Des maires africains présentent l’état de la décentralisation dans leur pays (2/2)

A l’occasion des séminaires régionaux organisés par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-A) dans les cinq régions du continent en 2015 (Août- Octobre), les responsables des associations nationales des collectivités locales se sont prononcés sur l’état des lieux de la décentralisation dans leur pays.

Après l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Australe, la deuxième partie est consacrée à l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Nord et l’Afrique Centrale.

 

Afrique de l’Est 

En Tanzanie et au Burundi le processus de décentralisation est sur la bonne voie tandis que, les Seychelles, la Somalie et les Comores en sont à leur début.

Seychelles : L’Assemblée Nationale a voté la loi en faveur de la décentralisation en août 2015. «Nous en sommes à nos débuts, aux Seychelles», déclare Mme Jacqueline Belle Moustache, Présidente de l’Association des districts de Victoria et maire de Victoria. “Actuellement nous sommes en plein dans le processus de réglage des mécanismes pour l’organisation des élections dans les différents districts, ainsi que les mécanismes qui permettront à ces districts d’être autonome. L’élection aura lieu probablement en 2016 “, dit-elle. L’interview intégrale est disponible en Anglais sur notre chaine YouTube ici.

Tanzanie: Le processus de décentralisation est sur la bonne voie en Tanzanie, selon  M. Philothues Mbogoro, Coordonnateur du Réseau des Villes de Tanzanie. “Nous avons des décrets de loi sur la décentralisation ainsi que des décrets d’application. Toutefois, la mise en œuvre dépend du gouvernement central en place. Nous avons commencé le processus de décentralisation en 1998 mais en 2008, le nouveau gouvernement a apporté des modifications. Avant le   Conseil Municipal était même chargé d’employé les dirigeants des villes et les chefs de département, après que le nouveau gouvernement ai été mis en place, tout cela a changé”, dit-il. La vidéo est disponible en Anglais ici

Somalie: “La décentralisation ne fait que commencer. Nous travaillons avec un programme conjoint du Gouvernement Central et l’Agence des Nations Unies. Nous sommes aussi appuyées par ONU-Habitat. Le processus de décentralisation est unique et différent dans chaque pays. En ce qui concerne la décentralisation des services et le transfert des ressources financières, nous ne sommes pas vraiment avancé”, explique M. Iman Icar, Député maire de la ville de Mogadiscio.  La vidéo est disponible en Anglais ici.

Burundi: «La décentralisation a commencé en 2005 avec la promulgation de la Loi sur l’organisation des élections communales. C’est déjà un pas mais il y a beaucoup de choses que nous n’avons pas encore réalisées. Ça fait plus de 5 ans que nous cherchons à obtenir une loi sur la fiscalité communale. C’est un élément très important car la décentralisation étant un transfert de compétences, il faut qu’un texte de loi définisse le cadre de ce transfert. C’est notre nouveau défi car la loi sur le transfert des compétences a déjà été promulguée”, déclare M. Jean Baptiste Kirimwinzigo, Directeur Exécutif de l’Association des Elus Locaux du Burundi. La vidéo est disponible ici.

Comores: «Depuis l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975, les communes ont toujours été gérées par le ministère de l’intérieur et les préfets. Ce n’est que 22 février 2015 que le transfert des compétences a eu lieu.  Nous sommes donc jeunes dans le processus de décentralisation”, informe Dada Mustapha Chamsoudine, Premier Adjoint au maire de la ville de Moroni. La vidéo est disponible ici.

Afrique du Nord 

Tunisie : Après la révolution de 2011, la Tunisie est en période de transition. Les élections législatives et présidentielles se sont tenues courant 2015 et les municipales sont pour cette année 2016. Mabrouk Kossentinimaire de Sfax souligne les progrès noté sur le plan constitutionnel. «Nous avons une nouvelle constitution qui a consacré dans son chapitre 7, le pouvoir local avec toutes les compétences et toute l’autonomie qui doit être donné aux collectivités locales. Une consécration constitutionnelle des principes de la décentralisation et de la démocratie représentative et participative. C’est un nouveau chantier pour la Tunisie pour les communes»dit-ilLa vidéo est disponible ici

Maroc : «Le Maroc a déjà parcouru plusieurs étapes. La décentralisation a commencé depuis les années 60 et a connu un gap en 1976 et une première modification en 2003 et 2009. Cela se caractérise en 2015 par une vraie décentralisation. Nous avons aboli certains termes tel que la tutelle, nous avons responsabilisé les collectivités locales. Une place est également faite à la gente féminine. Près du tiers des conseillers élus sont des femmes avec un taux de 27%. La loi exige que la femme soit représentée au niveau du bureau au moins par un tiers. Sur le plan financier, l’Etat a délégué au niveau des collectivités locales un certains nombres de prérogatives», explique M. Mohamed Sadiki, maire de Rabat. La vidéo est disponible ici

 

Afrique Centrale 

Cameroun : Le Cameroun a inscrit dans sa constitution qu’il est un pays unitaire décentralisé. «Nous sommes engagés dans ce processus de façon irréversible, indique.  François Soman, Premier Vice-Président des Communes et Villes Unies du Cameroun et maire de Pouma. «C’est vrai qu’ici et là nous décrions que ça ne va pas assez vite. Mais c’est également en fonction de l’état de nos économies. Il faut veiller à ce que les compétences qui sont transférées soient accompagnées de ressources.  Les besoins en eau et électricité sont énormes dans tous les villages. On a besoin de se soigner, de mettre les enfants à l’école. Le magistrat municipal aujourd’hui est devenu la personne à tout faire. Les besoins des différents villages sont consignés dans un registre que nous appelons «le plan communal de développement».  Ce plan est disponible au niveau du ministère de l’économie et de la planification. On connait les besoins de nos populations. Progressivement les choses avances», explique –t-il. La vidéo intégrale est disponible sur notre chaine You tube ici 

Gabon: «La loi sur la décentralisation au Gabon date de juin 1996. Elle a été revisitée récemment et porte un nouveau numéro. Le numéro 1/2014 qui a été voté au parlement en juin 2015. Le chef de l’Etat Ali Bongo a demandé au gouvernement de prendre des décrets d’applications afin que ce transfert de compétence puisse être une réalité», indique Mme Rose Christiane Ossouka Raponda, présidente de l’Association des Communes du Gabon et maire de Libreville. Son interview intégrale est disponible ici 

Tchad : Sur le plan constitutionnel les collectivités territoriales décentralisées disposent de leur autonomie de gestions. Toutefois, «beaucoup de décret de loi sur la décentralisation ont été pris, mais il n y a pas de décret d’application», indique Oumar Abderahman Annaim, Secrétaire Permanent des Communes du Tchad. «C’est ce qui bloque le transfert réel de compétences et de ressources. L’Etat qui est un chameau ne doit pas décharger sa charge sur l’âne qui est une commune. Au Tchad il y a 4 femmes maires titulaires au niveau régional, une au niveau départemental et une au niveau d’arrondissement. C’est faible, mais sur le pourcentage de conseillers élus sur 963 il y a 145 femmes. Peut-être lors des prochaines élections de 2018 on aura plus de femmes», espère –t-il. La vidéo est disponible ici

RCA : «Les dernières élections en Centrafrique remontent aux années 90. Au niveau de l’Association nous nous battons pour la mise en place de cette décentralisation. Il fut un moment où il y avait les projets de lois élaborés dans ce sens. Ces projets de lois ont été soumis à l’adoption de l’assemblée. Mais malheureusement vous savez pertinemment que notre pays traverse une période de crise, une période sombre de son histoire. Ce qui fait que ces lois n’ont pas été votées et nous nous retrouvons à la case de départ. Des efforts sont en train d’être déployés pour qu’à l’avenir les maires soient élus pour avoir un mandat précis», déclare David Daouda, Secrétaire Permanent Association des Maires de Centrafrique.  La vidéo est disponible ici

Sao Tome : «La décentralisation est en marche depuis près de 10 ans mais ce ne sont que des mots. Il n y a pas d’actes. Les populations se tournent toujours vers les autorités locales pour la résolution de leur problème. Les finances sont concentrées sur le plan central», déplore Paulo Jorge de Carvalho, président de du District de Cantagalo.

RDC : “La décentralisation est progressive. Déjà nous sommes passés de 11 provinces à 26 provinces. Sur le plan administratif tout se passe normalement car les territoires, les communes, les mairies au niveau financier par exemple se retrouvent avec leur propres fonds, leurs taxes activés et leur liberté de gestion. C’est déjà un plus pour nous», déclare Charlotte Cime JINGA, Maire de Kolwezi  dans la province du Loualaba (RDC). La vidéo est disponible ici 

Congo : Pour Benjamin Loukakou, Administrateur maire de Moungali, le processus de décentralisation est «enclenché » au Congo. «La nouveauté c’est que la nouvelle constitution qui a été adoptée le 25 octobre 2015, consacre la décentralisation dans la gestion des villes. Il y a une série de compétence qui sera décentralisé avec les moyens y afférents», dit-il. La vidéo est disponible ici