suivante par rapport aux mécanismes d’accès aux ressources de l’UE pour la période 2014-2020: Les autorités locales ont apprécié l’initiative du premier PFD régional en Amérique latine. Elles ont affirmé la nécessité de reconnaître la nature publique et démocratique des collectivités locales, qui devrait leur permettre d’être éligibles à un partenariat stratégique avec la Commission et les délégations de l’UE. Considérant que l’approche territoriale du développement est mis en relief dans la communication de l’UE sur les autorités locales, la capacité de coordination de celles-ci sur le territoire en vertu de leur responsabilité devrait être reconnue et respectée. Elles ont recommandé que le PFD conserve sa dimension politique qui doit être d’intérêt pour les autorités locales.

Dans ses remarques de conclusion, le Maire de Bogota a proposé un nouveau paradigme urbain pour le 21èmesiècle, ce qui signifie de nouveaux modes de production et de consommation, qui se rapportent au changement climatique et à l’émission du gaz à effet de serre, et au respect pour la vie et la nature. Nous avons besoin d’une ville humaine respectueuse de la diversité sociale et qui peut générer des options pour le changement. Les villes doivent construire des réseaux aux niveaux national, régional et international. Pourquoi? Pour construire un agenda sur la voix des villes à entendre à toutes les arènes où les défis de l’avenir du monde sont débattus, y inclus l’ONU. Les villes de l’Amérique latine doivent être disposées à jouer leur rôle dans ce parlement mondial des villes en intégrant leurs préoccupations et leurs contributions dans l’agenda, en construisant de nouvelles voix au-delà de la simple représentation.

Jean Pierre Elong Mbassi