Participation de CGLU Afrique au Forum Mondial de la Migration et du Développement (GFMD)

LA GOUVERNANCE DE LA MIGRATION DANS LES VILLES TRAVERSÉES PAR LES ROUTES MIGRATOIRES : RÉPONSES ET ATTITUDES DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES D’AFRIQUE

Dans le cadre du 12ème Forum Mondial de la Migration et du Développement (GFMD) qui s’est tenu à Quito, Équateur, du 20 au 24 Janvier 2020, et qui a intégré pour la première fois depuis son organisation le mécanisme des Maires sur la Migration (composé de CGLU, OIM et le Conseil des Maires pour la migration). CGLU Afrique a organisé une session sur la Gouvernance de la migration dans les villes traversées par les routes migratoires dans le cadre du 7ème forum des maires. Cette session organisée avec l’appui des partenaires du mécanisme des maires avait pour objectif le partage d’expérience des villes d’Afrique de l’Ouest (Gao- Mali, Agadez- Niger) et d’Afrique du Nord (Tunis- Tunisie et Arbaoua- Maroc) en matière d’accueil et gestion des migrants à la lumière de leur contexte national.

Mme Fatna El Khiel, Maire d’Arbaoua, et Présidente du Réseau des Femmes Élues  Locales du Maroc ; M. Rhissa Feltou Maire d’Agadez, Niger, dont la ville a récemment connu un sinistre incendie d’un camp de migrants du HCR suite à la colère de ses occupants ; M. Ben Maouloud Mohamed, Maire adjoint de Gao au Mali, avec qui l’équipe municipale s’oppose fermement à la construction d’un centre de rétention de migrants sur son territoire ; et M. Mounir Srarfi, Maire adjoint de Tunis, ont été les principaux intervenants du continent de cette session. Avec eux, Mlle Darla America Anguiano du Forum des jeunes a exposé la perspective des jeunes pour l’amélioration des politiques d’inclusion des jeunes migrants.

Les élus présents, dont les villes sont considérées comme de véritables carrefours des routes migratoires en méditerranéenne occidentale (côtes espagnoles) et méditerranéenne centrale (débouchant sur les côtes italiennes) ont fait chacun un exposé de la situation de leurs villes et de leurs pays respectifs (défis, opportunités et perspectives) en mettant en avant les bienfaits d’une gouvernance basée sur le respect des droits humains.

Trois éléments clés sont ressortis de ces échanges pour permettre la mise en œuvre d’une gouvernance capable d’assurer les conditions d’un accueil digne des migrants :

  • Le partenariat avec les organisations de la société civile et les organisations onusiennes spécialisées (HCR, OIM) dans le domaine de la migration, comme c’est déjà le cas par exemple au Maroc, au Niger, au Mali et en Tunisie. Ce partenariat implique un dialogue quadripartite entre l’État, les agences onusiennes, les collectivités territoriales et les associations au niveau local, pour l’émergence de solutions efficaces et durables ;
  • La solidarité entre les collectivités territoriales qui implique la recherche de solution entre pairs et le partage d’expériences. À ce titre, il a été rappelé la création des différents mouvements de solidarité des villes sur la question de la migration en Afrique comme en Europe, d’ailleurs en Afrique, les villes signataires de la Charte des Collectivités Territoriales d’Afrique sur la migration constituent le premier réseau du genre sur le continent ;
  • Le respect des engagements que ce soit au niveau international, régional, national ou territorial. Chaque engagement pris par l’État doit être respecté. Les lois de décentralisation par exemple devraient s’aligner au contenu du Pacte mondial sur la migration et consacrer la responsabilité des autorités locales dans la gestion de la migration.

La session a formulé quelques recommandations et messages clés au forum des maires notamment :

  • Inclure la Charte des Collectivités Territoriales d’Afrique dans les outils de plaidoyer, au même titre que la déclaration des Maires de Marrakech, pour la mise en œuvre de politiques locales sur la migration ;
  • Faciliter l’accès des villes situées sur les routes migratoires aux projets et programmes de soutien des ONG et Organisations internationales ;
  • Renforcer la diplomatie locale par des programmes d’échange et de partage d’expériences entre villes ;
  • Sécuriser les routes migratoires et les droits des migrants et des réfugiés, tout particulièrement ceux des personnes vulnérables (femmes, enfants, personnes en situation de handicap…) ;
  • Faire des villes des lieux sûrs où toute personne sans distinction aurait accès aux services de base et à la préservation de sa dignité
  • Promouvoir l’inclusion des migrants dans les villes et mettre fin à leur exclusion et leur stigmatisation (centre de rétention de migrants et réfugiés).