Retraite CGLU Afrique 2019 : Redynamisation du mouvement municipal africain

Du 18 au 21 février 2019, le centre de conférences de l’Université d’Al Akhawayne d’Ifrane (Maroc) a abrité la troisième édition de la retraite institutionnelle de CGLU Afrique. Cette édition a vu la présence d’une soixantaine de participants parmi lesquelles : le personnel du siège de l’organisation, des trois bureaux régionaux (Afrique de l’Ouest, Afrique de l’Est et Afrique Australe), les organisations partenaires : CGLU, Metropolis, Cities Alliance, la CEA (Commission Economique Africaine), le World Ressources Institute (WRI), le CAFRAD, et les conseillers spéciaux de CGLU Afrique : M. Daby Ndiaye, M. Gustave Massiah, M. Alioune Badiane, et Mme Claire Mandouze.

« L’objectif de cette retraite est de faire le point. Pour une organisation il est très important qu’on prenne un nouvel élan. La retraite est faite pour reconstruire une dynamique », indique d’emblée M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique.  Poursuivant son propos, il rappelle les composantes de CGLU Afrique qui sont au cœur de cette rencontre. « L’organisation c’est la partie politique, ce sont les membres, le comité exécutif, le conseil panafricain, la présidence de CGLU Afrique, le personnel, le citoyen. Nous attendons de cette retraite une synergie plus importante, une remobilisation de nos membres et de notre personnel et de nouveaux objectifs à atteindre pour que nous méritions ce que les membres attendent de nous », confie-t-il.

Jour 1 : Qui sommes-nous ?

La première journée des travaux, le 18 février 2019, a été marquée par le discours d’ouverture du Secrétaire général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi. Un échange-débat « Fishbowl » sur comment travailler en synergie avec les organisations partenaires pour la mise en œuvre des Agendas Mondiaux et l’Agenda 2063 de l’Union Afrique a été modéré par M. Sithole Mbanga suivi de la réalisation de la «timeline » de l’organisation de 2005 à 2019 par l’ensemble du personnel de CGLU Afrique.

C’est dans une ambiance détendue que ces échanges ont eu lieu. En effet, avant de passer à l’écoute studieuse du speech du secrétaire général, les participants avaient eu l’occasion de faire ample connaissance à travers le jeu d’horloge qui consistait à prendre rendez-vous avec 12 personnes présentes que l’on ne connaît pas.

Dans son allocution d’ouverture M. Jean Pierre Elong Mbassi a tenu a rappeler l’historique de l’organisation et de l’implantation du mouvement municipal en Afrique. Ceci dans le but de mettre tous les participants au même niveau d’information. « Aujourd’hui CGLU Afrique c’est 47 associations nationales de gouvernement locaux. Nous sommes une organisation unitaire, nous ne sommes pas une confédération. Nous avons traversé des années de division dont l’unité a été consolidée en 2012 à Dakar lors de la 6ème édition du Sommet Africités », explique M. Mbassi. Ce dernier insiste également sur la fragilité de cette unité qui ne subsistera qu’à travers l’engagement des membres et du personnel de CGLU Afrique.

« Notre unité est toujours fragile et il est de votre devoir de combattre et garder l’unité de cette organisation. Il convient de faire comprendre aux membres que l’amour du continent est ce qui les sauvera et sauvera l’avenir de leurs enfants. Il y a différents niveaux de décentralisation sur le continent, ce qui implique qu’il convient de disposer d’approches spécifiques, et le rôle des bureaux régionaux est crucial à ce niveau. L’objectif étant d’améliorer le service rendu aux populations par la mise en œuvre de la décentralisation. Le multilatéralisme perd du terrain, et il y a un repli identitaire extrêmement dommageable pour l’Afrique.  Le fait tribal monte en puissance : c’est une difficulté supplémentaire pour le continent. Il faut faire place à la jeunesse dans l’espace politique, et le niveau local est le niveau de déverrouillage.  L’espoir d’un continent repose sur vos épaules », a-t-il lancé en direction des jeunes.

 

Synergie avec CGLU et Metropolis

Le Secrétaire général adjoint de CGLU Afrique, M. Sitholé Mbanga, a ensuite modéré le débat avec comme principaux intervenants, Mme Firdaous Oussidhoum, Conseillère spéciale de la Secrétaire Générale de CGLU, et M. Octavi De La Varga, Secrétaire Général de Metropolis. Il a été abordé la manière de localiser les Agendas mondiaux (Agenda 2030 (ODD), le Nouvel Agenda Urbain, l’Accord de Paris pour le climat, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe) et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.  Les différentes contributions ont plaidé pour un travail en synergie afin de localiser ces agendas sur le continent par une approche territoriale, une approche genre, une valorisation du capital humain, une réinvention de la démocratie locale et une révision des systèmes statistiques en Afrique.

La construction de la «timeline » CGLU Afrique (2005- 2019) a permis de voir le chemin parcouru par l’organisation jusqu’à présent. Avec un fort renforcement de capacités institutionnelles depuis 2015 dans la mise en œuvre du GADDEPA (Programme de Gouvernance, Plaidoyer et Développement Décentralisé Pour l’Afrique), qui est la vision stratégique de CGLU Afrique jusqu’en 2021.

 

Jour 2 : Rebâtir ensemble

La journée du mardi 19 février 2019 a été marquée par la mise en valeur des offres de services de CGLU Afrique à travers l’exercice dénommé « Market Place ». Les directeurs des différents départements et des bureaux régionaux (Membres, Programmes, REFELA, ALGA, Task Force Climat, Communication, Bureau régional WARO, Bureau régional SARO et bureau régional EARO)  ont eu la responsabilité de présenter leurs meilleures offres de services et les deux principales difficultés rencontrées dans l’exercice de leur fonction. Cette activité a permis de mieux connaître ce que chaque entité de l’organisation fournit comme travail, et ce de manière ludique. Les différents acteurs ont reconnu l’apport de cette initiative qui leur a permis de peaufiner leur technique de vente et de mieux connaître l’autre.

Un échange débat « Fishbowl » a également eu lieu avec les partenaires, Cities Alliance, la CEA, et WRI sur les pistes d’une meilleure collaboration avec CGLU Afrique.

Pour Mme Edlam Abera Yemeru, Chef de la section urbanisation de la CEA «Il faut connecter l’Agenda Urbain aux autres secteurs et construire les villes africaines autour de l’importance de la planification. L’Agenda 2063 est une opportunité de collaboration. Nous opérons au niveau national et avec CGLU Afrique nous pouvons toucher le niveau local ».

  1. Leo Horn Phathanothai, Directeur chargé de la Coopération Internationale de WRI, s’est déclaré ouvert à une matérialisation d’un partenariat dans le secteur de la recherche notamment à travers l’Académie Africaine de la Gouvernance Territoriale (ALGA).

«Il faut faire en sorte que les gouvernements locaux soient des espaces de carrières crédibles.  Le système des politiques d’urbanisations actuel n’est pas adéquat en Afrique. Le chômage des jeunes est un challenge majeur des gouvernements locaux en Afrique. Il faudrait que CGLU Afrique formalise les partenariats sur une période longue d’au moins 5 ans », explique M. Julian Baskin, Urbaniste Spécialiste de Cities Alliance.

La journée s’est clôturée par des travaux de groupe sur la reconstruction d’un nouveau narratif de CGLU Afrique en définissant les objectifs, les forces et faiblesse de l’organisation.  Les participants ont exprimé toute leur créativité (Voir album photos).

Jour 3 : Repenser nos actions en faveur des populations

 

Le mercredi 20 février 2019, il a été question de déterminer la meilleure manière dont CGLU Afrique doit intervenir au niveau mondial, continental, national, régional, envers les associations des gouvernements locaux, les localités et les citoyens.

Les principaux messages sont :

– Le centre d’intérêt de CGLU Afrique est le citoyen,

– Notre rôle est d’aider à construire des gouvernements locaux,

– Il faut actualiser l’Agenda de CGLU Afrique à travers le GADDEPA,

– Renforcer les jeunes et les bureaux régionaux, repositionner l’organisation, tenir compte de l’approche genre,

– Il faut écrire nous-même l’histoire de notre organisation, aller vers une communication 2.0.

Les participants se sont ensuite prononcés via un vote sur les 7 axes prioritaires  sur lesquels l’organisation devrait se reconstruire. Il s’agit de :

-La gestion des ressources humaines, la formation et le développement,

-La viabilité et durabilité financière,

-La bonne gouvernance,

-La vision et l’orientation stratégique de l’organisation,

-L’élaboration d’une stratégie et un plan de communication transparents,

-L’apprentissage institutionnel et la gestion des connaissances,

-Le sommet Africités.

Jour 4 : Nouvelle Feuille de route

La retraite s’est clôturée avec l’élaboration d’une nouvelle feuille de route pour l’année 2019 en se basant sur les différentes propositions enregistrées lors des 4 jours d’échanges.

Les grands axes de cette feuille de route qui marque un nouveau départ pour CGLU Afrique sont marqués par les étapes phares suivantes :

  • Réunion du comité exécutif en avril 2019,
  • Séminaire régionaux (mai-juillet),
  • Rencontre avec les partenaires financiers (juin ou septembre),
  • Rencontre de mobilisation des associations nationales en marge du congrès mondial de CGLU prévu en Afrique du Sud Durban (novembre),
  • Congrès mondial de CGLU,
  • Retraite annuelle CGLU Afrique (février 2020).

Le Secrétaire Général Adjoint, M. Sitholé Mbanga qui a présenté ce planning s’est engagé à veiller de près à sa réalisation.

Pour sa part, dans son message de clôture, le Secrétaire Général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre ELong Mbassi, a tenu à remercier le Président de l’université d’Al Akhawayne d’Ifrane qui a accueilli ladite retraite dans d’excellentes conditions.

« Il est important d’aimer ce que l’on fait. Je tiens à remercier nos facilitateurs et toute l’équipe de CGLU Afrique. Nous faisons partie d’un périple fantastique et nous devons être des militants. Le seul combat qu’il convient de mener est celui de la dignité de ce continent. La dignité commence par la connaissance de ses forces. Seuls les Africains développeront l’Afrique. Il est temps de redécouvrir la culture et l’histoire de notre continent. Soyez fiers de votre continent, chers jeunes, vous avez les capacités pour le faire.  Soyons humbles, nous sommes une organisation politique. Un périple de 5km commence par un pas dans la bonne direction. Au cours de cette retraite nous avons fait le 1er pas dans la bonne direction », dixit M. Mbassi.

 

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Album photo de la retraite.