Capitalisation et partage d’expérience sur la Migration en période de COVID-19 à Rabat et Oujda
Le 12 avril 2021 s’est tenu le webinaire de clôture du projet « Vers une gouvernance migratoire partagée : promouvoir l’intégration des migrants dans les villes de Rabat et d’Oujda (Maroc) ».Démarrée en janvier 2021, la série de webinaires organisée par CGLU Afrique et l’OIM en partenariat avec les mairies de Rabat et Oujda a permis de mettre en lumière le rôle central que jouent les collectivités territoriales dans la gestion de la migration et les associations nationales de migrants en tant premier de cordée dans cette gestion. Une centaine de participants ont pris part à la rencontre de clôture du projet financé par la Mairie de Madrid (Espagne) et mis en œuvre par l’OIM Maroc et ses partenaires.
Les allocutions d’ouverture ont été prononcées par M. Ettayeb EL Masbahi, Vice-Président du Conseil Régional de l’Oriental, M. Omar Hjira, Maire d’Oujda, Mme Sabah Boucham, Maire adjointe de la Ville de Rabat, M. Ahmed Skim, Directeur de la Migration, Représentant le Ministère délégué auprès des affaires étrangères, de la coopération africaine, et des Marocains résidant à l’étranger, Mme Ana Fonseca, Cheffe de la mission de l’OIM Maroc, Mme María Jesús Guerra, représentante de la Cheffe de Mission de l’OIM Espagne, et M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique.
En plus du partage d’expérience des villes de Rabat et Oujda sur leurs actions envers les migrants en période de COVID, les villes de Dakar et Kaolack au Sénégal ont également présenté les actions qu’elles ont mis en œuvre.
A Rabat, un accent a été mis sur le soutien psychologique aux migrants, et en particulier pour les femmes enceintes. Un accompagnement a également été fait en matière d’accès aux services de base. Une sensibilisation a ciblé les petites et moyennes entreprises pour l’embauche du personnel migrant.
A Oujda, l’on note l’intervention de la police administrative qui veille au respect du confinement et des gestes barrières, et le renforcement des actions de la commune dans le domaine des espaces verts.
Pour la ville de Dakar, avec l’apparition de la pandémie, la riposte a été organisée pour unifier une série d’actions humanitaires et sociales envers les populations, y compris les migrants. La mairie a notamment ciblé les établissements scolaires, les marchés et les gares routières. La ville de Dakar a mis 150 000 Euros à la disposition de l’Etat, équipé des hôpitaux, et procédé à la réhabilitation d’un centre de santé.
Du côté de Kaolack, il était plus question de prendre en charge des foyers dont le chef de famille est un émigré et dans certains cas, les foyers qui enregistraient le retour au pays du chef de famille à cause de la pandémie.
Vers un réseau multi-acteurs pour une meilleure gestion des migrants au niveau local
La seconde partie de l’atelier a servi à la présentation de la Charte des Collectivités territoriales d’Afrique sur la Migration, de la cartographie des acteurs de la migration en Afrique élaborée par CGLU Afrique, et de la boite à outils de l’OIM élaborée dans le cadre du projet.
La Charte des collectivités territoriales d’Afrique sur la Migration a été adoptée à Marrakech en 2018 en marge de l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres ordonnées et régulières qui a été mis en place lui aussi à Marrakech.
Dans le cadre du projet « Vers une gouvernance migratoire partagée », une cartographie des différents acteurs agissant sur le terrain a été élaborée par CGLU Afrique, qui a retenu la migration parmi les 7 principales thématiques d’intervention de son plan d’action 2021-2030. Ce document offre un référencement aux différentes parties prenantes dont les associations des migrants qui bénéficient désormais d’une vitrine pour construire les synergies d’actions. 32 fiches d’organisations figurent déjà sur la plateforme (lien). L’association Maroc Solidarité Médico-Sociale « MS.2 », qui a participé au webinaire via son président M. Tarik Oufkir, figure dans la base de données.
La Boite à Outils de l’OIM élaborée dans le cadre du projet comporte 7 points qui mettent en relief les efforts déployés au niveau mondial par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans le cadre de la riposte mondiale à la pandémie du COVID-19. La Boîte à outils comprend aussi des contributions de quelques d’autres acteurs internationaux dans le but de renforcer les capacités des acteurs territoriaux pour la planification et la mise en œuvre à l’échelle locale de cadres de référence cohérents de la migration.
Le programme piloté par CGLU Afrique et l’OIM a été apprécié par les associations de migrants impliquées dans le processus. En attestent les propos de M. Serge Aimé Guemou, Président de l’association Conseil des migrants subsahariens au Maroc : « L’échange d’expérience a permis de comprendre les lacunes que nous avions autrefois dans les échanges avec les partenaires. Nous avons été pleinement impliqués dans le processus et nous sommes satisfaits de notre position. Merci à l’OIM et à CGLU Afrique ».
Pour Mme Ana Fonseca, Cheffe de la mission de l’OIM Maroc, le programme a été un excellent outil pour « consolider et faciliter le partage d’expériences et réfléchir aux initiatives qui impliquent toute cette coopération internationale. Cela est indispensable pour gérer les questions migratoires. Je suis contente d’avoir eu les contributions des villes africaines sur le partage de leurs initiatives pratiques. Le projet a stimulé et consolidé des outils que l’on peut utiliser ».
Déclarations
Mme María Jesús Guerra, représentante de la Cheffe de Mission de l’OIM Espagne : « Les autorités locales sont les premiers acteurs de la migration. Le Pacte sur la migration exige une approche globale de la migration. C’est un grand privilège que de travailler sur ce projet sur le renforcement des capacités locales pour une gouvernance partagée ».
M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique : « Je suis particulièrement heureux de la tenue de cette rencontre de capitalisation et de partage des expériences sur l’implication des collectivités territoriales dans la gestion de la migration. Je tiens à souligner combien le terme gouvernance migratoire partagée est tout à fait approprié pour décrire l’expérience vécue autour de la gestion de la migration dans les villes d’Oujda et de Rabat. CGLU Afrique est intimement convaincue de l’importance d’associer les collectivités territoriales à la gestion de la migration et travaille à la ratification par les Etats de la Charte des collectivités territoriales d’Afrique sur la migration. Le premier contact des migrants sont les collectivités dans lesquelles ils s’établissent au cours de leur parcours de mobilité. Les premières autorités publiques auxquelles ils ont à faire face sont les autorités publiques locales. La plupart des associations qui interviennent en soutien aux migrants sont établies localement et bénéficient pour certaines d’entre elles des subventions de collectivités territoriales en appui à leurs activités. C’est donc tout à fait logiquement que les collectivités sont amenées par la force des choses à s’occuper de fait de la gestion de la migration. Il est sans doute nécessaire de faire évoluer cette intervention de facto vers une intervention de jure dans la perspective d’un partenariat entre les trois niveaux des collectivités territoriales du Maroc pour que la migration soit abordée suivant le principe de la gouvernance multiniveaux et de la subsidiarité active. L’expérience menée à Oujda et Rabat montre que la mise en place d’un bureau de la migration au sein de la commune est de nature à faciliter l’identification des migrants, qu’ils soient réguliers ou non, ce qui est particulièrement important en période de crise sanitaire, comme c’est le cas avec la pandémie du COVID-19, pour organiser la lutte contre la propagation et le soutien aux plus nécessiteux. En effet, tout maillon faible sur le front de la lutte affaiblit l’efficacité générale de la lutte. La mise en place d’une plateforme de partage des informations entre tous les intervenants permet une meilleure synergie entre eux et un meilleur ciblage des appuis afin d’éviter des doubles comptes et d’éviter d’oublier aussi certains migrants ».
L’intégralité du webinaire est disponible ici